Danse de nuit : une fenêtre sur la vie nocturne

Danse de nuit
Danse de nuit

La nuit. Plusieurs choses se passent la nuit. Des belles et de moins belles choses. Karine Ledoyen, chorégraphe et directrice artistique de la compagnie Dans K par K, nous offre sa version de la vie nocturne. Danse de nuit est présenté par la Rotonde du 26 au 28 octobre 2016 à la salle Multi du complexe Méduse. Sur scène, la chorégraphe et  le concepteur sonore et technologique dans leur propre rôle et le duo Fabien Piché et Odile-Amélie Peters, interprètes.

Danse de nuit, comme une courtepointe rapiécée aux textures et aux couleurs diverses, se veut une œuvre incomplète de par sa nature. Performance sonore, art théâtral, danse avec comme seul objectif l’exploration des univers hétérogènes, plaqués, qui portent le masque de minuit.   Imaginez un passant qui regarde, curieux, par les fenêtres éclairées des maisons de son quartier. Rien ne lie plus ces histoires que l’obscurité, porteuse de rêves, de sagesse, mais aussi de cauchemars, de malheurs et de désespoirs. Des cris d’enfants aux accès de passion en passant par la déviance qui rôde, la nuit est l’amie de l’intimité et l’ennemie de l’hypocrisie. Les vérités se cachent dans l’ombre.

Danse de nuit
Danse de nuit

Plusieurs tableaux initient le public au processus de création de Karine Ledoyen, qui justifie son spectacle et l’utilisation d’outils peu communs comme un bracelet qui permet d’entendre le battement du cœur des interprètes.  Le rythme du cœur : involontaire, spontané, inlassable, comme Danse de nuit. La musique vibre à son rythme, angoissante, dans un montage sonore percutant, sur lequel danse le duo d’interprètes. Une chorégraphie époustouflante où le corps de l’un est le prolongement du corps de l’autre, fluide, presque liquide, très basse au sol, nous laisse sur notre appétit. Danse de nuit témoigne des chairs qui fusionnent, parfois même sans consentement. Un autre tableau présente Patrick St-Denis, le concepteur sonore, qui incarne la baguette du maestro avec des effets de distorsion particulièrement réussis produits par les mouvements de ses bras. Des projections live nous donnent également un autre point de vue de la scène alors que les danseurs/acteurs s’évertuent à nous montrer les différents visages de la nuit. Certaines scènes sont moins intéressantes sur le plan visuel, mais demeurent en lien avec l’expérimentation des univers artistiques qui se succèdent et qui illustrent des pans de vie qu’on ne réussit pas à dissimuler derrière la pénombre.

Danse de nuit est un spectacle interactif dans lequel l’auditoire est appelé à participer en tant que voyeur, témoin des plaisirs secrets que les coulisses du soir déclenchent. Devant des scènes qui semblent grotesques, là où s’esclaffent parfois les spectateurs, se déguisent des comportements destructeurs des âmes perdues dans la nuit. Karine Ledoyen prouve encore que ses créations sont le fruit de recherches et que la danse contemporaine n’est pas confinée dans un cadre artistique régi uniquement par le mouvement.

Crédit photos : David Cannon