Pour son premier concert de la saison, le Club musical de Québec présentait un fabuleux musicien, Andreas Ottensamer, soit le premier clarinettiste de l’Orchestre philarmonique de Berlin en compagnie de son alter ego et grand complice, le pianiste José Gallardo, qui s’avère tout aussi musical et impressionnant que le clarinettiste invité.
Dès les toutes premières notes de cette clarinette, on est pris et séduit par la beauté du timbre de cet instrument viennois. La chaleur de la sonorité est envoutante. Puis, on est surpris et intéressé visuellement par l’aisance de ce grand et beau musicien qui fait corps complétement avec son instrument.
Très expressif, Andreas Ottensamer se fait le complice musical parfait de son collègue José Gallardo au piano. Ces grands musiciens et amis vont développer constamment tout au long du concert une telle entente qui va donner au public présent une régal musical d’exception. Le clarinettiste affiche une maîtrise totale et parfois, il danse même et semble s’envoler avec son instrument pour atteindre l’excellence et nous permettre d’apprécier tout le sens des œuvres au programme. Au piano, José Galliano, lui aussi, sera le musicien parfait pour jouer avec Ottensamer. Fin, subtil, nuancé, le pianiste impressionne l’auditoire.
Ces deux musiciens seront douceur, force et grande virtuosité selon les compositions. Les mélomanes présents répondent vivement à cette prestation musicale de haut niveau, dédiée totalement au service de la musique. De plus, il se dégage des interprétations proposées une si grande joie et une fraîcheur irrésistibles.
Très chaleureusement et avec un peu d’humour, Andreas Ottensamer s’adresse au public et il nous fait part de sa volonté d’illustrer un répertoire de musiques françaises, américaines, entre autres, dans le choix de son programme de cette matinée.
Effectivement, le choix des œuvres est intéressant et varié. On a pu y faire de belles découvertes. Des œuvres inspirées par le jazz avec les compositeurs Alec Templeton et George Gershwin. L’impressionnisme avec Claude Debussy. On sera surpris des mouvements contrastés d’une pièce du fameux organiste et compositeur français Charles-Marie Widor. Deux compositeurs rarement joués, Jean Français et Joseph Horovitz sauront nous intéresser dans leurs compositions aux rythmes variés.
Le très vaste public présent va accorder une ovation bien sentie et très chaleureuse en fin de concert. Les deux musiciens en rappel feront une pièce brève de Johannes Brahms. Et surprise, Andreas Ottensamer annonce qu’en raison de la nationalité argentine du pianiste, ils vont jouer un tango ! Et les voilà qui s’exécutent dans un tango à quatre mains au piano. Le tout fait avec brio comme tout le concert présenté.
Mentionnons que né en 1989 dans une famille austro-hongroise, le clarinettiste Andreas Ottensamer a commencé sa formation musicale en étudiant le violoncelle. C’est en 2003 qu’il est passé à la clarinette pour ensuite faire ses premières armes comme musicien d’orchestre à titre d’assistant dans l’orchestre de l’Opéra national de Vienne et de l’Orchestre philharmonique de Vienne, en plus de jouer dans le Gustav Mahler Jugendorchester. Après un bref passage comme première clarinette au Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, il est depuis 2011 première clarinette de l’Orchestre philarmonique de Berlin. En 2005 il a fondé avec son père, Ernst, et son frère, Daniel, tous deux premières clarinettes à Vienne, un ensemble appelé The Clarinotts. Ce trio, qui met l’accent sur la tradition viennoise de jeu, offre des programmes faisant place autant aux œuvres classiques qu’à la musique de film et au jazz; plusieurs compositeurs ont aussi écrit à leur intention. Andreas Ottensamer, qui joue sur un instrument viennois produisant une sonorité plus sombre et chaude que la clarinette allemande, a signé en 2013 un contrat exclusif avec la Deutsche Grammophon. En plus d’un album mettant en vedette son trio, la célèbre étiquette jaune a publié Brahms : The Hungarian Connection et Portraits : The Clarinet Album, avec l’Orchestre philharmonique de Rotterdam dirigé par Yannick Nézet-Séguin. Il a étendu son champ d’activité à la musique populaire en collaborant au disque Night of Hunters de la chanteuse américaine Tori Amos, paru en 2011 sous la même étiquette. Il dirige depuis 2013, avec le pianiste José Gallardo, le festival Bürgenstock Momente, tenu en Suisse, près du lac Lucerne.
Quant au pianiste argentin José Gallardo, il a commencé à étudier la musique dans sa ville natale, Buenos Aires, dès l’âge de cinq ans. Il a ensuite continué sa formation avec Poldi Mildner au Département de musique de l’Université de Mainz, en Allemagne, où il a obtenu son diplôme en 1997. Parmi les artistes importants chez qui il a puisé son inspiration, on retrouve les pianistes Menahem Pressler (du Trio Beaux-Arts) et la grande spécialiste de Bach Rosalyn Tureck, de même que le chef roumain Sergiu Celibidache. Titulaire de plusieurs prix, il se produit dans de nombreux festivals, particulièrement en Allemagne. Il collabore à des cours de maître donnés par des artistes comme Maxim Vengerov, Siegfried Palm, Bernard Greenhouse et Steven Isserlis. Il est depuis 1998 professeur adjoint à l’Université de Mainz, là même où il a fait ses études.
C’est donc un début de saison en force avec le Club musical de Québec. La directrice musicale Marie Fortin a incité les gens présents à s’abonner car pour certains concerts, les billets s’envolent.
Le programme du concert :
Claude DEBUSSY, Première rhapsodie
Alec TEMPLETON, Pocket Size Sonata no 2
Charles-Marie WIDOR, Introduction et rondo, op. 72
Béla KOVÁCS, After You, Mr. Gershwin!
George GERSHWIN, Trois préludes pour piano (arr. Stephan Koncz)
Jean FRANÇAIX, Tema con variazioni
Claude DEBUSSY, « La fille aux cheveux de lin », tirée des Préludes pour piano, livre 1, no 8 (arr. Stephan Koncz)
Joseph HOROVITZ, Sonatine
Les musiciens:
Andreas Ottensamer, clarinettiste
José Gallardo, pianiste
Crédits-photos: Lars Borges et courtoisie
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