RIGOLETTO : Quand la passion se heurte à la malédiction

L’Opéra de Québec lance sa 34 ème saison en nous présentant un des plus célèbres opéras de tous les temps, Rigoletto de Verdi.

Cet opéra en trois actes, composé en 1851 et présenté pour la première fois au théatre La Fenice à Venise, est inspiré de la pièce Le Roi s’amuse de Victor Hugo.
Cette histoire se déroule à Mantoue au XVI siècle et raconte les aventures libertines du Duc de Mantoue ainsi que de Rigoletto, bouffon dramatique, dont le destin sera maléfique.

Fête cour du duc
Fête cour du duc

Le rideau se lève sur une foule de joyeux lurons faisant la fête à la cour de Mantoue.
Parmi les festifs on y retrouve un Rigoletto au tempérament aussi ironique que dramatique, qui s’en donne à coeur joie y allant ici et là de
quelques clins d’oeil grivois.
Le tout apporte momentanément une note de légèretée à ce premier acte, car l’oeuvre deviendra plutôt sombre et dramatique par la suite.
Sous son costume de bouffon, se cache un Rigoletto aimant, père surprotecteur envers sa fille chérie Gilda. Jeune fille d’une grande beauté, elle n’a le droit en fait de sortir que pour aller à l’église.
C’est de cette relation fusionnelle père-fille qu’émergent de superbes duos tel que « Figlia…mio padre ».
Le Duc de Mantoue, toujours aux aguets afin d’obtenir les faveurs de la gente féminine, jette pourtant son dévolu sur la comtesse Ceprano au cours de la soirée.
Il en fera sienne au vu et au su de tous, et Rigoletto profitera de la situation pour ridiculiser le compte Ceprano afin de laisser le champs libre à son duc.
Le compte Ceprano, furieux de la situation, quitte la fête et se promet bien de se venger du bouffon et du duc dès le lendemain soir.
Le soir venu, l’arrivée surprise du vieux Monterone, fait chavirer tous les plans du compte. Monterone, dont la fille a été déshonorée par le duc n’entends pas à rire.
Il est en colère et le fait bien sentir au duc, ne voulant en aucun cas discuter avec lui.  Arrive alors Rigoletto qui prends partie pour le duc de Mantoue et ridiculise le vieux Monterone.

Il n’en faut pas plus pour que Monterone jette sa malédiction sur Rigoletto.  C’est la fin de la soirée, Rigoletto rentre chez lui, touchée par cette malédiction et à tout hasard, fait la rencontre de Sparafucile, un tueur à gages qui lui offre ses services.  Il prends bonne note de l’offre de Sparafucile, et garde en tête cette option au cas ou il voudrait concrétiser sa vengeance dans le futur.

Rigoletto
Rigoletto

Vivant toujours avec le spectre de la malédiction qui plane au dessus de lui, Rigoletto veux à tout prix protéger sa fille et demande à Giovanna, sa servante, de prendre bien soin d’elle et de la protéger en son absence.
Malgré les recommandations du père, et moyennant quelques écus, Giovanna laissera tout de même entrer chez Rigoletto un parfait inconnu.
Cet inconnu est en fait le duc, camouflé sous des allures d’un pauvre étudiant.  Voulant depuis toujours séduire la jeune et pure Gilda, il réussit par ce subterfuge à s’introduire dans la maisons afin de s’approcher de sa nouvelle conquête.

Duc et Gilda
Duc et Gilda

Séduite par ce bel étudiant, Gilda profitera de l’absence de son père pour se laisser conter fleur bleue par le duc et en tombera finalement éperdument amoureuse.  Elle va même en payer de sa vie…
Lorsque Rigoletto réalise que sa fille a succombé au duc et quelle porte en elle la honte de sa conduite, c’est le début de la vengeance ultime.
Il se souvient de l’offre que Sparafucile lui a fait.  Celle d’éliminer le duc de Mantoue et de lui remettre le corps dans un sac. Il passe subito à l’acte, et ordonne à Sparafucile de procéder afin de venger son honneur.

