Cette semaine le cinéma le Clap propose deux très bons drames, par deux réalisateurs qui présentent leur premier film, où le suspense nous tient en haleine et l’histoire nous captive du début à la fin. Le Nid de David Paradis et Searching (Recherche) de Aneesh Chaganty sont les deux films que j’ai vus et que je recommande fortement cette semaine! Également, pour les amateurs de biographies ou de documentaires, j’ai vu le film McQueen, un portrait très intéressant sur le designer avant-gardiste britannique Alexandre McQueen.
Le Nid, un film de David Paradis
Résumé : Le nid, c’est le nom donné à une maison aux grandes pièces glauques et délabrées. C’est dans ce lieu qu’est entraîné Pierre par Isabelle, son amoureuse, qui lui dicte les règles d’un jeu à l’aide d’un écran vidéo. L’endroit devient un laboratoire de création pour cinq jours d’introspection. Isolé sur place, Pierre devra faire un mini-film par jour à partir des vérités sentimentales que lui confiera sa bien-aimée.
En général, les suspenses psychologiques ne font pas partie de mes styles de films favoris, par contre, la bande-annonce et le fait que c’était un huis clos intimiste avec Isabelle Blais et Pierre-Luc Brillant, deux excellents acteurs que j’admire, je ne pouvais laisser passer cette chance de les voir jouer ensemble. Quelle bonne idée j’ai eue!!
Pour son tout premier film, David Paradis livre ici un premier long métrage audacieux, inventif, alternant entre la frayeur et la comédie. Un mélange de genre, et une histoire qui se complexifie à mesure qu’on est exposé aux vérités d’Isabelle sur vidéo, et aux réactions de Pierre-Luc dans ses réponses à sa belle. Bien sûr, je ne peux en parler trop, pour ne pas dévoiler les moments cruciaux du film. Mais il est absolument certain que vous serez déstabilisés, déroutés, puis touchés et émus par leur proposition. Et vous aurez même des moments de rigolade pour détendre un peu l’atmosphère. Un film de 84 minutes qui vous garde cloué sur votre siège, attentif, voilà ce que Davis Paradis nous a concocté pour nous convaincre de ses talents de scénariste et réalisateur. Belle réussite. Mention spéciale également à Pierre-Luc Brillant d’avoir cosigné la musique du film.
Québec. 2018. 84 min (V.O.F.). Drame réalisé par David Paradis. Scén. : David Paradis, Bruno Maltais. Mus. orig. : Pierre-Luc Brillant, Francis Rossignol. Int. : Isabelle Blais, Pierre-Luc Brillant, Danaé Bégin.
Searching (Recherche) Un film de Aneesh Chaganty (présenté autant en version originale anglaise qu’en version française)
Résumé : David Kim, veuf depuis deux ans, vit seul avec Margot, sa fille adolescente. Lorsque celle-ci disparaît sans laisser de traces, la détective chargée de l’affaire croit à une fugue. Mais David, sceptique, effectue sa propre enquête en épluchant les données contenues sur les appareils électroniques du foyer, sur Internet et sur les médias sociaux. Il découvre, stupéfait, qu’il ne connaissait pas son enfant aussi bien qu’il le croyait.
Encore une fois, c’est la bande-annonce de ce film qui m’a attiré, de par son originalité d’être présenté avec exclusivement la technologie, soit des appareils de communication de tous les jours, tels que l’ordinateur, internet, le téléphone intelligent, les vidéos, les bulletins de nouvelles télévisés. Ce nouveau langage filmique s’appelle le screenlife. On voit tous les personnages, constamment à travers des objets de communication. C’est hallucinant comme procédé et c’est tellement réaliste qu’on est rivé sur l’écran du début à la fin de ces 102 minutes que dure ce suspens savamment présenté par ce nouveau réalisateur Aneesh Chaganty, âgé seulement de 27 ans.
