Sortie Cinéma – The Martian

The MartianTendu, angoissant, exaltant, splendide et surtout particulièrement divertissant, The Martian se vit comme une véritable déclaration d’amour aux amateurs de Science-Fiction, et ranime surtout chez le spectateur cet émerveillement presque enfantin face à l’exploration spatiale. The Martian marque le retour de Riddley Scott (Blade Runner, Alien, Gladiator) à un genre qu’il maîtrise et auquel il a contribué tout au long de sa carrière.

Sur Mars, à 225 millions de kilomètres de la Terre il n’y a pas d’eau, de nourriture ou d’atmosphère respirable. L’astronaute Mark Watney (Matt Damon) y est laissé pour mort, après que le reste de son équipe soit contrainte à évacuer d’urgence la planète.  Sans aucun moyen de communiquer avec la Terre, Watney va devoir trouver moyen de survivre, dans une sorte de Seul au Monde (Cast Away) spatial. Ce sont toutes les spécificités techniques et scientifiques liées à la survie sur une planète inapte à la vie humaine qui font toute la saveur du film. The Martian retranscrit parfaitement ce savant mélange de geekiness, de situations inextricables et d’humour qui a fait la réussite du roman dont il s’inspire. Jamais dramatique à outrance, le film transmet bien cet esprit un peu fou mais ingénieux de ces scientifiques ayant fait le pari incroyable de visiter une autre planète. Cet aspect réussi du film est d’ailleurs amplement dû à la performance remarquable de Matt Damon.

Si le design global du film n’est pas aussi mémorable que dans Prometheus, le dernier film de S-F de Ridley Scott, il faut noter qu’il s’agit là du premier film du genre du réalisateur à être ancré dans un contexte réaliste. Il convient d’ailleurs de préciser que la NASA a beaucoup participé à la réalisation du film, ce qui aide à conférer à The Martian une crédibilité scientifique appréciable via un souci du détail particulièrement soutenu. L’atmosphère de la planète rouge est quant à elle aussi réussie, et le film comporte bon nombre de scènes, calmes et panoramiques, à la beauté contemplative saisissante. On ne se lasse pas des panoramas des déserts de Mars, et de leur vide et silences inquiétants. On ressent ainsi très bien l’isolement et la solitude du personnage. C’est toutefois par le rôle que joue la planète dans l’histoire que le film pêche. Sans révéler l’évolution de l’aventure, il faut noter que l’on passe plus de temps sur Terre que sur Mars, et l’immersion dans l’expérience vécue par Mark Watney s’en trouve significativement amoindrie. Par rapport à l’œuvre initiale, la planète rouge ne joue pas assez son rôle d’antagoniste. Cela se trouve accentué par le fait qu’on vit davantage l’expérience de l’isolement sur Mars d’un point de vue terrestre, et pas assez du point de vue de Watney. Le climat de danger, d’isolation et de lutte contre la perte de tout espoir aurait pu être encore plus prononcé en se concentrant sur ce que vit l’astronaute.

Malgré cela, le film est une franche réussite. Il jouit entre autres d’un casting tout à fait irréprochable. Matt Damon capture avec brio l’esprit du personnage et joue bien avec cet équilibre entre persévérance, désespoir et humour délicieusement décalé face à cette situation qui respecte tous les paramètres de la loi de Murphy. Chaque autre membre du casting apporte sa petite touche personnelle au film, et participe vraiment au succès du film. On note tout particulièrement les performances de Jeff Daniels (The Purple Rose of Cairo, The Newsroom), Sean Bean (Golden Eye, The Lord of The Rings) et Jessica Chastain (Interstellar, The Tree of Life). On est en droit de penser qu’un film de deux heures et demie sur la survie d’un seul homme sur Mars pourrait souffrir de problèmes de rythme. Ce n’est absolument pas le cas, notamment grâce à une bonne dose d’humour, une excellente bande-son et surtout une narration intelligente et dynamique assurant un bon équilibre entre scènes d’action, moments tendus et explications scientifiques.

Avant de conclure, il semble important de noter que le film ne tombe pas trop dans le débat moral sur le fait de dépenser des sommes considérables pour sauver un seul homme, et par extension sur un débat sur l’utilité et les dangers de l’exploration spatiale. Au contraire, The Martian se visionne comme un encouragement franc à ce moteur pour l’humanité d’aller toujours plus loin, et de persévérer dans notre exploration de ce que nous ne pouvons réellement comprendre. Un peu à la manière d’Interstellar (Christopher Nolan), The Martian  porte un message de progrès scientifique et technologique fort et qui semble nécessaire dans un contexte où les budgets des agences spatiales sont constamment remis en question. Si l’on peut critiquer l’emprunte un peu appuyée de ce message tout au long du film, The Martian réussit à nous faire rêver et réactive cet émerveillement que l’on a depuis l’enfance face à ce que l’on ne peut complètement saisir.

Fort de son atmosphère, de sa crédibilité scientifique, de son rythme maîtrisé, et de ses visuels impressionnants, The Martian s’inscrit dans ce retour très bienvenu et appréciable de la Science-Fiction de ces quelques dernières années. Excessivement divertissant, il constitue un des meilleurs films de 2015.

The Martian

Distribution

Matt Damon – Mark Watney

Jessica Chastain – Melissa Lewis

Jeff Daniels – Teddy Sanders

Chiwetel Ejiofor – Venkat Kapoor

Kate Mara – Beth Johansson

Sean Ben – Mitch Hendersen

Duée: 2h22

Classé pour tous

© photo: courtoisie