Sparafucile mets à exécution le plan de Rigoletto.  Mais la malédiction suit son cours…

Le contrat étant réalisé, Sparafucile avise Rigoletto qu’il peut désormais venir chercher le sac maudit.

L’heure de la vengeance ultime a sonnée… Rigoletto ouvre le sac et fait une macabre découverte… Stupéfait,  il  découvre l’identité de la victime, ce qui le laisse anéanti à jamais.

Gilda
Gilda

Se glisser dans la peau de Gilda, du duc de Mantoue ainsi que de Rigoletto est très exigeant, et ce, sous tous les aspects.
Cela demande une maîtrise vocale de haut niveau ainsi qu’une prestation de jeu solide et convaincante.

Gregory Dahl, baryton, qui personnifie Rigoletto, nous démontre tout son savoir faire et ce, avec aisance. Sa voix est puissante et il campe parfaitement son rôle.  Car jouer Rigoletto demande une grande capacité vocale. Ce rôle est l’un des plus exigeant du répertoire. Et c’est avec brio que Gregory Dahl nous livre un Rigoletto sans faille.  Sa prestation a été extraordinaire du début à la fin, autant dans les instants de rigolade au premier acte que dans le drame final de l’oeuvre.

Pour Raphaëlle Paquette c’est une grande aventure que d’avoir la chance de personnifier Gilda.  Elle possède une voix cristalline et pure et elle est à la hauteur du personnage incarné.

Les costumes quant à eux, sont flamboyants, magnifiques et reflètent fidèlement l’époque du XVI siècle.

Les décors sont minimalistes, mais exploitent efficacement l’espace. Ils sont sombres et dramatiques, ce qui est en accord avec l’oeuvre.

La mise en scène sous la direction de François Racine est efficace, et nous fait vivre un moment fort au 3 ième acte, lorsque l’orage surgit avec ses pluies diluviennes et ses éclairs. Très réussi comme effet !

Mille bravos à l’orchestre symphonique de Québec, sous la direction de maestro Derek Bate, qui nous a offert encore une fois une prestation musicale remarquable.

Avec sa quantité impressionnante d’airs connus, dont La Donna è Mobile et plusieurs autres, l’occasion est idéale pour le public désirant s’initier à cet art lyrique.  A cet effet, l’Opéra de Québec permet à plusieurs groupes d’étudiants de tous âges, de pouvoir assister aux générales.
Jeudi dernier ils étaient plus de 1200 à assister à cette représentation.  Et à en juger leurs chaleureux applaudissement lors de la révérence finale, ils ont été complètement conquis.

Présenté les 21 (19 h), 24, 26, 28 (20 h) octobre 2017 au Grand Théâtre de Québec, salle Louis-Fréchette

Prix des billets : de 53 $ à 150 $
* taxes et frais de service inclus

Info: 418 643-8131

www.operadequebec.com
DISTRIBUTION :

Rigoletto Gregory Dahl, baryton
Gilda Raphaëlle Paquette, soprano
Duc de Mantoue Steeve Michaud, ténor
Sparafucile Marcel Beaulieu, basse
Maddalena Genevieve Levesque, mezzo-soprano
Giovanna Judith Bouchard, soprano
Le comte Monterone Marc-André Caron, baryton
Marullo Marc-Antoine D’Aragon, baryton
Matteo Borsa Jonathan Gagné, ténor
Le comte de Ceprano Michel Servant, baryton-basse
La comtesse de Ceprano Marie-Michèle Roberge, soprano
Un huissier de la cour Dominique Gagné, ténor
Un page Elizabeth Veilleux mezzo-soprano

Choeur de l’Opéra de Québec

Orchestre symphonique de Québec

Direction générale et artistique de l’Opéra de Québec Grégoire Legendre

Direction musicale Derek Bate

Metteur en scène François Racine

Conception des décors Michel Baker

 

Conception des costumes Judith Fortin

Conception des éclairages Serge Gingras

Direction des choeurs Réal Toupin

Pianiste-répétiteur Maurice Laforest

Crédit photos  Louise Leblanc
Opéra en trois actes

Livret de Francesco Maria Piave

Musique de Guiseppe Verdi

D’après l’oeuvre de Victor Hugo « Le Roi s’amuse »