Félix et Meira de Maxime Giroux, sort en salle dès le 30 janvier.

Hadas Yaron dans Félix et Meira
Hadas Yaron dans Félix et Meira

C’est ce vendredi 30 janvier que le troisième film de Maxime Giroux,  Félix et Meira (prix du meilleur film canadien au Festival international du film de Toronto 2014 et Louve d’or du meilleur long métrage de la compétition internationale du Festival du nouveau cinéma 2014) prend l’affiche dans nos salles de cinéma. Mettant en vedette Martin Dubreuil (les 7 jours du Talion, 10½, La Run, Bunker), l’actrice israélienne Hadas Yaron (nommé meilleure actrice au festival international de San Sébastian, au festival de Turin en Italie et au festival du film de Whistler), Luzer Twersky, Anne-Élisabeth Bossé, Benoît Girard, Josh Dolgin et Mélissa Weisz, ce film pose un regard respectueux et dépeint de manière sensible et humaine l’univers de la communauté juive hassidique du Mile-End de Montréal.

Synopsis

Félix est un hurluberlu francophone sans le sou, dont le père fortuné est mourant. Meira est une juive hassidique mariée et mère d’un enfant, à la recherche de nouveauté. Ils s’amourachent l’un de l’autre. Félix & Meira est l’histoire d’un amour impossible entre deux êtres à part qui veulent s’abreuver de ce qu’ils ne connaissent pas, deux êtres issus de deux communautés distinctes, fermées et ouvertes à leurs façons, deux communautés qui entreront en conflit et qui tenteront de s’apprivoiser. 

Martin Dubreuil dans le rôle de Félix
Martin Dubreuil dans le rôle de Félix

Ce film m’a d’abord attiré à cause d’un de ses interprètes principaux, Martin Dubreuil qui est un acteur peu connu, mais extrêmement talentueux, qui me surprend et m’épate dans chacun de ses rôles. Il a, une fois de plus, comblé mes attentes avec ce rôle complètement différent de tout ce qu’il a fait jusqu’à présent. Souvent reconnu dans des rôles de tueurs, drogué ou méchant de service, il est agréable de le voir sous un autre jour, soit celui du gars qui se laisse vivre dans le temps, avec peu d’ambition, et séducteur à ses heures. On lui découvre une belle sensibilité, douceur et profondeur qui m’a complètement déstabilisée.

Ce film m’a ensuite intrigué par son sujet peu abordé précédemment dans des films, soit la rencontre de deux univers, deux peuples qui se côtoient, qui cohabitent, mais qui sont également à l’opposé l’un de l’autre, ici même à Montréal. Le francophone athée de Montréal et la communauté hassidique du Mile-End. Étant moi-même curieuse et ouverte aux autres cultures, j’ai beaucoup apprécié la justesse et la délicatesse avec laquelle Maxime Giroux nous a fait découvrir cette communauté. J’ai toujours eu des questionnements sur cette communauté ultra-orthodoxe juive, leur religion, leurs valeurs et les coutumes. Cela m’a permis d’en apprendre un peu plus sur eux.

Ce que j’ai apprécié le plus dans ce film, c’est que Maxime Giroux ne porte aucun jugement envers les juifs hassidiques. Il dresse un portrait juste et touchant. De plus, le personnage de Shulem joué avec brio par Luzer Twersky ne condamne pas sa femme de vouloir partir. Au contraire, on sent tout l’amour qu’il lui porte. On sent qu’il apprécie qu’elle soit différente des autres femmes de la communauté, mais ne sait plus comment justifier son comportement auprès de la communauté. J’ai découvert que ces gens ont un grand esprit à la fête, un sens de la famille très fort et une spiritualité qui les unit admirablement.

Hadas Yaron et Luzer Twersky
Hadas Yaron et Luzer Twersky

Je dois mentionner également l’excellent jeu d’actrice de Hadas Yaron qui a fait montre d’une grande profondeur. Un rôle difficile à défendre puisqu’il y a peu de dialogue, mais tout se joue dans son regard (qu’elle laisse souvent porter par terre puisqu’elle ne peut regarder les hommes dans les yeux). On ressent tout son inconfort à se conformer aux règles de sa communauté. Elle prend la pilule pour ne plus avoir d’enfants. Elle sort de son cocon lorsqu’elle écoute de la musique, ce qui est formellement proscrit par sa communauté. Mais surtout, c’est de la voir se réjouir de porter pour la première fois des jeans, plutôt que ses robes ternes. Son regard s’émerveille tout à coup!

L’histoire d’amour entre Félix (Martin Dubreuil) et Meira (hadas Yaron) est démontrée en toute pureté et c’est un choix judicieux de le faire, je pense. Elle ne quitte pas son monde pour une passion du moment, mais plutôt pour assouvir sa soif de liberté. Cela prend un courage énorme de faire ce qu’elle a fait et Félix lui offre tout le soutien dont elle a besoin. Par le fait même, ce dernier prendra finalement des responsabilités, en s’occupant d’elle, ce qu’il refusait toujours de faire dans sa vie de tous les jours avant.

On retrouve également dans le film deux autres acteurs québécois connus, Caroline la sœur de Félix, joué par Anne-Élizabeth Bossé et Théodore le père de Félix, interprété magnifiquement par Benoît Girard, un acteur qu’on ne voit plus très souvent à l’écran. Sa présence à l’écran ne dure que quelques instants, mais il a un impact important dans la vie de Félix.

Finalement, je dois mentionner l’excellent apport de la musique dans le film. L’utilisation de chansons et de musique traditionnelle des juifs hassidiques ajoute une force, une crédibilité, un réalisme au film. Et en contrastant le tout avec de la musique soul, pour les goûts de la jeune femme et sa rencontre avec Félix, on ressent encore plus l’ampleur de l’écart qu’il y a entre ces deux mondes.

Un film de peu de mots, mais de beaucoup d’émotions. Un film extrêmement important sur les différentes religions et cultures qui doivent apprendre à cohabiter ensemble, qui est au cœur même de nos préoccupations au Québec, de plus en plus.  Un film où faire preuve d’humanité est la clé du succès pour briser les barrières culturelles et faire régner la paix.

Le film est distribué au Canada par FunFilm Distribution Inc. et prendra l’affiche au Québec le 30 janvier.

105 min

Réalisation : Maxime Giroux

Scénario : Alexandre Laferrière et Maxime Giroux

Production : Sylvain Corbeil et Nancy Grant

Direction photo : Sara Mishara

Montage : Mathieu Bouchard-Malo

Conception sonore : Frédéric Cloutier

Direction artistique : Louisa Schabas

Costumes : Patricia McNeil

SON Frédéric Cloutier

MUSIQUE Olivier Alary

MAQUILLAGE ET COIFFURE Audray Adam

design et illustrations Mathilde Corbeil

 

Félix : Martin Dubreuil

Meira : Hadas Yaron

Shulem : Luzer Twersky

Caroline : Anne-Élizabeth Bossé

Théodore : Benoît Girard

Isaac : Josh Dolguin

Ruth : Melissa Weisz

http://metafilms.ca/index.php?/projets/felix-et-meira/

http://www.funfilm.ca/

 

Crédit photos Julie Landreville