Entrevues avec les artisans du film La Passion d’Augustine qui prend l’affiche le 20 mars prochain!

Les artisans du film La Passion d'Augustine
Les artisans du film La Passion d’Augustine

Le 11 mars dernier, les artisans du film La passion d’Augustine sont venus présenter aux médias et à une panoplie d’heureux élus en grande première, ce film magnifique et humain de Léa Pool. Avec une brochette d’actrices exceptionnelles telles que Céline Bonnier, Diane Lavallée, Pierrette Robitaille, Valérie Blais, ainsi que Mari Tifo et Andrée Lachapelle, et une musique riche et enveloppante arrangée par François Dompierre, ce film de la fin des années 60 démontre le chamboulement qu’amène la venue des écoles publiques et l’émancipation de la femme, au sein d’une communauté de religieuses qui enseignent la musique à de jeunes pensionnaires.

Résumé

Simone Beaulieu, devenue Mère Augustine, dirige avec succès un petit couvent sur le bord du Richelieu. Passionnée, résiliente, Mère Augustine met toute son énergie et son talent de musicienne au service de ses élèves. Lorsque sa nièce Alice lui est confiée, c’est non seulement une nouvelle pianiste prodige qui fait son entrée, mais aussi une jeune femme dont les aspirations sont au diapason de l’époque et qui rappelle à Mère Augustine un passé qu’elle avait cru mis de côté définitivement. L’école, malgré sa petite taille, est un joyau musical qui rafle tous les grands prix de piano. Les murs respirent la musique. Matin, midi et soir, du grand couloir à l’escalier principal, résonne un flot de gammes, d’arpèges, de valses de Chopin et d’inventions de Bach. Et, à défaut de prier, on chante!… Mais lorsque le gouvernement du Québec instaure un système d’éducation publique au milieu des années soixante, l’avenir de Mère Augustine et de ses Soeurs est menacé. 

Mon appréciation du film sera disponible sur ce site, dès vendredi le 20 mars, journée de la sortie du film dans les salles de cinéma du Québec.

Voici mes entrevues réalisées avec les artisans du film : 

Léa Pool
Léa Pool

LEA POOL la réalisatrice

Vous êtes arrivé au Québec en 1975 et ces événements se passent en 1968, et parlent de religion catholique. Donc, d’où vous est venu l’intérêt de réaliser un tel projet? « C’est un peu un hasard. Marie Vien, qui est la scénariste du film, m’a contacté il y a environ 3 ans. On avait nos filles qui étudiaient à la même école. Elle m’a parlé de ce scénario en me disant qu’elle avait besoin d’aide et qu’il n’y avait que moi pour comprendre cet univers. Mais j’avais un peu de craintes, vu que je n’étais pas par ici à cette époque et que je ne suis pas catholique. Mais après avoir lu le scénario, j’ai vu que le sujet était intéressant. Et c’est un univers de femme dans lequel je me sens plutôt à l’aise et même chose pour la musique et les jeunes. Et le reste, je peux l’apprendre. Alors, j’ai fait le saut, j’étais prête à le faire. Malgré tous ces défis, un film choral avec plein de figurants, film d’époque en plus, je me suis lancée. Et au fur et à mesure de mes recherches, j’ai rencontré plein de gens qui avaient des histoires captivantes à me raconter sur cette époque-là.» 

Vous avez également une superbe brochette d’actrices qui ont embarqué dans votre projet. Comment s’est fait le choix? « Oui je suis chanceuse, elles ont toutes dit oui, dès que je les ai appelés. C’est vraiment le casting idéal. Céline, Diane, Pierrette… même pour les plus petits rôles, elles auraient pu refuser, Andrée Lachapelle et Mario Tifo qui est magnifique dans le rôle de la méchante sœur, même si elle n’aime pas penser qu’elle est la méchante dans le film. Et que dire de Diane Lavallée, que j’ai choisie dans un rôle complètement différent de ce qu’on lui a vu jouer. Je suis quelqu’un qui n’a pas beaucoup de préjugés. Je savais qu’elle était une excellente comédienne et pourrait jouer autre chose que ce qu’on est habitué de voir.» 

