Vendredi le 12 décembre dernier, en cette superbe soirée, douce, au décor féérique, avec un mélange de neige blanche et lumières de Noël, quoi de mieux, après avoir déambulé dans les rues du quartier Petit-Champlain, que de s’arrêter à la Maison Chevalier pour la traditionnelle soirée de rêves et légendes, avec les Contes à passer le temps, présenté pour une quatrième année consécutive par la jeune compagnie de théâtre La Vierge folle (Iphigénie en auto, Viande, Photosensibles).
Synopsis : Six auteurs et acteurs racontent Québec quartier par quartier, avec des contes urbains, dans l’ambiance intime de la Maison Chevalier. Sophie Grenier-Héroux, Noémie O’Farrell, Marie-Josée Bastien, Marc Auger et Érika Soucy ont respectivement imaginé un conte urbain dans Limoilou, Montcalm, Saint-Jean-Baptiste, Saint-Sauveur et Saint-Roch, alors que Maxime Robin a de son côté orchestré un conte de groupe, inspiré de la légende amérindienne des érables rouges.
Maison Chevalier
Située dans le quartier Petit-Champlain, cette maison historique est l’endroit de prédilection pour présenter ce spectacle unique. Une voûte en pierre, un décor bucolique avec sapin, lumières, et bacs à fleurs, avec deux rangées de chaises laissant libre au centre une allée pour permettre le va-et-vient des comédiens qui, tour à tour, nous éblouissent, nous captivent par leurs histoires, et une buche pour s’asseoir à l’occasion, voilà tout ce qu’il faut pour créer une ambiance magique, intime et propice à la confidence, au récit des contes et légendes pour toute la famille! Il y a aussi une horloge grand-père qui sonne pour le début de chaque conte.
Gourmandise
Assurez-vous de ne pas avoir pris de dessert avant d’arriver, afin de déguster une gourmandise pendant qu’on vous fera vivre une belle gamme d’émotions avec ces contes bien imagés. Car en plus d’écrire les textes et de les interpréter, les créateurs de cet événement (Sophie Grenier-Héroux, Noémie O’Farrell et Maxime Robin) concoctent et servent eux-mêmes ces petites gâteries à l’entrée de la salle de spectacle. Au menu cette année : tarte au citron, gâteau aux épices, les fameux biscuits Subway maison de monsieur, sucre à la crème, scones citron-canneberge, popcorn au caramel et petit vin chaud aux épices (et clémentine).
Les contes
Pour préserver l’effet de surprise, je n’entrerai pas dans les détails des diverses histoires racontées, mais voici plutôt un court résumé de chacune d’elle pour vous donner le goût d’aller vous les faire conter.
Marc Auger nous fait passer par diverses émotions, avec son histoire déroutante, drôle parfois, troublante et au final très émouvante. Il a fait preuve d’une grande sensibilité de jeu. En regardant le public, tour à tour dans les yeux, il a su nous marquer par son histoire et nous bouleverser profondément.
Érika Soucy, elle, réunit ses enfants le 28 décembre, pour leur expliquer pourquoi le père Noël ne leur a pas amené de cadeaux à Noël. Une histoire rocambolesque, drôle, où s’entremêlent les aventures du film américain, Home alone II : Lost in New York. Une histoire surprenante, hilarante et complètement déjantée, où Érika fait preuve d’une grande capacité de jeu physique et imagé.
Noémie O’Farrell captive son auditoire avec son histoire (concoctée par Marie-Josée Bastien) qui a comme point de départ et trame de fond un incendie. Un conte qui se situe dans Saint-Jean-Baptiste et qui a été inspiré par un événement réel survenu en 1845 alors que deux incendies ont eu lieu à un mois d’intervalle. L’un a rasé Saint-Roch, l’autre Saint-Jean-Baptiste. Des milliers d’habitants jetés à la rue, si bien que par la suite la politique de construction de maison a été révisée pour interdire les bâtiments de bois. Une histoire contemporaine, basée sur la peur du feu, mais aussi le feu intérieur, celui qui dévore et qui chamboule tout. Une interprétation sublime de Noémie, tout en douceur et en émotion.
