Judy Garland, la fin d’une étoile. Linda Sorgini y défend le rôle de sa carrière avec une intensité fulgurante et une humanité désarmante!

Judy Garland, la fin d’une étoile,
Judy Garland, la fin d’une étoile,

Joué d’abord du 8 avril au 16 mai dernier au Théâtre Jean-Duceppe, à Montréal, voilà que la tournée de la pièce Judy Garland, la fin d’une étoile, s’est arrêtée enfin à Québec, à la salle Albert-Rousseau, pour un soir seulement. Linda Sorgini y défend le rôle de sa carrière avec une intensité fulgurante et une humanité désarmante! 

Nous sommes à Londres en 1968, la grande Judy Garland (Linda Sorgini) s’apprête à remonter sur scène pour une ultime série de spectacles. Âgée de 46 ans, elle est entourée de Mickey (Maxime de Cotret)  son dernier mari et de son fidèle pianiste Anthony (Roger La Rue). Ils agissent en réels cerbères afin de protéger la star du monde intransigeant de la planète Hollywood, et surtout d’elle-même et de sa propre démesure. Malgré sa forte dépendance aux barbituriques et un passé parsemé d’abus de toutes sortes, elle reste droite, fière et veut offrir au public une dernière chance de l’acclamer, coûte que coûte. On est bien loin de l’adolescente qui incarna Dorothy dans le célèbre film, Le Magicien d’Oz. 

La pièce de Peter Quilter est présentée de manière intimiste, alors que l’on suit Mme Garland, lors de son arrivée à Londres pour une série de spectacles. On la découvre forte, vive, débordante d’enthousiasme pour son futur époux, et des retrouvailles avec son fidèle pianiste, alors qu’elle est pleine d’espoir dans cette série de spectacles qu’elle s’apprête à faire. Puis, peu à peu, on découvre sa fragilité, son instabilité, ses démons intérieurs qui refont surface et qui l’amèneront au bord du précipice. Un drame musical où seule une Linda Sorgini en sommet de sa forme pouvait y incarner une Judy Garland dans toute sa splendeur et toute sa déchéance!

Quelle performance de cette grande actrice! Toute la pièce tient sur ses épaules et elle nous charme dès les premiers instants. Elle nous éblouit ensuite chaque fois qu’elle pousse la note de sa voix puissante et chaude qui donne des frissons à plus d’un moment.  Je trouve très ingénieux la manière dont, en un instant, on transforme la chambre d’hôtel en scène de spectacle, par la seule tombée d’un rideau et changement d’éclairage. Une superbe mise en scène efficace de Michel Poirier.

Et que dire des émotions par lesquels on nous fait passer. Des superbes moments de grâce à écouter chanter Judy/Linda, puis des moments magiques d’intimité entre Judy et son pianiste (Roger La Rue est impeccable dans ce rôle de soutien qui permet de mettre en valeur sa partenaire et toute la dignité qu’il sait mettre dans son personnage). Surviennent aussi des moments de colère, de panique, de bataille entre Mickey et Judy, l’agent et l’artiste, l’amant et l’amante, à qui aura le pouvoir sur qui? C’est triste et pourtant bien réaliste. Mais ce qui nous touche profondément, c’est la fragilité que Linda a su démontrer dans le jeu de son personnage de Judy. C’est aussi comment elle a fait ressortir la petite fille terrorisée qui se cache derrière cette grande dame de la scène et du cinéma que fut Judy Garland. Encore une fois, sublime performance de madame Sorgini!

Durée de la pièce 2h10 (incluant un entracte de 20 minutes). 

Linda Sorgini : Judy Garland
Roger La Rue : Anthony
Maxime de Cotret : Mickey

texte de Peter Quilter 
mise en scène de Michel Poirier 
traduction de Michel Dumont

Décor : Olivier Landreville
Costumes : Pierre-Guy Lapointe
Éclairages : Lucie Bazzo
Musique : Christian Thomas
Accessoires : Normand Blais

http://sallealbertrousseau.com/