Quel a été le plus grand défi pour vous dans ce film? « Il y en a eu plusieurs gros défis. La musique entre autres, les scènes chorales avec tous ces figurants. Mais une des craintes que j’avais c’était de bien faire passer les émotions chez des femmes qui sont toutes identiques, car elles portent le voile et donc on ne voit d’elles que le visage, les yeux, les mains. Elles n’ont pas de corps. Toutes les émotions doivent passer par ce visage. On n’a pas de look, de démarche, de coiffure pour aider. Alors, c’est pour ça que j’ai trouvé des visages qui ont chacun leur personnalité distincte et leur sensibilité (Valérie, Marie, Pierrette, Céline, Diane..)» 

Il y a une scène qui est superbe dans le film, celle où les sœurs se dévoilent. Comment y êtes-vous arrivé à cette scène?«C’est une scène dont je suis fière, car elle m’a beaucoup questionné, car je ne voulais pas la rater. Je ne voulais pas passer de message que c’était fantastique de se dévoiler ou encore que c’était horrible. Alors, j’ai mélangé une certaine chorégraphie, dans la lenteur où je disais à mes comédiennes quoi faire. Tu enlèves la première épingle, tu défais le premier voile, etc.… C’était très stylisé. Ensuite, j’avais rencontré chacune d’elles pour qu’elle m’exprime ce qu’elle aurait ressenti d’enlever ce costume après tant d’années. Ce fut donc improvisé de leur part et pour certaines ce fut plus facile et d’autres très pénibles. Ensuite, j’ai trouvé la musique Didon et Enée de Henry Purcell et avec le montage, cela donne le résultat qu’on voit à l’écran. »

Pour la musique, qu’avez-vous demandé à François Dompierre pour ce film? « Il y avait des chants choraux dont il a dû faire les arrangements pour voix de femmes seulement. Il a aussi fourni la pièce avec la gigue et la chanson sur Schubert, ainsi que la messe à go go.  Ensuite, il a fait les arrangements pour la pièce de Bach jazzée que la jeune Lysandre joue au piano. On a également travaillé beaucoup avec le conservatoire de musique de Montréal. Ce sont ces gens qui font les chœurs (préenregistrés) mais par la suite, on a ajouté des voix pour les scènes où la caméra s’approche devant les personnages qui chantent. Cela a été fait avec une chorale de Laval. » 

Céline Bonnier
Céline Bonnier

CÉLINE BONNIER (Mère Augustine)

Parlez-moi de votre personnage et ce qui vous plaisait dans l’idée de jouer dans ce film? « Ce qui me plaisait c’est que je n’ai jamais joué ce genre de personnage là avant. C’est quelqu’un qui est une battante, une résiliente, une femme qui se choisit. Un personnage joué tout en retenu. C’est un film très fort et percutant malgré sa retenue, si bien qu’à la fin, on est bouleversé par un trop-plein de je ne sais trop quoi.  » 

Comment elle est Léa Pool comme réalisatrice? « Je trouve que Léa s’est approchée de ce sujet de manière très respectueuse. Elle était vraiment au centre de son sujet et non pas au-dessus. Elle rendait hommage à ces femmes, sans jugement, sans commentaire, dans le plus grand respect. Je ressens aussi un amour pour la force de la communauté, particulièrement une communauté de femmes ça me touche encore plus. Et Léa approche ses actrices de la même façon qu’elle approche son sujet, avec délicatesse et respect. Et ça, c’est précieux. » 