Jacques Lessard nous raconte, pour sa part, l’histoire de sa mère, née en 1928, qui a vécu dans la basse-ville et qui avait des idées de grandeur. Elle rêvait un jour de monter en haute-ville et déménager dans Montcalm, le quartier plus huppé de Québec. Une histoire conçue par Noémie O’Farrell qui parle des rêves, de l’espoir, de voir plus loin que l’horizon. Ce récit culmine avec un moment des plus émouvants entre une mère et son fils.
Mon histoire préférée, c’est Anne-Marie Côté qui l’a magnifiquement racontée. Une histoire qui parle de tourtière du Saguenay, d’enfant malade, mais surtout d’une femme qui a quitté sa ville de Saint-Cœur d’Alma, s’est retroussé les manches, et s’est établie dans Saint-Roch, avec sa recette de tourtière et son amour à donner. Anne-Marie nous présente un personnage savoureux, à l’accent bien marqué du Saguenay et au cœur sur la main. Un petit bout de femme aux airs bourrus, mais qui a tout plein d’amour à donner et qui sait nous raconter une histoire avec émotion, mais également qui sait nous faire rougir avec ses petites allusions coquines, et franchement rigoler de ses péripéties.
Avec comme fil conducteur le temps qui passe, la route, le sentier, le chemin que l’on prend pour aller quelque part, Maxime Robin signe le texte qui introduit le spectacle et la scène de groupe finale, inspirée d’une légende amérindienne, nommée Les érables rouges. On apprend, de manière totalement ludique et amusante, pourquoi les érables deviennent rouges à l’automne et pourquoi tout devient blanc l’hiver. Une histoire digne des plus beaux contes de Lafontaine, mettant en vedette les animaux de notre forêt et une folie magnifique que seul Maxime sait nous concocter.
Je me dois de glisser un mot sur les costumes des comédiens. Tour à tour dans leurs numéros respectifs, on les voit avec leurs chandails, tous plus créatifs les uns que les autres, et on se rend compte seulement à la fin du lien qui les unit tous. Et que de belles fourrures ils étaient tous affublés! De plus, avec la proximité des comédiens et du public tout autour d’eux, on avait vraiment l’impression d’être dans un party de famille, à se faire raconter une histoire, les yeux dans les yeux, par un membre de notre famille. Pour le public, d’être ainsi placé face à face, cela nous permettait de croiser parfois le regard de l’un de nous et d’y voir le même regard ébahi, le même éclat lumineux que ce que l’on ressentait nous-mêmes à l’écoute de ces fabuleux contes de notre magnifique ville de Québec!
Les contes à passer le temps, une magnifique façon effectivement de passer du bon temps!
Horaire des représentations:
12 décembre à 20h
13 décembre à 16h et à 20h
14 décembre à 16h
19 décembre à 20h
20 décembre à 16h et à 20h
21 décembre à 16h
PRODUCTION
La Vierge Folle
Présenté par LA VIERGE FOLLE en collaboration avec Premier Acte, le Musée de la Civilisation et le Centre de la Valorisation du Patrimoine Vivant.
IDÉE ORIGINALE, DIRECTION ARTISTIQUE ET CONCEPTION
Sophie Grenier-Héroux, Noémie O’Farrell et Maxime Robin
Textes : Sophie Grenier-Héroux, Noémie O’Farrell, Maxime Robin, Érika Soucy, Marc Auger-Gosselin et Marie-Josée Bastien
Mise en scène : Maxime Robin
Interprètes : Noémie O’Farrell, Érika Soucy, Marc Auger-Gosselin, Anne-Marie Côté et Jacques Lessard, Maxime Robin
Salle : Maison Chevalier (50, rue du Marché-Champlain)
Billets : lepointdevente.com ou 418 694-9656
Sophie Grenier-Héroux est également propriétaire d’une quincaillerie culinaire appelée La folle fourchette.
La folle fourchette: 986, 3e Avenue
Crédit photos : Cath Langlois photograhe