Analekta – Le refuge du coeur – Entre agonies, tourments et consolations avec Daniel Taylor

Analekta - Le refuge du coeur
Analekta – Le refuge du coeur

 Date de sortie : le 9 septembre 2014

Que l’on soit ou non croyant, c’est toujours avec une attitude de profond recueillement que nous nous abandonnons à l’écoute de la musique des maîtres germaniques de l’époque Baroque. Avec un nouvel album au catalogue d’ANALEKTA, intitulé Le Refuge du cœur, les ensembles Theatre of Early Music (TEM) et Schola Cantorum, sous la direction du chef (et contre-ténor parmi les plus en demande à travers le monde), Daniel Taylor, nous plongent encore un peu plus profondément à l’intérieur du cœur et de l’âme des contemporains d’une époque parmi les plus tourmentées de l’histoire, celle de la Guerre de 30 ans (XVIIe siècle).  Fidèle à sa mission de faire redécouvrir les musiques anciennes, le TEM ainsi que son fondateur et directeur artistique, Daniel Taylor, dévoilent ici des cantates magnifiques de 5 compositeurs allemands de l’époque baroque, tous réunis dans un même album. Dietrich Buxtehude (1637 – 1707), Johann Christoph Bach (1642 – 1703), Johann Heinrich Schmelzer (1623 – 1680),  Johann Kuhnau (1660 – 1722) et Nicolaus Bruhns (1665 – 1697).
La plupart en langue allemande, ces cantates furent remaniées à partir des formes initialement mises sur pied et sans cesse renouvelées par les grands maîtres italiens du Baroque, quelques décennies auparavant. Le style distinctif de l’ensemble, joint à l’expertise et l’enthousiasme de Taylor, mènent à des lectures captivantes et authentiques de ces œuvres, témoignages musicaux des agonies, des tourments, mais également, des consolations de ce siècle déchiré par la répression et les conflits internes.
C’est un bond dans le temps de 4 siècles que nous proposent ici les musiciens du TEM et leur chef. Entre 1618 et 1648, une série de conflits dévastateurs déciment la moitié de la population du continent européen.  Si les croyants trouvent refuge en leur foi et en leur espérance en un monde meilleur, les compositeurs de l’époque trouvent là une source intarissable d’inspiration. Au cours du XVIIe siècle, les musiciens luthériens vont constituer un magnifique répertoire de musique sacrée. Les textes mettent en valeur le message du Christ de façon originale et variée. La mort et la délivrance… la souffrance de Jésus… le désarroi de l’âme sont illustrés par d’ingénieux procédés d’imagerie musicale : un motif inexorablement répété pour marteler le message dans l’esprit du croyant ; des mélodies très sobres dans une harmonisation raffinée pour créer un profond sentiment de paix;  une succession rapide de contrastes;  des voix qui passent du soprano à la basse successivement pour évoquer la descente au tombeau…
Tout cela traduit bien la charge émotive qui habitait ces créateurs face aux affres de la guerre et de la destruction.Devenu un organisme sans but lucratif en 2002, le TEM se donne pour mission de faire rayonner la musique ancienne dans toute sa splendeur, en remettant au goût du jour ses pratiques musicales et la sonorité de ses instruments.  Les excellents musiciens de l’ensemble diffusent et partagent leur passion grâce aussi, à des invités prestigieux (Nancy Argenta, Robin Blaze, James Bowman, Benjamin Butterfield, Michael Chance, Charles Daniels, Alexander Dobson, Karina Gauvin, James Gilchrist, Michael George, Peter Harvey, Dame Emma Kirkby, Suzie LeBlanc, Daniel Lichti, Carolyn Sampson, Michiel Schrey, Stephen Varcoe et Deborah York) et par le biais de tournées à l’échelle nationale et internationale (France, en Argentine, au Brésil, en Angleterre et en Chine notamment). Sous la baguette du chef, les choristes d’élite de la Schola Cantorum de l’Université de Toronto, des étudiants de tous niveaux, animés eux aussi par l’ardent désir de faire connaître la musique ancienne dans sa mouture originale, se joignent au TEM, pour nous offrir une brillante et authentique prestation.Un peu comme lorsque l’on restaure une œuvre d’un grand maître pour qu’elle retrouve tout son lustre à nos yeux, Daniel Taylor et les musiciens du TEM font un travail minutieux pour rendre à ces œuvres toute leur dimension à la fois humaine et historique. Écouter cet album, c’est un peu comme redécouvrir un monde ancien sous un jour nouveau.