La comédie musicale «Little Shop of Horrors»: un classique avec des succès toujours populaires

Little Shop of Horrors
Little Shop of Horrors

C’est au théâtre de l’hôtel de ville de Côte-St-Luc à Montréal que la comédie musciale «Little Shop of Horrors» fait un retour avec ses chansons bien connues de Alan Menken et Howard Ashman.  D’abord un film comique d’horreur dans les années 60, des chansons sont écrites dans les années 80 pour en faire une comédie musicale Off-Broadway. Un autre film de la comédie musicale est réalisé en 1986 et la version scénique sur Broadway en 2003 est la version que nous présente cette production.  Ce qui fait le succès de cette oeuvre, ce sont surtout les numéros musicaux et les scènes avec l’énorme plante.  Et la production de la Troupe de Théâtre de Côte-St-Luc réussit bien les deux.

Racontée par un choeur, l’histoire se passe à la boutique du fleuriste Mushnik. Son protégé, Seymour, receuille une plante qui fera le succès de la boutique. Seymour s’est amouraché de Audrey, une fille rêveuse et naïve, qui malheureusement se fait abuser par un dentiste sadique, Orin. La plante grandira en se nourissant de sang humain, pour finalement avaler au complet plusieurs personnes.

Le choeur
Le choeur

La Troupe de Théâtre de Côte-St-Luc est un groupe communautaire qui a l’habitude de monter des productions de qualité depuis 2011.  En nomination et gagnant plusieurs fois dans la catégorie communautaire, le groupe est composé principalement de jeunes dans la vingtaine et quelques adultes, dont le maire de Côte-St-Luc dans le rôle du propriétaire de la boutique.  La plupart n’ont pas de formation en théâtre, mais plusieurs ont de superbes voix.

Dès le début avec la chanson «Downtown», le choeur composé de plusieurs éléments forts de la troupe, donne le ton au spectacle. Plusieurs fois, ce magnifique choeur reviendra sur scène pour accompagner les interprètes principaux.  C’est définitivement le point fort des numéros musicaux, un choeur qui sonne bien et surtout de belles chorégraphies originales bien exécutées, pour le plus grand plaisir des yeux, même si la scène est un peu étroite pour tout ce monde.  Les décors sont conçus en deux dimensions comme dans un dessin animé, et j’avoue que ça détonne avec l’environnement théâtral. Par contre, chapeau aux éclairages colorés et brillants qui animent plusieurs grands numéros.

Benjamin Warner (Seymour) et Sarah Kulaga-Yoskovitz (Audrey)
Benjamin Warner (Seymour) et Sarah Kulaga-Yoskovitz (Audrey)

Benjamin Warner interprète un Seymour insécure et fragile.  Quand on arrive au deuxième acte, il montre une plus grande assurance et fait ressortir sa voix solide pour chanter de façon plus intense, un jeu bien apprécié.  Sarah Kulaga-Yoskovitz, dans le rôle d’Audrey, a une superbe voix quand elle chante, particulièrement le succès «Suddenly Seymour» avec une bonne voix de poitrine.  Elle chante toujours juste et avec un vibrato naturel.  Sans prendre la petite voix nasillarde du film, elle a su insufler au personnage la véracité de femme battue.

Mitchell Brownstein se fait plaisir à interprèter un Mr. Mushnik innocent et sincère.  Même s’il n’est pas chanteur à la base, il se débrouille bien dans ses numéros.  Le dentiste sadique est joué par Franco DeCrescentis, ce qui en fait le personnage le plus comique de l’histoire, et ça fonctionne bien.  On croirait qu’il a été fait pour ce rôle.

Benjamin Warner (Seymour) et Kenny Stein (Audrey II)
Benjamin Warner (Seymour) et Kenny Stein (Audrey II)

La véritable étoile du spectacle c’est sans contredit la plante carnivore Audrey II.  Plusieurs versions sont utilisées selon son stade de croissance, mais toutes sont parfaitement réussies.  La dernière qui est géante est la plus difficile à rendre crédible, mais ils l’ont bien réussi. Celui qui fait sa voix est Kenny Stein en lui donnant un air de dominateur.  Sa voix chantée donne tout le caractère nécessaire à la plante, en plus d’avoir beaucoup de pronfondeur.  Sa chanson «Feed Me» est très bien réussie, tout comme «Suppertime» à la fin. C’est parmi les moments forts du spectacle.

Les 2h10 (avec entracte de 20 minutes) du spectacle passent très vite, avec un bon rythme pour enchaîner les nombreux numéros. Le tout est accompagné d’un excellent orchestre de 6 musiciens, ce qui ajoute aux plaisirs d’apprécier ces succès connus.  Je recommande ce spectacle aux amateurs de comédies musicales, un classique à voir surtout pour ses chansons et numéros musicaux.

Les bons coups: chansons bien connues, les marionnettes, orchestre, chorégraphies, éclairages, sonorisation

Les moins bons coups: jeu inégal, décors, petite scène

Franco DeCrescentis (Orin) et Benjamin Warner (Seymour)
Franco DeCrescentis (Orin) et Benjamin Warner (Seymour)

Équipe de création
Production: Mitchell Brownstein
Mise en scène: Anisa Cameron
Direction musicale: David Terriault
Choréographies: Alexia Gourd et Ari Sterlin
Accessoires et marionnettes: Sabrina Miller
Costumes: Elyse Malo
Éclairages: Linda Babins
Sonorisation: Evan Brown

Distribution
Benjamin Warner (Seymour), Sarah Kulaga-Yoskovitz (Audrey), Franco DeCrescentis (Orin), Mitchell Brownstein (Mr. Mushnik), Kenny Stein (Audrey II), Nicole Arrage, Sam Boucher, Chelsea Cameron, Megan Magisano, Tiana Malone, Caeleigh McDonald, Patrick Park, Brandon Schwartz, Alisha Ruiss, Cassandra Bluethner, Charlotte Clement, Marc Ducusin, Wan-Li Gibson, Mariève Guerin, Justin Johnson, Elvi Dalgaard, Shaun Nishmas, Nadine Steiner, Noam Barsheshat, Jacob Nyveen.

Orchestre
David Terriault, Alex Francoeur, François D’Anjou Pomerleau, Simon Legault, Evan Stewart, Ben Reimer.

«Somewhere That's Green»
«Somewhere That’s Green»

Présenté en anglais au Harold Greenspoon Auditorium (5801 boul. Cavendish, Montréal) du 8 au 25 juin 2017.
Billets (32$/28$ âge d’or et étudiants) disponibles sur http://www.CSLDramaticSociety.com ou au centre communautaire et bibliothèque de Côte Saint­Luc.

Photos: Diane Dupuis