Chante avec moi a reçu le prix de la critique pour la saison 2011-2012 dans la catégorie Montréal remis par l’Association québécoise des critiques de théâtre. Mais quel sens peut-on donner à cette pièce qui est comme une grande comédie musicale lumineuse. Est-ce une ode à l’obéissance volontaire? Est-ce que c’est possible de programmer ou déprogrammer les gens à volonté ? Est-ce que l’on est prit dans cet engrenage malgré nous et peut-on s’en sortir ?
Ce soir nous avons vu une cinquantaine de personnes se réunissant sur scène pour nous offrir cette grosse production d’une représentation de la société, qui s’empare d’une chanson pour créer sous nos yeux divers sentiments. Pendant 1 heure 10, quarante comédiens neuf choristes et un artiste qui changera à tous les soirs, entonnent en continue la même ritournelle, mais de différentes façons. Un exercice perturbant par moment qui nous force à réfléchir. Ce soir, l’invitée vedette était la magnifique et talentueuse Marie-Josée Lord.
La soirée commence tout doucement avec une personne voyant un clavier et s’approchant pour en jouer, puis une deuxième, une troisième et quatrième et ainsi de suite chacun apportant sa touche à la mélodie. Des gens de toutes les classes, de toutes les cultures, de tous les genres, chantent, s’approprient l’unique mélodie de la soirée et l’enrichisse jusqu’à l’apothéose, la plénitude, l’harmonie universelle.
Une chanson qui ne veut pas mourir ; elle a maintenant une vie propre, un pouvoir. Et elle devient une chanson qu’on aime à mort, comme une passion dont on ne peut se défaire jusqu’à en mourir.
La mise en scène est particulière puisqu’on répète toujours la même chansonnette, ce sont plutôt par les gestes et les intonations qu’on vient nous remuer. D’ailleurs bravo à Line Nault pour la chorégraphie répétitive de la fin qui comme un métronome guide les pas. Plus la soirée avance, plus le rythme de la chanson se fait rapide. D’ailleurs on s’aperçoit que les comédiens, chanteurs doivent avoir une bonne forme physique, mais aussi les accessoiristes qui vont à la vitesse de l’éclair pour mettre ou enlever les micros, passer des flûtes, c’est un exploit de leur part.
On note également, les costumes très différents de la première fois ou l’individu chante et lorsqu’il revient sur scène par la suite, nous démontre le « standing » de la personne qui s’est amélioré et la confiance en soi qui s’est développé pour chacun d’eux.
À propos d’Olivier Choinière
L’étonnant et original Olivier Choinière, l’auteur de Félicité et le créateur de surprenants déambulatoires théâtraux, nous apporte cette fable qui broie ceux qui ont créé la chanson en toute innocence en un conditionnement cauchemardesque. Ils deviennent tellement dépendants de la chanson qu’ils y laissent même leur peau.
Encore une fois Olivier Choinière réussit à nous déstabiliser pour nous donner un effet libérateur. De voir 50 personnes sur scènes chanter crée un engouement et nous aussi on a le goût de chanter, d’ailleurs, à la fin de la soirée, je vous assure qu’on connaît la chanson et ce n’était pas rare d’entendre chantonner à la sortie.
Une pièce hypnotique chanter de bon cœur, en chœur pour nous asservir. C’est le refrain de la dernière fois, une mélodie qui nous reste en tête et un message qui nous fait réfléchir.
Conception
Texte, mise en scène et musique : Olivier Choinière
Co-mise en scène par Alexia Bürger
Scénographie, costumes et accessoires : Romain Fabre
Éclairages : Erwann Bernard
Arrangements musicaux : Philippe Brault
Direction musicale : Véronika Makdissi-Warren
Chorégraphies : Line Nault
Collaboration : L’ACTIVITÉ
Pour la production, je vous invite à regarder le lien ci-dessous, mais pour Québec, on y trouve des gens qui ne sont pas mentionnés comme Bertrand Alain, Marie-Josée Bastien, Kevin McCoy et Michel Nadeau entre autres.
www.letrident.com/index.php/alaffiche/chante-avec-moi
Crédit photos : Renaud Philippe