Est-ce que votre vision des religieuses a changé par rapport à ce qu’elles représentaient à l’époque. «Pas vraiment. Beaucoup de sœurs m’ont enseigné, car je suis allée dans un couvent laïc et au primaire, j’ai eu aussi quelques sœurs enseignantes. Et j’ai toujours eu beaucoup de respect pour ces femmes qui ont donné leur vie pour être au service des autres. Je n’ai jamais connu d’histoires agressantes ou traumatisantes. C’était des femmes mystérieuses qui se vouent à Dieu et au peuple. Ce sont des femmes fortes et mystérieuses et je les ai toujours admirés même si je ne crois plus en Dieu maintenant. Mais j’ai quand même appris beaucoup de belles valeurs par elles (de travail en communauté, de la rigueur, et l’amour du travail, l’écoute de soi, l’abandon)»

Dans le film est-ce vous qui jouez le morceau de piano? « Oui ce petit bout de piano, je le joue vraiment. Je sais jouer un peu, mais c’est plutôt la flûte traversière qui est mon instrument, puisque j’ai étudié au Cegep en musique, en flûte traversière.» 

Vous avez joué toutes sortes de rôles et souvent des femmes fortes et plus récemment à la télé on vous a vu jouer des rôles plus effacés plus timides (Unité 9 et un sur 2). Quelles sont les raisons qui font que vous allez ainsi d’un rôle si différent à l’autre? « Je pense que c’est parce que cela m’a toujours intéressé de faire le tour de tous les genres. Et là, je vais avoir bientôt 50 ans et ça fait près de 30 ans que c’est ce que j’ai envie de faire. Découvrir des univers qui sont plus loin de moi. J’aime faire le tour de mon cercle, de ma palette de jeu. De toucher aux diverses énergies qui sont en moi et qui m’amènent dans des univers, des personnages totalement différents. Ça m’intéresse d’être quelqu’un d’autre, me déguiser, me travestir, pour dégager autre chose que moi-même, une autre partie de moi-même.  »

Lysandre Ménard
Lysandre Ménard

LYSANDRE MÉNARD (la jeune prodige au piano)

Première expérience de tournage, d’un rôle au cinéma. Comment as-tu vécu cette expérience? « Je ne pensais pas que je trouverais ça aussi enrichissant et que j’aimerais autant travailler avec ces actrices tellement expérimentées, belles et bonnes. Et l’équipe de Lea Pool, ils sont ensemble depuis 15 ans, alors je ne pouvais pas tomber dans une meilleure équipe pour débuter et apprécier tourner au cinéma. »

Tu joues du piano depuis l’âge de 5ans, et tu étudies au conservatoire en piano. Qu’est-ce qui te plait autant de jouer de la musique, en l’occurrence le piano depuis si longtemps? « Le piano est une extension pour jouer de la musique. C’est surtout le répertoire musical qui est tellement brillant. C’est comme apprendre une langue et en plus, cette langue, elle est universelle. Tu peux aller jouer n’importe où dans le monde et on te comprend. On peut se donner des idées en écoutant les autres aussi. La musique est tellement un médium pour catalyser nos émotions. Un peu comme dans le film, où un moment donné je joue et je pleure. J’ai tendance à faire cela dans la vraie vie aussi. Faire passer mes émotions dans ma musique. Et tout comme dans le film, il y a des moments de découragements, où on manque de motivation pour pratiquer. Et il faut de la rigueur pour continuer. Le film est fidèle à ce que cela représente de s’investir dans un instrument pour le maitriser, au détriment parfois de nos autres intérêts. Il y a aussi la série de concours auxquels on participe. Il faut faire attention, car, l’extrême compétition et le désir de perfection dans le milieu de la musique classique peut devenir malsain à la longue.»  

