Ambiance d’après la fin du monde pour “Everybody Knows This Is Nowhere”

Everybody Knows This Is Nowhere © Theatre junction
Everybody Knows This Is Nowhere © Theatre junction

Cette semaine au théâtre Aux Écuries, la compagnie albertaine Theatre Junction propose un spectacle multidisciplinaire et multimédia, bien dans la veine de la tendance contemporaine du théâtre. Danse, performance, musique live et chansons, vidéo, enregistrements audio et installations… se combinent à la prestation sur scène d’un collectif de trois acteurs et d’un musicien pour un spectacle poético-philosophique qui mêle aussi le français et l’anglais.

La scénographie est très élaborée. Sur un écran géant de franges délicates, un vieux cinématographe semble projeter des images qui font écho à ce que l’on voit sur scène. Mêmes acteurs et presque mêmes décors. Lumières éblouissantes ou tamisées, musique douce ou assourdissante, grand feu de bois fait de néons, vieux magnétophone à bandes et vieux projecteur pour la nostalgie des souvenirs. Il n’y a pas vraiment d’histoire dans Everybody Knows This Is Nowhere. Plutôt une série de fragments – certains très réussis – qui dénoncent la société du non-manque, de la non-communication, du bonheur à tout prix.

Le texte cultive le paradoxe. À force de tout nous procurer, la société contemporaine nous retire le manque. Il ne nous manque plus rien. Plus de désir. C’est le manque qui nous manque. Entre deux êtres qui s’aiment, pas de communication. Elle exige inlassablement qu’il lui parle vraiment quand il lui parle, tandis que lui reste muet. Impossible de percer l’armure qui nous recouvre. Certains s’efforcent de prévenir l’apocalypse qui menace, mais tout le monde croit en une plaisanterie. La culture du bonheur a exclu la tristesse. Il nous faut la réapprendre. Elle fut l’objet d’inspiration de tellement de grands artistes.

Pour une part fruit d’improvisations, le texte de la pièce a été élaboré à l’occasion d’une résidence du collectif d’artistes au Théâtre Aux Écuries. Leur travail s’est fait à partir des thèmes de la connexion et de la déconnexion, de l’enchantement et du désenchantement du monde. La danse et la vidéo ont ajouté au processus pour permettre d’exprimer ce qui ne se traduit pas en mots.

Everybody Knows This Is Nowhere © Theatre junction
Everybody Knows This Is Nowhere © Theatre junction

Everybody Knows This Is Nowhere interroge l’au-delà de nos rêves. « Celui qui rêve et n’agit pas cultive le cauchemar ». Comment ré-enchanter le monde? Y a-t-il un nouveau départ?

« Un peu de poison par-ci, un peu de poison par-là… l’homme est parvenu à mourir agréablement… » « Après que de sombres nuages aient été suspendus sur les humains », qu’en est-il du dernier homme? ou peut-être du premier – le néo-humain – consécutif à cet anéantissement?

Everybody Knows This Is Nowhere au théâtre aux Écuries du 3 au 7 novembre 2015

Texte Raphaële Thiriet et Mark Lawes (avec un extrait d’Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche)

Mise en scène et scénographie : Mark Lawes

Avec : Luc Bouchard-Boissonneault, Melina Stinson, Raphaële Thiriet

Composition musicale : Arran Fisher

Éclairages : David-Alexandre Chabot

Vidéo : Kyle Thomas

Direction technique et direction de production : Phil Cimolai

Une production du Theatre Junction Grand

Informations : http://auxecuries.com

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