Dès les premières minutes du film, on est transporté dans l’univers de cette famille, alors qu’on nous propose, en 10 minutes, un résumé des événements marquants de leur vie familiale, à l’aide de photos et vidéos qu’ils ont capturés et emmagasinés dans leur ordinateur. Il y a David Kim, le père, (joué avec finesse, émotion et intensité par John Cho), Pamela (Sara Sohn) et Margot, leur fille, que l’on voit à diverses époques de son enfance, jusqu’à l’âge de 16, deux ans après la mort de sa mère du cancer. Ainsi, en quelques minutes, on connaît la dynamique de cette famille et on devient rapidement inquiet, lorsque David se rend compte que sa fille est portée disparue.
Naturellement, je ne vendrai pas les punchs du film, mais il est certain que pendant plus d’une heure trente minutes, nous sommes cloués à notre siège, complètement captivé par la série de rebondissements que nous amène ce scénario. Je trouve génial de voir comment on peut utiliser internet, les réseaux sociaux, les médias, pour faire des recherches, des rencontres, des découvertes sur des gens, des lieux, des événements. Cela nous permet assurément une bonne réflexion sur le pouvoir de la technologie. J’adore que l’équipe technique ait pu reproduire avec grand réalisme les interfaces de programmes tels que Chrome, Facebook, YouTube, Instagram, Gmail, iMessage, car cela ajoute à notre envie de croire à cette histoire.
Je dois absolument parler de l’excellent jeu de l’actrice Debra Messing, qui incarne la détective chargée de l’enquête. Cette actrice qu’on a beaucoup vue à la télé dans la série Will & Grace nous démontre un autre pan de son jeu d’actrice qui est hallucinant. Elle m’a totalement impressionnée.
Au final, j’adore que ce film m’ait amené sur diverses pistes, m’a permis de croire que j’avais deviné la bonne piste, pour ensuite m’envoyer complètement à l’opposé et me dérouter à nouveau totalement. Ce suspens sur fond de kidnapping est extrêmement réaliste et riche en émotions fortes. À la sortie de la salle, je rejouais à nouveau une partie de film dans ma tête pour me remettre tous les morceaux de l’histoire en tête. Qui sait, j’irai peut-être le revoir à nouveau…
États-Unis. 2018. 102 min (V.O.A.). Suspense réalisé par Aneesh Chaganty. Scén.: Aneesh Chaganty, Sev Ohanian. Musique: Torin Borrowdale. Int.: John Cho, Michelle La, Joseph Lee, Debra Messing.
McQueen Un film de Ian Bonhôte, Peter Hettedgui
Résumé : L’ascension au succès d’Alexander McQueen est est un conte de fées moderne avec une touche gothique. Reflétant la beauté sauvage, l’audace et la vivacité de son design, ce documentaire est une révélation intime du monde de McQueen, qui célèbre un génie à la fois torturé et inspiré qui a laissé sa marque par son style hypnotisant et avant-gardiste.
Finalement, pour ceux qui préfèrent les documentaires, ou les biographies, le film McQueen est extrêmement intéressant. On y suit la carrière phénoménale d’Alexandre McQueen alors qu’il n’a débuté avec rien et peu à peu a développé son propre style de haute couture et a présenté des défilés parfois gothiques, déstabilisant, mais surtout plein d’originalité et de réel génie. Il a travaillé avec Givenchy et par la suite avec Gucci, tout en créant sa propre compagnie qui existe toujours, malgré son départ tragique en 2010. À l’aide d’entrevues avec de la famille et des amis, ainsi que des vidéos personnels d’archives d’Alexandre, on retrace sa vie et on apprend la philosophie et les motivations derrière ses créations. Il le dit en entrevue : « Je ne veux générer une émotion chez les gens qui viennent voir mes défilés. Cela peut être une émotion positive ou négative, mais il ne doit pas rester indifférent. » Je crois qu’il a bien réussi son mandat. À voir si la mode, l’esprit créatif ou les documentaires biographiques vous intéressent.
Grande-Bretagne. 2018. 109 min (V.O.A.). Documentaire biographique réalisé par Ian Bonhôte et Peter Hettedgui. Int.: Alexander McQueen, Isabella Blow, Danny Hall, John Hitchcock, Koji Tatsano.
Pour l’horaire de tous ces films au cinéma Le Clap ainsi que la liste des autres films présentés dans ce cinéma : http://www.clap.qc.ca/