Alors la question que je te pose, à toi, c’est la même que Mère Augustine demande à Alice dans le film. Ton choix présentement? Cabaret ou Carnegie Hall ? «Je te dirais que mes choix sont vraiment partagés en ce moment, car j’ai un réel désir de travailler avec beaucoup de monde. Carnegie Hall c’est proche des gens, mais dans le style le public et la personne seule sur scène.  Tandis que dans une avenue plus sociale, dans la musique de chambre, avec un band, dans un groupe de jazz, de la musique de film,  il y a tellement d’avenues possibles. Et je pense que cela me rejoint un peu plus. Cela semble aussi enrichissant que ce plateau de tournage à travailler avec plein de gens avec qui on développe notre expérience et on apprend de la leur. »

Quel a été le défi pour vous dans ce film? « J’ai eu à m’habituer à la technique en cinéma. J’ai regardé beaucoup les autres actrices jouer et j’ai été voir souvent derrière la caméra voir le résultat, tenter de comprendre les plans de caméra de Léa Pool. Aussi, Lea m’a donné des indications que j’ai tenté de reproduire. Et ce qui a été difficile pour moi de jouer c’est de me mettre dans la peau d’une jeune fille qui vit des choses que je n’ai pas vécues par moi-même. Je n’ai donc pas le vécu émotionnel pour ça et je dois l’imaginer. Ce qui est plus difficile à faire. Mais avec Céline Bonnier, cela s’est avéré très naturel au moment de le jouer. Disons que j’avais surtout des appréhensions au départ.» 

Valérie Blais
Valérie Blais

VALÉRIE BLAIS

Parlez-moi de votre personnage et pourquoi cela vous intéressait de jouer dans ce film? «Sœur Claude est une amie proche de Mère Augustine. On a établi dans le scénario que Claude était professeur de mathématique et qu’elle s’occupait des finances du couvent. Elle était aussi une femme libre, mais avant son temps et qu’elle avait choisi, pour ne pas avoir d’enfant et de pouvoir étudier, de prendre le voile. Car pour les femmes de cette époque-là, c’était pas mal la seule solution, si on ne voulait pas avoir d’enfants. Pour moi, de jouer dans ce film-là, c’était le bonheur de jouer dans une œuvre chorale, c’est-à-dire, avoir beaucoup de jours de tournage, mais à tourner en groupe. Chanter ensemble, manger, être ensemble. De plus, nous étions loin de Montréal et on s’est retrouvé entre femmes, à avoir de magnifiques discussions, en attendant les éclairages ou toute autre attente du genre. Et tranquillement, presque contre notre gré, cette complicité s’est amenée à l’écran. Et ce que je trouve formidable dans ce film, c’est que ce n’est pas l’histoire d’une sœur que l’on suit, mais bien celle d’une communauté au complet. »

Et de tourner avec Léa Pool, elle est comment comme réalisatrice? « Cela a été très intéressant.  Je suis très fan de Léa Pool. C’est une femme d’expérience. Je n’ai pas tourné énormément de film dans ma vie, alors c’était un peu un cours pour moi. Léa a une façon très agréable de diriger. Elle nous met toujours en contexte de ce qu’elle a filmé avant de ce qu’elle va filmer après, d’où on est rendu dans l’histoire. Une fois en contexte, elle nous laisse libre dans l’espace et on propose des choses.  » 

De se mettre dans la peau d’une religieuse, cela a-t-il changé votre vision de ce qu’elles étaient? « Au début, je trouvais ça très mythique. Pas seulement la robe, mais aussi l’épaisseur et la laine. Et tu n’as que deux mains et un visage pour t’exprimer. Et par la suite, j’ai vite trouvé cela contraignant, serré, d’être enfoui dans tout ça. Pour moi, c’était 15-20 jours de tournage, mais pour elles, c’était des années à vivre dans ce costume. C’était vraiment une coupure de liberté. Tu disparais complètement sous le tissu, le voile. Et j’ai eu une pensée pour toutes ces femmes dans le monde qui sont aux prises avec le voile, l’obligation de le porter. »

