« Les femmes occidentales n’ont pas d’honneur » de Laura T. Ilea ou le roman de la passion

L’amour qu’il ne faut (du verbe falloir), c’est l’amour qui ne faut (du verbe faillir), aurait affirmé Jacques Lacan dans l’un de ses séminaires.

L’amour qui réussit à coup sûr est un amour prohibé. Et c’est la société, l’entourage, la force de la tradition et, dans le cas du roman de Laura T. Ilea, la Ouma de l’amant qui, sans le faire échouer pousse à la séparation et à la mort de cet amour. L’amant kabyle qui vit à Montréal est rappelé par une force mystérieuse qui le traverse irrésistiblement. Personne ne l’y oblige, mais Amram quitte définitivement celle qu’il aime pour épouser dans son pays d’origine, une vierge que sa famille a choisie à sa place. Cette attraction puissante surpasse toutes les autres, y compris l’attraction qu’il éprouve pour sa compagne occidentale avec laquelle il vit le grand amour, celui dont tout le monde rêve, y compris celui qui le sacrifie.

Les femmes occidentales n'ont pas  d'honneur © Photo de courtoisie
Les femmes occidentales n’ont pas d’honneur © Photo de courtoisie

Cette histoire d’amour avortée, racontée et mise en mots par Laura T Ilea d’après le récit véridique que lui en a fait une amie, est une sorte de cas d’espèce qui mérite réflexion. Le roman de la jeune écrivaine, passionnant et rédigé dans un style bien à elle, tient son lecteur du début à la fin et pousse à tenter de percer le paradoxe. Comment un jeune homme qui vit et partage toutes les valeurs de sa compagne qu’il aime passionnément, avec laquelle il échafaude tout un ensemble de projets de vie commune, peut-il renoncer à ce qui devrait constituer le pilier de leur équilibre et de leur vie à venir?

C’est un sujet qui donne à penser : ces deux identités, dotées de leurs propres codes de vie, finissent dans l’incompréhension et la paralysie affective. L’auteure a choisi de ne faire de son héroïne ni une féministe militante, ni une femme blessée animée par le désir de vengeance. La cruauté du dénouement place le lecteur en position de réfléchir sur la vanité du dialogue et le peu de poids des sentiments face à la force de la tradition.

Les amants émettaient le projet d’écrire un livre à deux, Le plaisir interdit, « qui secouerait son monde » selon les dires d’Amran. Il y aurait été question de dénoncer la vulnérabilité des relations entre hommes et femmes. Seule la jeune femme en sera finalement l’auteure. Telle est sa revanche à l’encontre de l’homme qui s’est piégé lui-même.

Amran n’est pas détestable. Mais il est redevable à son monde pour lequel il sacrifie son bonheur et celui de la femme qu’il aime. Qui mieux que Laura T. Ilea pouvait faire pénétrer le lecteur dans un récit aussi cruel? Titulaire de deux doctorats, en philosophie et en littérature comparée, Laura T Ilea a publié de nombreuses études littéraires et philosophiques ainsi qu’un recueil de nouvelles. Les femmes occidentales n’ont pas d’honneur est son premier roman.

Lancement du roman de Laura T. Ilea, Les femmes occidentales n’ont pas d’honneur, le mercredi 28 octobre à 18h, en présence de l’auteure. Librairie Le Port de tête, 262 avenue du Mont-Royal Est, à Montréal.

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