Cycle scandinave avec « Peer Gynt » au Quat’sous

Peer Gynt © Marie-Claude Hamel
Peer Gynt © Marie-Claude Hamel

Pas facile de s’attaquer à une œuvre pareille. Associée à la musique de Grieg que tout le monde a déjà plus ou moins entendue, Peer Gynt du Norvégien Henrik Ibsen fut montée pour la première fois à Oslo en 1876. Il s’agit d’une pièce longue, compliquée, aux multiples rebondissements, qui met en scène de très nombreux personnages. Mais, surtout, c’est une pièce qui s’inscrit dans l’univers de la mythologie nordique avec son Grand Courbe et son peuple de trolls, son fondeur de boutons qui rectifie les boutons mal moulés, ses sorcières et ses habitants de la montagne, ses légendes mystérieuses et toutes les créatures bizarres qui peuplent les rêves des hommes.

Peer Gynt est un de ces rêveurs. Fils d’une paysanne veuve, qu’il rend fou par ses extravagances, il refuse l’idée de vivre tranquillement dans son village, de se marier et de poursuivre la tradition, et prend les légendes qui lui ont été racontées et qu’il connait par cœur pour des réalités, lui fournissant l’ambition de devenir un grand roi, un empereur ou voire même un prophète. Sans complexe et sans scrupule, il n’hésite pas à mentir ou plutôt à fabuler pour se sortir d’affaire quand il a fait un mauvais coup. Jeune homme joyeux et foncièrement optimiste, il n’a peur de rien et veut vivre pleinement, sans craindre d’affronter les situations les plus folles ou dangereuses.

Ses frasques le condamnent à se cacher dans la forêt puis à l’exil de son village. Et le voilà voyageant à travers le monde naturel et surnaturel, tour à tour faisant fortune et devenant ruiné, engendrant un fils avec la fille du roi des troll ou devenant esclavagiste, chercheur d’or, chasseur de phoques, marchand de statuettes païennes, prophète dans une oasis improbable d’un Orient mythique, navigateur sur l’Océan ou roi des fous en Égypte. Mais dans son pays et son village où il finit par revenir ruiné, méconnaissable et au bord de la mort, Solveig, le seul vrai amour de sa vie l’a attendu sans faillir. Pour elle il est resté toujours présent. La devise de Peer Gynt « sois toi-même » lui a fait vivre mille aventures. Et pourtant sans le savoir, il est aussi demeuré là où il est né et dans le cœur de sa bien-aimée.

Peer Gynt © Marie-Claude Hamel
Peer Gynt © Marie-Claude Hamel

L’équipe du théâtre de l’Opsis avec son metteur en scène Olivier Morin s’est plutôt bien tiré du défi que représente une telle œuvre. Les huit très bons acteurs (cinq hommes et trois femmes) qui revêtent de nombreux rôles, nous entraînent ainsi dans bien des mondes différents, avec beaucoup de petites pointes d’humour charmantes, de la musique et des chansons bien interprétées. Mais il se passe tant de choses dans cette pièce qu’on en a un peu le tournis et qu’on se demande à la fin quelle leçon en tirer.

Cela reste un bon moment, qui permet de découvrir cette pièce légendaire et de légende, à la fois très connue et ignorée tant qu’on ne l’a pas vue montée.

Peer Gynt du 30 janvier au 19 février 2017, au Théâtre de Quat’Sous à Montréal

 Une production du Théâtre de l’Opsis en codiffusion avec le Théâtre de Quat’Sous

Texte Henrik Ibsen
Adaptation et mise en scène Olivier Morin
Avec Christophe Baril, Émilie Bibeau, Kim Despatis, Sébastien Dodge, Steve Gagnon, Caroline Lavigne, Olivier Morin, Guillaume Tremblay
Costumes Julie Breton
Musique Navet Confit
Lumière Marie-Aube St-Amant Duplessis
Assistance à la mise en scène et régie Nicola Dubois
Stagiaire à la dramaturgie Mathilde Aubertin

Informations : http://www.quatsous.com/1617/saison/peer-gynt.php