En parallèle, vous avez votre one woman show, que j’ai vu d’ailleurs. Comment aimez-vous ça ce grand défi que vous vous étiez donné? Et pensez-vous continuer la tournée encore longtemps et auriez-vous envie d’en faire un autre après? « Je fais ce spectacle avec beaucoup de bonheur. La réponse est vraiment bonne. Le bouche à oreille s’est créé et les salles se remplissent et j’adore ça. Le spectacle se vend bien. J’ai monté ce spectacle, car je trouvais que ma condition d’actrice était plutôt limitée, pour toutes sortes de raisons. J’avais comme envie d’occuper un temps de scène plus grand et dire ce que j’avais à dire. Je n’ai eu que de bonnes critiques, les gens sont très ravis et me laissent souvent des commentaires toujours positifs. Il est un peu tôt pour penser à un deuxième spectacle, mais à l’automne je vais y songer. J’aime cet élan créatif. Et je travaille avec Josée Fortier (script édition et metteure en scène) et Marie-Andrée Labbée (auteure). On a développé une façon de travailler à trois qui est très agréable. Donc, à partir de l’automne on va commencer à y penser. » 

Pierrette Robitaille
Pierrette Robitaille

PIERRETTE ROBITAILLE

Parlez-moi de votre personnage et pourquoi cela vous intéressait de jouer dans ce film? « Je trouve que le monde des sœurs a toujours été extrêmement mystérieux. J’en ai côtoyé des sœurs, puisque je suis allée dans un couvent, mais pas pensionnaires par contre. J’aimais bien les sœurs, je les trouvais bien fines pour la plupart. Mon personnage, c’est une femme qui est investie. Elle aime les jeunes. C’est une tomboy, elle fait du sport avec les jeunes, mais elle doit aussi faire la discipline dans l’école. Et ce n’est pas évident, car il y en a des règles à suivre. Donc, cette religieuse, je pense que les filles l’aimaient bien. Car elle avait en elle un brin de folie parfois. » 

Il y a une scène dans le film, où les sœurs se dévoilent et c’est assez troublant. Avez-vous de la difficulté à jouer cette scène? « Je n’ai pas eu trop de difficulté à m’imaginer ce que cette femme-là, qui a mon âge, a dû ressentir. Enlever ce costume c’était comme d’enlever cette deuxième peau.  Les religieuses, avec le costume, ont un certain pouvoir, et même un anonymat qui les protège de ce qui les entoure. Sa personnalité était cachée derrière ce costume-là.  Alors de l’enlever, cela a dû être épouvantable pour elle. »

Quel a été le défi pour vous dans ce film? « Je dirais justement que cela a été de jouer avec ce costume. Tout ce qui nous reste c’est le visage et les yeux, une fois qu’on est habillé. On s’est trouvé bien drôle toutes ensemble au début lorsqu’on s’est vu. On avait même un peu de difficulté à se regarder. On se trouvait laide, car on était complètement juste nous-mêmes sans maquillage (ou presque). Cela m’a pris deux ou trois jours de tournage avant de voir la beauté d’un visage, tout ce qui se dégage des yeux, du visage. Cela ajoute à l’intimité des dialogues entre deux sœurs par exemple, alors qu’on n’a aucune distraction pour suivre la conversation.»

Qu’est-ce qui fait que ce film nous touche autant? « Ce film ne condamne pas. Il exprime bien les vraies choses, la vraie vie de couvent de l’époque, les circonstances qui ont fait que les sœurs ont dû un jour laisser tomber leur voile. On y montre beaucoup d’humanité, et un esprit de communauté très grand. »

Diane Lavallée
Diane Lavallée

 DIANE LAVALLÉE

Parlez-moi de votre personnage et pourquoi cela vous intéressait de jouer dans ce film? «D’abord juste que Léa Pool me le propose c’était difficile de dire non. Et ce rôle est tellement loin de ce que j’ai déjà fait et si loin de moi.  Alors Sœur Lise c’est l’insécurité. Elle a peur du changement. On suppose qu’elle est entrée au couvent des suites d’une vie familiale très agressive avec un père alcoolique. Elle est entrée là pour se protéger. Donc, avec tous les changements qui surviennent autour d’elle, son monde s’écroule. Elle est rapidement déstabilisée.» 

