Centre d’humbles survivants légèrement détraqués (CHSLD)

Centre d'humjbles survivants légèrement détraqués CHSLD
Centre d’humjbles survivants légèrement détraqués CHSLD

En ouvrant les portes du 315 rue St-Joseph Est, le personnel du Théâtre la Bordée nous souhaite la bienvenue au CHSLD.  En attendant la rencontre des cinq résidents accompagnés d’un préposé qui nous feront vivre des situations pleines de rebondissement, un gobelet de pilules sans ordonnance nous est offert ou encore une paparmane rose. Sur un fond musical doux, guitare et accordéon, les gens se bercent tout doucement en attendant de participer à la journée porte ouverte du centre d’humbles survivants légèrement détraqués (CHSLD).

Avec des pas rythmés, madame et monsieur Garant, entre au salon. Monsieur Garant, vétéran jaloux et impatient met un disque sur la table tournante : l’Hymne national du Canada résonne. À leur tour, Mme Blanchette, M. Sanschagrin et Martin, le préposé, se présentent au salon, comme à tous les jours.

Durant plusieurs minutes, aucune parole n’est prononcée : le public doit être attentif aux regards, aux non-dits des comédiens qui incarnent des humains avec toute leur complexité et leur vécu.  Ces moments de silence nous permettent de s’ajuster à ce rythme de vie calme que nous propose la pièce.

En parlant de calme, l’arrivée d’un nouveau résident, monsieur Ladouceur, provoque des réactions auprès des anciens, comme par exemple son droit acquis de savourer une boisson gazeuse alors que maintenant il n’y en a plus de servi gratuitement au centre. Beau clin d’œil à la réforme. Une crise de jalousie et perceptible sans qu’aucun mot ne soit prononcé.

L’auteure Véronika Makdissi-Warren raconte : « toute petite, j’étais fascinée par Charlie Chaplin : son regard doux, naïf, empathique envers la société a toujours su me faire rire et, l’instant d’après, me faire pleurer. Il avait cette capacité à atteindre les cœurs des petits et des grands avec humilité et sincérité…» et c’est dans cet esprit théâtral que la pièce évolue.

Malgré le peu de mots, de cours textes font réfléchir : par exemple, lorsqu’un résident avoue qu’il ne voudrait pas être jeune aujourd’hui en regardant Martin, le préposé, s’occuper de tout et de tous à grande vitesse parce que tout passe par lui, médication, hygiène, nourriture, amusement, même le monde extérieur parce que les résidents sont confinés à leur salon;  de le voir travailler de nombreuses heures supplémentaires afin de payer ses dettes, de courir à la garderie parce que sa femme est aussi occupée que lui, etc., est peu enviable pour ces personnes d’une autre génération.

Il y a des moments vraiment drôles comme la partie de poker ou encore le combat de lutte, de moments tendres de danse et accordéon, des moments touchants ou madame Blanchette se revoit jeune et parle à son père ou encore monsieur Garant qui revit un moment de guerre. Un moment de grande gêne, même pour le public est vécue lorsqu’une partie du corps d’une résidence lui fait défaut.

Les saisons passent une après l’autre tout doucement dans la routine quotidienne de chacun des résidents tout en vivant des situations comiques dans cette dernière résidence ou la mort les attend chacun à leur tour.

Scène CHSLD
Scène CHSLD

Les jeunes comédiens interprètent avec synchro dans leur geste et avec justesse dans leur rôle de personnes âgées. On y reconnait facilement un père, une mère, un oncle ou tante en espérant que cela donnera le goût au public d’aller à la rencontre de leur famille malgré l’effort et le courage que cela demande de voir notre image projetée dans 20, 30, 40 ou 50 ans..

Les médias parlent beaucoup et malheureusement pas toujours en bien de ces centres pour personnes âgées, mais la réalisatrice et les comédiens de la pièce Centre d’humbles survivants légèrement détraqués nous vont vivre le quotidien de ses résidents, qui malgré leur condition physique et mentale diminué, trouvent auprès des préposés et tout le personnel, un environnement sécuritaire, d’attachement les uns envers les autres, de plaisir, de partage et d’empathie.

Une coproduction de La Bordée et du Théâtre Niveau Parking

Durée de la représentation : 1h20 sans entracte

Idée originale : Véronika Makdissi-Warren

Texte et mise en scène: Véronika Makdissi-Warren

Distribution : Marie-Pierre Lagacé, Patrick Ouellet, Jocelyn Paré, Raphael Posadas, Réjean Vallée et Karine Werneck Assis

Assistance à la mise en scène : Charles-Etienne Beaulne

Décor : Christian Fontaine

Costumes : Julie Morel

Lumières : Mathieu C. Bernard

Le Théâtre de la Bordée est un théâtre populaire québécois situé dans le quartier Saint-Roch à Québec en face de la bibliothèque Gabrielle-Roy.

Adresse315 Rue Saint-Joseph Est, Ville de Québec, QC G1K 3B3

Horaire:  Ouvert : 9h00–12h00, 13h00–17h00

Téléphone: (418) 694-9721

http://bordee.qc.ca/piece/chsld/

https://www.billetech.com/venue/le-theatre-de-la-bordee-quebec-billets/abord/89

 crédit photo