Dans le bois, un huis clos puissants entre deux être écorchés de la vie!

Dans le bois
Dans le bois

Depuis le 16 septembre, le théâtre Premier Acte présente sa première pièce de la saison 2014-2015. Cette pièce, c’est Dans le bois de David Mamet. Ce texte de David Mamet a originellement été écrit pour un homme et une femme. La relecture qu’en fait la compagnie Bois franc & langues fourchues vient souligner l’importance de  raconter le couple sans s’en tenir aux carcans traditionnels de la relation homme-femme; un désir aussi d’explorer les inexorables rôles sociaux de genre attribués aux individus dans une relation amoureuse. Ainsi, ce sont deux acteurs qui assurent la distribution : André Robillard et Jean-Denis Beaudoin.

 Synopsis

Nick et Antoine, nouvellement amants, sont au chalet de Nick. C’est le lendemain de leur première nuit. Antoine, très excité de se trouver dans ce lieu de rêve, imagine s’y installer et vivre avec Nick. Ce futur qu’il idéalise le rend fébrile. Nick, avare de paroles, reste passif devant l’enthousiasme de son partenaire. Il se contente de raconter des bribes d’anecdotes sur son chalet et sa famille, gardant constamment ce lieu dans le passé. Plus ils s’exposeront l’un à l’autre, plus cette rencontre deviendra un huis clos dévastateur au langage cru, une arène d’une grande violence.

 Dans un décor minimaliste d’une galerie d’un chalet dans le bois, avec quelques buches pour s’asseoir, deux êtres, et avec le public assis de chaque côté de cette galerie,  Nick et Antoine, après leur première nuit d’amour, essayent de définir l’amour qui les unit, tout en tentant d’éviter d’en parler ouvertement. Un huis clos devant nous, spectateurs, qui assistons impuissants à leurs discussions, leurs impasses, leurs souffrances, leurs réconciliations.

 Car ces deux hommes ne savent pas comment aborder le sujet de leur relation, ils préfèrent parler de la forêt, de la nature autour d’eux, de leurs souvenirs d’enfance, des histoires que leur racontait leurs grand-parents, bref, parler pour s’étourdir, parler par métaphores, parler sans trop se dévoiler.

Jean-Denis Beaudoin
Jean-Denis Beaudoin

Les deux acteurs André Robillard et Jean-Denis Beaudoin ont un défi de taille qu’ils relèvent avec brio, avec leurs personnages respectifs. Ils ont un double effort à fournir, puisqu’ils doivent jouer avec les mots, les non-dits, les émotions à fleur de peau, en plus d’avoir un jeu très physique l’un envers l’autre. André interprète Antoine, celui qui s’entiche rapidement, déjà, il n’hésite pas à dire je t’aime. Il rêve d’une vie à deux, seuls dans cette forêt. Il est naïf, rêveur, sans retenue, il s’accroche à l’autre. Jean-Denis incarne Nick, le macho, celui qui a peur de ses sentiments, celui qui est incapable de s’accepter tel qu’il est, prisonnier de ses secrets. Plus l’autre avance, plus il recule. Plus l’autre fabrique des rêves à deux, plus il les démolit tel un château de jeu de cartes. Ainsi, pendant 80 minutes, on assiste à une poésie de mots, une pluie de non-dits, une étrange danse d’émotions fortes, d’amants qui s’attirent et se repoussent, deux êtres écorchés par la vie, dont ni l’un ni l’autre ne se sortira indemne.

 À mon avis, cette pièce n’aurait pas tout cet impact, toute cette force de caractère, si elle n’était pas jouée par deux hommes. Ce serait une tout autre pièce avec un couple hétérosexuel.

Au niveau de la mise en scène, Danielle Le Saux-Farmer a su bien instaurer dès le départ, une ambiance sombre et sinistre, avec le décor simpliste, la pluie qui tombe constamment, la musique qui surprend et agresse pendant quelques secondes, le temps d’une transe, d’une danse, entre les deux êtres. Et aussi, par le déplacement des personnages, souvent chacun à l’opposé de l’autre dans un coin ou dans l’autre, comme dans un ring, prêt au combat. Le regard au loin, plutôt que dans les yeux de l’autre, la discussion qui est plus souvent un monologue, que l’autre coupe pour dire autre chose. Un dialogue de sourds, un dialogue de paroles qui cachent les vrais mots.

André Robillard
André Robillard

Pour le public, c’est une véritable montagne russe d’émotions qu’il subit, impuissant, devant ces deux êtres fragiles et déchirés. Ça fait mal de les voir se désirer et se battre en même temps, de les voir peu à peu perdre leurs repères, leurs rêves, leurs illusions.

 Dans les bois, mise en scène par Danielle Le Saux-Farmer est présenté à Premier Acte du 16 septembre au 4 octobre 2014.

 Production : Bois franc et Langues fourchues

 Texte : David Mamet

Traduction :  Rose-Marie Belisle

Mise en scène : Danielle Le Saux-Farmer

Conseiller à la mise en scène : Jean-Sébastien Ouellet

Scénographie, costumes et accessoires : Karine Mecteau Bouchard

Distribution : Jean-Denis Beaudoin et André

 

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Au coût de 27 $ (courant), 21 $ (30 ans et – aînés) et 17 $ (groupe) + taxes et frais de service inclus

Achat par téléphone et information : 418 694-9656

premieracte.ca • 870, avenue De Salabery

http://www.premieracte.ca/

Crédit photos :  Cath Langlois Photographe