Grand concert gratuit de l’OSM au Parc olympique de Montréal : deux moments forts pour ce 5 août 2015

La foule au Parc olympique de Montréal , © Jean-François Hamelin, Parc olympique
La foule au Parc olympique de Montréal , © Jean-François Hamelin, Parc olympique

En souvenir des victimes d’Hiroshima

Tandis que ce 6 août à 8h15 du matin, dans le Parc mémorial pour la paix d’Hiroshima, 55 000 Japonais étaient réunies afin d’écouter le discours de paix de leur Premier ministre Shinzo Abe, au même moment exactement, mais le 5 août à 19h15, une cérémonie avait lieu au pavillon japonais du jardin botanique à Montréal, pour commémorer les 70 ans du largage de la première bombe atomique de l’histoire.

Quatre écrans géants installés dans le Parc olympique permettaient aux milliers de Montréalais qui s’étaient déplacés de suivre la cérémonie en direct. Montréal est l’une des six villes jumelées à celle d’Hiroshima. En souvenir du drame d’il y a 70 ans et de ses centaines de milliers de victimes, le maire de Montréal Denis Coderre et le consul général du Japon à Montréal, Hideaki Kuramitsu, ont solennellement fait retentir la cloche de la paix offerte par la ville d’Hiroshima au pavillon japonais du jardin botanique.

Sous la direction de maestro Kent Nagano, les musiciens de l’OSM et le Chœur des enfants de Montréal installés sur l’esplanade Sun Life du Parc olympique ont ensuite interprété trois pièces courtes et émouvantes. En présence de son compositeur, le Japonais Nodaïra, le public a pu entendre pour la première fois l’œuvre intitulée Paroles de paix. Puis, l’ensemble a très joliment interprété le poème de Goethe Heidenröslein (Petite rose), mis en musique par Franz Schubert, pour terminer sur une pièce brève de Jean-Pascal Beintus, Yuuyake koyake (Ciel embrasé).

La cérémonie du souvenir d’Hiroshima s’achevait sur la lecture d’une longue déclaration de paix dont les spectateurs pouvaient suivre le texte en caractères blancs sur écrans noirs. Comme l’a dit le maire de Montréal, c’est sans aucun doute l’amitié, le désir de paix et l’espoir qu’une telle tragédie ne se renouvelle plus qui nous réunissait hier, quand bien même la bombe d’Hiroshima fut suivie de très près par celle de Nagasaki…

Carmen de Bizet pour une célébration de l’amour

Kent Nagano, Michèle Losier, Joseph Kaiser, © Jean-François Hamelin, Parc olympique
Kent Nagano, Michèle Losier, Joseph Kaiser, © Jean-François Hamelin, Parc olympique

Mais si quelque 45 000 personnes s’étaient déplacées hier soir au Parc olympique de Montréal, c’était aussi (et peut-être surtout) pour assister au grand concert gratuit qui lui était offert en deuxième partie de la soirée sous la direction de Kent Nagano. Sans doute les origines japonaises de la famille du grand chef d’orchestre apportaient-elles davantage d’émotions dans le contexte de cet anniversaire pour lequel l’élément principal fut la présentation des moments forts du Carmen de Bizet. Cet opéra bien connu, mais toujours aussi plaisant, était offert en version concert, accompagné du superbe Chœur de l’OSM, de neuf danseurs et de neuf excellents artistes lyriques; une version abrégée interrompue de la narration du comédien André Robitaille pour tenir dans une heure trente de spectacle.

Sans doute est-on toujours un peu déçu de ne pas pouvoir entendre certains morceaux d’une aussi belle œuvre. L’ensemble était toutefois magistral, différent d’un opéra puisque sans décors mais avec toute une mise en scène, des artistes costumés et des chorégraphies bien réglées. Dans ce genre de spectacle, ce ne sont pas seulement les chanteurs qui sont mis en vedette mais aussi et peut-être surtout l’orchestre. Lors des nombreux passages à la fois chantés et dansés, on ne savait trop si c’était les danseurs ou le chef d’orchestre qui s’agitait le plus. Et il était fort agréable de voir à quel point Kent Nagano éprouvait du plaisir à diriger non seulement les musiciens et le chœur de son orchestre mais aussi les chanteurs derrière lui, se retournant, leur faisant des signes, voyant et réglant tout à l’avant comme à l’arrière de la place centrale qui lui était assignée.

Pour les voix féminines, la mezzo-soprano Michèle Losier était particulièrement remarquable dans le rôle principal de Carmen, de même que la soprano Marianne Fiset dans son rôle de Micaëla. Du côté des voix masculines, le ténor Joseph Kaiser était parfait dans le personnage de l’amoureux éconduit et finalement meurtrier Don José, mais les couplets du toréador, toujours aussi agréables à écouter, auraient pu être mieux mis en valeur par le baryton Gregory Dahl. L’ensemble musical et vocal était cependant d’un très haut niveau de qualité. Du point de vue visuel, également, la performance était superbe, même s’il n’est pas sûr que les écrans géants aient pu restituer avec assez de fidélité tout ce qui se passait réellement sur la scène.

Le public avait l’air toutefois très heureux de l’événement et de sa soirée à la fin de ce très beau spectacle. Il aura assurément donné le goût à beaucoup de se rendre à l’évènement OSM Virée classique dont ce concert constituait le premier acte.

Ces 7 et 8 août 2015, en effet, pour sa 4e édition et à des tarifs raisonnables, un nombre impressionnant de concerts et d’activités en tous genres sont proposés à tous les publics, adultes, enfants, familles, amateurs ou pas, pour découvrir ou redécouvrir bien des trésors de la musique classique. Le concert d’hier soir – assurément –constituait une mise en bouche des plus grandioses à cette virée…

Informations sur OSM Virée classique : http://vireeclassique.osm.ca

Mercredi 5 août 2015 : Concert gratuit de l’OSM, sous la direction de Kent Nagano, au Parc olympique

Nodaïra?: Paroles de paix (création). Schubert?: Heidenröslein. Beintus?: Yuuyake koyake (Ciel embrasé). Interprété par le Chœur des enfants de Montréal, les membres de l’Orchestre symphonique de Montréal sous la direction Kent Nagano.

Carmen, opéra de Georges Bizet (extraits). Interprété par Michèle Losier (Carmen), Joseph Kaiser (Don José), Marianne Fiset (Micaëla), Gregory Dahl (Escamillo), Florie Valiquette (Frasquita), Christianne Bélanger (Mercédès), Hugo Laporte (Le Dancaïre), François-Olivier Jean (Le Remendado), Alain Coulombe (Zuniga), Compagnie La Poesia del Flamenco (Shraddha D. Blaney, danseuse et chorégraphe), Chœur et Orchestre symphonique de Montréal, sous la direction Kent Nagano.

Abonnez-vous à notre page Facebook https://www.facebook.com/pages/wwwinfo-culturebiz/333777077846

Suivez-vous sur Twitter https://twitter.com/info_culture