Après avoir remporté le Masque du meilleur texte original et de la meilleure interprétation en 2005, pour sa pièce de théâtre King Dave, l’auteur et acteur Alexandre Goyette, donne un second souffle à sa pièce, onze ans plus tard, avec l’aide de Podz, en créant ce film du même nom. Un film ambitieux, réalisé avec un plan-séquence de 91 minutes. Un récit raconté par Alexandre qui donne une performance de jeu époustouflante. Un film à voir pour son originalité, son rythme soutenu et cette prouesse cinématographique jamais vue!
Résumé
Dave est jeune frondeur. Un King autoproclamé, influençable mais pas inconscient. Alors qu’il se met en tête de retrouver l’inconnu qui a dansé avec sa blonde en lui poignant le cul, comme si de rien n’était, il décide de se faire justice. Entre violence, peine d’amour et amitié trahie, Dave va mettre le doigt dans le tordeur et s’engouffrer, toujours poussé par en avant sans jamais pouvoir s’arrêter. Pour Dave, ton voisin, ton ami, ton fils, ton neveu, est-il possible de remettre le compteur à zéro? King Dave c’est l’histoire de Dave, racontée DANS UN SEUL SOUFFLE, DANS UN SEUL PLAN SÉQUENCE
C’est tout un défi que de reprendre cette pièce de théâtre pour l’amener au cinéma. De présenter le tout dans un plan-séquence, avec de gros plans, caméra à l’épaule la plupart du temps, avec Alexandre qui raconte à la caméra ce qui lui est arrivé. C’est vraiment génial comme idée. Et ça fonctionne! Le public est complètement dans l’action, captivé par ce qu’il nous raconte. On est pendu à ses lèvres tout au long de ces 91 minutes de rythme soutenu.
C’est fascinant de voir comment Podz nous amène les flashbacks, alors qu’Alexandre se raconte. On voit de belles idées de mise en scène se concrétiser à l’écran. Par exemple, montrer à la fois Dave dans son appart qui parle au téléphone, et voir l’autre personne au bout du fil, par le reflet dans le miroir, ou dans l’encadrement d’une autre pièce de la maison. Ou encore, lorsque Dave nous raconte ce qui s’est passé, on peut voir ce qu’il s’imagine s’est passé, car on est littéralement dans sa tête. Donc, on est dans le récit, tel que lui se l’imagine, se le rappelle.
J’aime aussi comment on change d’appartement, sans trop vraiment s’en rendre compte parfois. Vu que la caméra suit Dave en gros plan et qu’on voit peu le décor autour, on a vraiment l’impression d’être juste là avec Dave, dans son intimité. C’est intense et on ressent vraiment ce qu’il vit. Et il y a beaucoup de déplacement dans ce film, parfois dans le bus, le métro, en auto. C’est très bien amené avec fluidité.
J’aime aussi comment, Dave marche dans un party, parfois même à reculons pour nous parler en même temps et il y a beaucoup de monde. On se sent partie prenante de l’action. Si bien que dans ce party, on se sent entassé, enfumé, en fait, comme si on y était, avec la musique dans le piton. Et que dire de cette musique sinon que c’est très approprié avec le style de personnage et le milieu des gangs de rue. Milk and Bone amène une ambiance et un rythme au film.
Alexandre Goyette fait un travail remarquable de pouvoir adapter son jeu pour la caméra, pour nous parler en toute intimité avec son langage cru, son slang de gang de rue, avec des , Man, chill, yo, et des sacres un peu partout. Ce langage coloré correspond exactement à ce personnage qu’Alexandre personnifie et on y croit vraiment. On comprend qu’il le connaît bien ce personnage, vu qu’il le joue depuis plus de 10 ans.
On a aussi des personnages secondaires, très importants dans l’histoire et très bien interprétés par Karelle Tremblay et Mylène Saint-Sauveur entre autres.
C’est donc une vraie belle réussite de nous raconter cette histoire, cette pièce de théâtre, mais au cinéma. Un réel tour de force pour Podz de nous amener cela de cette façon avec un grand plan-séquence, qui correspond à l’histoire que le Dave plus vieux raconte du temps qu’il avait 20-25 ans environ. La barbe et la boucle d’oreille sont les seuls éléments qui distinguent le vieux Dave du jeune. Et bien qu’il ait l’air plus vieux que 25 ans, on comprend que c’est lui plus vieux qui raconte ce qu’il a fait plus jeune.
Ce personnage, on apprend à le connaitre, il nous fait un peu pitié, on n’approuve pas ce qu’il fait, mais on comprend d’où il vient. On comprend aussi qu’il est démuni et qu’il fait ce qu’il peut avec les ressources qu’il a autour de lui. Quand son monde s’écroule, sa blonde et ses amis le trahissent, il perd ses repères et son contrôle…
Ce film est à voir autant pour les prouesses de Podz en matière de réalisation, que pour le jeu impeccable et totalement crédible d’Alexandre Goyette. Un film qui, je le souhaite, je le prédis, aura des nominations aux prochaines remises de prix assurément autant pour Podz que pour Alexandre.
Une production hors du commun que l’on se doit d’énumérer : un trajet de 9 kilomètres sur 20 lieux de tournage. Dave se déplace à pied, en auto, en autobus, en métro, dans des décors ambulants, des décors construits et des lieux existants. Batailles, feu, ambulances, pompiers, voitures de police, blessures et effets spéciaux. Une logistique de production monstre; 130 techniciens, 35 à la régie, 15 à la réalisation, 61 acteurs, 172 figurants. Tous sont là durant les 5 jours de tournage et les 5 jours de répétition générale. Digne d’une production d’envergure américaine avec un budget de 4,700,000 $. Un exploit à la réalisation, à la direction artistique, à la direction photo, au son, à la régie, une performance d’acteurs hors du commun et une mise en scène signée Podz.
FICHE ARTISTIQUE
Dave Alexandre Goyette
Nathalie Karelle Tremblay
Isabelle Mylène St-Sauveur
Stanley Kémy St-Éloy
Marc Philippe Boutin
Ali/chef des black Moe Jeudy Lamour
Mère de Dave Micheline Bernard
Dave jeune Élie Stuart
Policier parc Jean-François Beaupré
Vieille écolo Lise Roy
Bouncer bar Alain Nadro
Brute métro Langelier Guillaume Laurin
Motard Mathieu Baron
FICHE TECHNIQUE
Scénariste Alexandre Goyette
Réalisateur Daniel Grou (Podz)
Productrice Nicole Robert
Producteurs associés Daniel Grou
Alexandre Goyette
Producteur délégué Jaime Tobon
Distribution des rôles Natalie Boutrie
Directeur photo Jérôme Sabourin
Son Michel Lecoufle
Stephen de Oliveira
Direction artistique André Guimond
Costumes Valérie Lévesque
Directeur des lieux de tournage Denis Paquette
Effets spéciaux Fly
Musique Milk $ Bone
Mixeur et concepteur sonore Sylvain Brassard
Crédit photos : Yan Turcotte, courtoisie des Films Séville