La mort d’un commis voyageur, un texte fort, percutant et toujours actuel. Marc Messier et Éric Bruneau, au sommet de leur forme!

La mort d’un commis voyageur

Dans la cadre de la tournée du Rideau Vert, La mort d’un commis voyageur, mettant en vedette entre autres Marc Messier, Éric Bruneau et Louise Turcot, s’est arrêtée pour une soirée à la Salle Albert-Rousseau le 14 janvier dernier.  Cette grande œuvre dramatique américaine d’Athur Miller est mise en scène par Serge Denoncourt et bien qu’elle fut écrite il y a plusieurs décennies, elle est toujours autant actuelle aujourd’hui. 

Résumé : À soixante ans, Willy Loman est épuisé. Il n’a plus la force de prendre la route. Incapable de sortir de son immobilisme, il se perd dans le brouillard apaisant de ses souvenirs de gloire ancienne où l’avenir était rempli de promesses. Mégalomane, Willy est persuadé que seul le charisme mène à la réussite et il se désole de constater que son fils Biff, pourtant si prometteur dans sa jeunesse, n’a aucune ambition professionnelle. Lorsque Biff vient les visiter, les reproches du père s’accumulent et il ne manque qu’une étincelle pour que tout explose. Les révélations du passé pousseront-elles Willy à sortir de ses songes et à finalement affronter la réalité? 

Cette grande pièce, qui met en scène une famille ouvrière américaine, à New York, démontre les effets de l’échec du rêve américain. Mais surtout, cette œuvre met en lumière la relation très complexe entre un père et son fils. Les espoirs et déceptions de l’un envers l’autre. L’amour-haine entre un père un et fils, les colères, les passions, le poids d’être à la hauteur des attentes de l’autre, la peur que l’autre découvre nos faiblesses, bref, cette relation délicate, ardue et douloureuse, entre un père et son fils est extrêmement bien amenée, imagée et interprétée par Marc Messier et Éric Bruneau. Bien qu’il y ait un deuxième fils, joué également avec brio par Mikhaïl Ahooja, c’est surtout, les liens entre Willy et son fils ainé Biff qui sont mis à l’épreuve.

Au niveau de la mise en scène, Serge Denoncourt a choisi d’y aller avec une scène épurée et un décor simpliste, mais efficace, laissant ainsi toute la place au texte fort et aux prestations gigantesques des acteurs. Il y a seulement une table, quelques chaises, deux valises, et un lit superposé qui fait surface le temps d’une scène, qui servent comme accessoires. Pour le décor de fond de scène, j’ai trouvé brillante l’idée d’avoir un écran qui représente la structure d’une façade de maison. Lorsque le personnage de Willy fabule dans ses souvenirs et nous fait faire un retour arrière dans son passé, alors les éclairages font en sorte que l’on voit l’extérieur de la maison, avec les deux ormes (maintenant disparus au profit d’un immense bloc appartement), qui étaient là du temps de l’adolescence de ses deux gars.  J’aime bien aussi que les personnages du passé viennent parfois interférer avec les discussions du présent, montrant ainsi à quel point Willy devient mêlé, qu’il perd la notion de la réalité, qu’il se laisse envahir par ses souvenirs plutôt que de vivre dans le présent.

Également, Denoncourt nous sert à l’occasion quelques notes de piano, pour ajouter à la mélancolie, et parfois des rires hors champ, pour nous faire entrer un peu dans la folie temporaire de Willy,  qui croit que les gens rient de lui. C’est un bel ajout, simple, mais efficace.

Il faut dire que Marc Messier porte cette pièce sur ses épaules. Autant il peut nous paraître pathétique, colérique, sans cœur avec sa famille, surtout sa femme, autant il peut nous montrer une petite fenêtre sur sa tendresse, ses rêves déchus, son désarroi, son anxiété, son découragement de perdre ainsi tous ses repères. Il nous émeut, tout en nous révoltant. C’est toute une performance.

Pour l’égaler sur scène, Éric Bruneau, qui lui tient tête, livre également une des plus magnifiques performances de sa carrière, à mon avis. Autant il est colérique, fainéant et menteur au début de la pièce, autant on découvre son grand malaise intérieur au fil du temps, et lorsqu’en deuxième partie de la pièce, il s’écroule, en laissant tomber les masques et en laissant jaillir la vérité, il est totalement sublime! Toute une performance de jeu!

Louise Turcot incarne la mère de famille, celle qui soutient, qui répare, qui console, qui tente de calmer les ardeurs. Elle est la douceur incarnée, la mère et l’épouse idéale d’une autre époque. Et lorsqu’elle décrit à ses fils, en première partie de la pièce, comment la vie de leur père se désagrège, comment elle a peur pour sa santé mentale, elle nous fait découvrir un amour infini pour son époux et une détresse émouvante. Elle est sublime!  Elle oublie tous les travers de son mari et ne fait ressortir que le beau, le bon, malgré qu’il ne la traite pas comme il devrait. Elle est tellement émouvante!

Il y a également plusieurs rôles de soutien dans cette pièce qui sont également magnifique, tel que Manuel Tadros et Robert Lalonde, pour ne nommer que ceux-là.

Au final, cette pièce de 2h30 passe à la vitesse de l’éclair, tellement on est pris dans ce tourbillon de mots, ce texte fort et percutant, que des acteurs chevronnés nous livrent avec passion, ferveur et vibrantes émotions.

La mort d’un commis voyageur sera en tournée dans plusieurs salles au Québec dès janvier 2018!

14 janvier 2018           QUÉBEC – Salle Albert-Rousseau

17 janvier 2018           SAINT-JÉRÔME – Théâtre Gilles Vigneault

19 janvier 2018           GATINEAU – Salle Odyssée

20 janvier 2018           GATINEAU – Salle Odyssée

23 janvier 2018           BROSSARD – L’Étoile Banque Nationale

24 janvier 2018           SHAWINIGAN – Salle Philippe-Filion

25 janvier 2018           JOLIETTE – Centre culturel de Joliette

26 janvier 2018           SAINTE-THÉRÈSE – Théâtre Lionel-Groulx

27 janvier 2018           SAINTE-THÉRÈSE – Théâtre Lionel-Groulx

30 janvier 2018           SHERBROOKE – Salle Maurice-O’Bready

31 janvier 2018           DRUMMONDVILLE – Salle Léo-Paul-Therrien

2 février 2018 LAVAL – Salle André-Mathieu

3 février 2018 TERREBONNE – Théâtre du Vieux-Terrebonne

La mort d’un commis voyageur sera en supplémentaires à la Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau dès le 6 février 2018.

Durée 2 h 30 (en plus d’un entracte de 20 minutes)

Texte d’Arthur Miller
Traduction et mise en scène de Serge Denoncourt

Assistance à la mise en scène : Marie-Christine Martel
Avec Marc Messier, Mikhaïl Ahooja, Marilyse Bourke, Éric Bruneau, Sarah Cloutier Labbé, Charles Alexandre Dubé, Aude Lachapelle, Robert Lalonde, Jean-Moïse Martin, Mathieu Richard, Manuel Tadros et Louise Turcot

CONCEPTEURS

Accessoires JULIE MEASROCH

Costumes GINETTE NOISEUX

Décors GUILLAUME LORD

Éclairages ERWANN BERNARD

Maquillages et coiffures AMÉLIE BRUNEAU-LONGPRÉ

Musique LAURIER RAJOTTE

Perruques RACHEL TREMBLAY

http://sallealbertrousseau.com/

http://www.rideauvert.qc.ca/

Crédit photos : Courtoisie