L’Éveil, à la croisée des chemins

L'Éveil et tous les interprètes
L’Éveil et tous les interprètes

Du 29 septembre au 10 octobre 2015, soyez aux premières loges d’un spectacle où le mot façonne le mouvement et où le corps dicte le verbe. C’est en coproduction avec Marie-Josée Bastien, directrice artistique du Théâtre Les Enfants Terribles, que Harold Rhéaume, au nom de sa compagnie de danse, Le fils d’Adrien danse, signe L’Éveil, présenté au Théâtre Périscope de Québec. Libre interprétation de L’Éveil du printemps de Frank Wedekind, tragédie produite en 1891, L’Éveil morcelle et exalte le passage de l’adolescence à l’âge adulte.

Soixante-dix minutes et une bonne main d’applaudissement plus tard, L’Éveil s’imprégnait, tranquillement, comme une marée montante vers des plages d’incertitudes. Devant une fragilisation de l’art où le théâtre s’étrangle et où la danse s’éreinte, un compromis criant s’échappe et atténue l’impression mi-figue mi raisin : la démocratisation et la sympathie. Trois acteurs et trois danseurs s’acharnent à déstabiliser leur propre repère pour exprimer ce que les jeunes adultes vivent tous les jours. Apeurés devant le deuil que chaque décision laisse derrière elle, émerveillés devant les découvertes qui jonchent leur chemin, obnubilés par un avenir hasardeux, ils  tâte à l’aveuglette, à l’essai et l’erreur. Constamment à la croisée des chemins, ils foncent, reculent, tête baissée, tête haute, trébuchent; ils errent dans le dédale des carrefours.  D’un chapitre à l’autre, L’Éveil dépeint la rencontre de l’autre, de l’ailleurs, de l’ici, de soi… Des rencontres surexploitées et obligées qui stimulent parfois la facilité dans le spectacle, mais qui témoignent d’une réalité manifeste.

L'Éveil avecle film en arrière-plan
L’Éveil avec le film en arrière-plan

L’Éveil s’agite sur un tapis de faux gazon, figure du printemps comme une renaissance, sur lequel la tentation de s’abandonner, de caresser ce sol qui prouve notre existence, de prendre appui pour s’envoler s’immisce en nous et nous pourchasse. Un film créé par Éliot Laprise présente des images inspirantes et enracine les personnages dans un décor réel. Une suite de scènes effervescentes qui caractérisent si bien la fougue ingrate et vibrante de l’adolescence. Prisonniers dans un décor qui régit l’acuité des sens et la naissance de tempêtes inconnues, les interprètes comme des pantins apprennent live à fuir ou à rester, à pleurer ou à crier, ensemble. Aussi, dans ce décor qui joue déjà un grand rôle dans la mise en scène, des lumières carrées. Des lumières qui, selon les chapitres, isolent, cernent le bouleversement ou rendent hommage aux découvertes, aux émotions ciblées.

L’Éveil atteint son but, éveiller, sans toutefois renverser par une originalité artistique qui n’est pas nécessaire là, tout de suite. Laissez-vous séduire par la simplicité de la chorégraphie, compatissez pour les erreurs techniques et surtout, réveillez les grandes enjambées tumultueuses dans le printemps de la vie que vous connaissez. Parce que L’Éveil, c’est ça, c’est un parcours jonché d’imperfections qui définit l’adulte que nous sommes et dont nous devrions être fiers. Un clin d’œil particulier à la performance de Odile-Amélie Peters, une interprète qui fait chavirer par son élégance et sa légèreté, dans son duo avec André Robillard.

Chorégraphie : Harold Rhéaume

Mise en scène : Marie-Josée Bastien

Dramaturgie : Marie-Josée Bastien et Steve Gagnon

Interprétation : Jean-François Dubé, Gabriel Fournier, Odile-Amélie Peters, Ariane Voineau, Claudiane Ruelland et André Robillard

Lumières et direction technique : Antoine Caron

Vidéo : Éliot Laprise

Musique : Josué Beaucage

Crédits photo : Daniel Richard