Quel a été le défi pour vous dans ce film? «Je pense que cela a été la scène où mon personnage demande à la jeune Suzanne qui bégaie, de répéter une phrase pour sa diction. Il y a quelque chose de touchant dans la fébrilité de cette femme qui aime la langue française, mais qui n’a pas le tour avec les élèves.  Je ne pense pas que Sœur Lise l’a fait avec méchanceté de s’acharner sur Suzanne pour qu’elle parle sans bégayer. C’est comme si elle ne comprenait pas que Suzanne ne pouvait pas le faire. Et moi, dans la vraie vie, je n’aurais jamais été capable de faire ça. Et je dois dire que Élizabeth Tremblay-Gagnon qui joue le rôle de Suzanne est tellement bonne. Et la caméra reste sur elle tellement longtemps. Cela crée un véritable malaise. » 

Comment est-ce qu’on se prépare pour un rôle comme celui-ci? « Dès qu’on enfile le costume, on devient le personnage. Et c’est particulièrement vrai dans ce cas. Le costume a été essentiel pour entrer dans nos personnages. Il y a une multitude de couches de tissu. Un jupon, la capine, etc. pour que l’on devienne toutes identiques. » 

Est-ce que cela a changé votre vision des religieuses de faire ce film? « Oui, vraiment. Et Céline Bonnier et moi, on a eu la chance, lorsqu’on était au couvent Saint Ourse, de passer du temps avec les sœurs de ce couvent. Il y a eu deux sœurs qui quittaient le couvent, à la retraite probablement. Alors, on les a entendu chanter ce n’est qu’un au revoir. Et là, on s’est rendu compte que ce qu’elles vivaient à ce moment-là, nous allions le vivre dans le film aussi. »

Et de tourner avec Léa Pool, elle est comment comme réalisatrice? « Cela a été vraiment un bonheur. C’est une femme très calme, posée, qui dirige très bien. Elle connaît très bien ses actrices et elle les aime. Elle nous a dirigés dans une réelle harmonie. »

Productrice Lyse Lafontaine Producteur François Tremblay
Productrice Lyse Lafontaine
Producteur François Tremblay

Producteurs : LYSE LAFONTAINE ET FRANÇOIS TREMBLAY

Parlez-moi de la genèse de ce projet de film? « C’est le troisième film que nous faisons avec Léa Pool. Elle est venue nous voir avec la scénariste Marie Vien avec une première version de ce scénario. On a trouvé le sujet fort intéressant et pendant les 2 années qui ont suivi, on a tous travaillé à rendre le scénario pour qu’il ne soit pas ni trop dramatique, ni trop noir. On en a fait une histoire de femmes battantes, de féministes avant leur temps. Et ce qui est intéressant, c’est de voir que même si cela se passe dans les années 60, on y parle de sujets chauds qui sont encore d’actualité aujourd’hui. L’état qui dirige la santé et l’éducation, les signes ostentatoires religieux, le voile religieux ou musulman, l’équité salariale, le financement des écoles privées. »

Quel a été le plus grand défi pour vous en tant que producteur ? Le film d’époque?  La multitude d’acteurs et figurants, les lieux, le changement de saison, la musique ? «Il faut dire qu’au début, on était très stressé. On avait peur de ne pas y arriver. Car même si c’est un film avec un budget respectable de 4.7 millions, on avait vite compris qu’on ne trouverait pas de couvent dans le territoire rapproché où il n’y a pas de frais de transport ou de per diem. Ensuite on a découvert qu’on ne pourrait pas avoir nos extérieurs au même endroit que nos intérieurs. Même si on connaît bien Léa et qu’elle est toujours très bien préparée, il a fallu faire du découpage pour savoir quand on avait besoin de beaucoup de monde, de moins de monde et le tout, sans trahir l’histoire et le look du film. » 

