« La morsure de l’ange », ou comment replonger dans ses souvenirs d’enfance

Sur la scène, les restes d’un vieux drive-in, le Ciné Park Beauregard.

La morsure de l’ange © Caroline Laberge
La morsure de l’ange © Caroline Laberge

La banquette arrière extraite d’une grosse voiture américaine, plusieurs enjoliveurs dépareillés, les souvenirs d’une vie à deux dans la froideur du climat et l’absence de la mère. Le spectre d’une espèce de cow-boy qui a élevé seul son fils unique, et qui a tenté de gagner sa vie dans ce cinéma misérable. L’envers du rêve américain.

« N’oublie jamais que t’a tué ta mère en venant au monde » répète le père au fils, dans la vie, et à présent dans la mémoire.

Il est rare de voir traiter sur scène les rapports ambivalents d’un fils à l’égard de son père. Amour inconditionnel symbolisé par des bottes de cow-boys que le fils reçoit pour ses 8 ans et qu’il ne retire plus de ses pieds jusqu’à qu’on soit obligé de les lui découper pour laisser grandir son corps. Haine d’avoir été rendu responsable de la brisure d’un amour idéalisé et de la solitude d’une vie.

Le très beau texte de Daniel Danis (qui a reçu de nombreux prix) n’est pas la part essentielle de cette oeuvre qui prend aux tripes et où chacun peut reconnaître la nostalgie éprouvée à l’égard de son enfance. La mise en scène remarquable associe le texte aux objets, aux ombres et aux lumières, aux petits films 16 mm en noir et blanc, où le héros se revoit enfant et où il recherche des preuves de son bonheur passé, à mille détails magnifiquement pensés qui offrent à l’ensemble une tonalité cinématographique et transforme la scène en une immense lanterne magique.

Plus que du théâtre, c’est une véritable installation artistique qui est proposée grâce au talent de toute une équipe, et qui met en vedette non seulement l’acteur principal, Denys Lefebvre et l’ombre de son compère Alain Lavallée, mais aussi et peut-être surtout le cinéaste Martin Laroche, le musicien Guido Del Fabbro, les décors de Loic Lacroix Hoy et jusqu’au mannequin conçu par Guy Fortin et dont la présence sur la scène n’est pas moindre.

La morsure de l’ange © Caroline Laberge
La morsure de l’ange © Caroline Laberge

Du théâtre animé qui fait la part belle à mille accessoires et lumières scéniques pour produire une œuvre intense et puissante, mais aussi apaisante et nostalgique. Une très belle réussite de la combinaison de multiples effets audio et visuels, et qui rendent un bel hommage au cinématographe comme des images projetées sur l’écran de nos mémoires.

La morsure de l’ange

20 au 24 octobre 2015 à 19 h | Théâtre Espace Go

Texte de Daniel Danis

Vidéos Martin Laroche

Collaboration artistique Fabrizio Montecchi
Avec Denys Lefebvre et Alain Lavallée

Décors Loïc Lacroix Hoy

Musique originale Guido Del Fabbro

Écriture scénique et mise en scène  José Babin et Alain Lavallée

Une création du Théâtre Incliné, en codiffusion avec le festival Phenomena

Informations : theatreincline.ca   | festivalphenomena.com | espacego.com

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