Et pour le choix des jeunes filles du couvent,quels ont été les critères pour les choisir? Et où êtes-vous allé les chercher? « Le choix a été fait en fonction du piano d’abord. Car c’était essentiel qu’elles puissent toutes jouer très bien du piano, celles qui doivent en jouer sur le plateau. Alors, il y a eu énormément d’auditions dans les écoles de musique, les conservatoires de musique. Donc, elles n’ont pas nécessairement de formation en théâtre. Mais elles ont 7 à 10 ans de formation de piano. Il y a eu au moins une centaine de filles qui ont auditionné. Ensuite, avec la capacité de Léa de bien diriger les jeunes filles et les actrices de très grands talents qui les entouraient, on savait que cela donnerait de très bons résultats.  »

Et concernant les pièces au piano et le chant choral, qui sont ceux qui y ont participé? « Pour les pièces au piano, elles ont toutes été préenregistrées, mais ce sont les pianistes, actrices dans le film qui les ont jouées. Yogane Lacombe par exemple et Lysandre Ménard, elles sont avant toute chose des étudiantes en piano du conservatoire de musique de Montréal. Tandis que pour les chorales, ce sont également des étudiantes en chant du conservatoire qui ont interprété les chansons, même si les actrices ont tout de même appris toutes les pièces et les ont chantés, la chorale est la piste sonore qu’on entend dans le film. La seule comédienne qui chante pour vrai sur le plateau, c’est la jeune Élizabeth Tremblay?Gagnon, dans le rôle de Suzanne qui bégaie. Elle est une nouvelle comédienne qui en est à ses débuts et elle est excellente dans ce rôle. » 

Un dernier mot sur le film, avant sa grande première le 20 mars prochain lorsqu’il sortira en salle partout au Québec? « Ce qui est difficile pour nous au cinéma, c’est que c’est le premier week-end qui décide de tout. S’il y a un buzz pour les trois premiers jours, s’il y a beaucoup d’entrées pour le premier week-end, alors je ne serai pas inquiet et le film devrait rester à l’affiche un bout de temps. Mais si les gens ne sont pas au rendez-vous le premier week-end, c’est dommage, mais le film sera rapidement retiré de l’affiche pour en mettre un autre. On travaille des années et c’est un week-end qui fait foi de tout. » 

Alors, n’hésitez pas à aller voir le film dès vendredi le 20 mars, ou du moins durant le week-end du 21-22 mars. Et amenez-y vos amis.

Mère Augustine Céline Bonnier

Alice Lysandre Ménard

Soeur Lise Diane Lavallée

Soeur Claude Valérie Blais

Soeur Onésime Pierrette Robitaille

La Générale Marie Tifo

Madame Thompson Marie?France Lambert

Mère Marie?Stéphane Andrée Lachapelle

Marguerite Maude Guérin

Suzanne Gauthier Élizabeth Tremblay?Gagnon

Marie?Louise Yogane Lacombe

Carole Lepage Tiffany Montambault

Soeur Huguette Anne?Élisabeth Bossé

Soeur St?Donat Danielle Fichaud

L’aumônier Gilbert Sicotte

 

Réalisatrice Léa Pool

Scénariste et idée originale Marie Vien

Coscénariste Léa Pool

Directeur de la photographie Daniel Jobin

Directeur artistique Patrice Bengle

Créatrice des costumes Michèle Hamel

Compositeur et directeur musical François Dompierre

Preneur de son Thierry Morlaas?Lurbe

Concepteur sonore Claude Beaugrand

Mixeur Luc Boudrias

Directeur de casting Daniel Poisson

1ère assistante à la réalisation Carole Dubuc

Directrice de production Hélène Ross

Directeur de postproduction Pierre Thériault

Productrice Lyse Lafontaine

Producteur François Tremblay

 

Visitez le www.LaPassiondAugustine.ca!

Credit photos : Robert Roussel