Après avoir connu un très grand succès comme pièce de théâtre, et ayant récolté 5 prix Molière 2017, Edmond, de Alexis Michalik scénariste-réalisateur, a été adapté au cinéma et prend l’affiche au Québec, entre autres au cinéma Le Clap, le 8 février 2019. Edmond, qui met en vedette dans le rôle-titre Thomas Solivérès, aux côtés de Mathilde Seigner, Olivier Gourmet, Tom Leeb, Lucie Boujenah, Alice de Lencquesaing, Clémentine Célarié, Igor Gotesman, Dominique Pinon, Simon Abkarian, Marc Andréoni, Antoine Duléry et Jean-Michel Martial pour ne nommer que ceux-là, est sortie en France en janvier dernier et a été présenté en clôture du Festival Cinémania. Ce film est librement inspiré d’une histoire vraie vécue par le poète et dramaturge français Edmond Rostand.
Résumé : DE?CEMBRE 1897, PARIS. Edmond Rostand n’a pas encore trente ans, mais déjà deux enfants et beaucoup d’angoisses. Il n’a rien écrit depuis deux ans. En désespoir de cause, il propose au grand Constant Coquelin une pièce nouvelle, une comédie héroïque, en vers, pour les fêtes. Seul souci : elle n’est pas encore écrite. Faisant fi des caprices des actrices, des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme, des histoires de cœur de son meilleur ami et du manque d’enthousiasme de l’ensemble de son entourage, Edmond se met à écrire cette pièce à laquelle personne ne croit. Pour l’instant, il n’a que le titre : « CYRANO DE BERGERAC »
Ce que j’aime par-dessus tout dans ce film, c’est le rythme qu’il s’impose, le feu roulant d’actions et de plans-séquences qui se déroulent avec une panoplie de personnages et de figurants. Jamais on ne s’ennuie durant près de deux heures, à découvrir l’envers du décor de la création artistique et les angoisses d’un auteur.
J’adore également que l’on côtoie, avec ce film, des artistes de renom qui fascinent, tel que Sarah Bernhardt que l’on voit interpréter La princesse Lointaine de son ami poète Edmond Rostand qu’elle admire profondément. Clémentine Célarié est sublime dans son personnage coloré, à la fois pleine de fougue et un réel sens du comique. On y retrouve aussi le scénariste et réalisateur Alexis Michalik lui-même qui se met dans la peau de Georges Feydeau, l’ennemi juré d’Edmond. On voit aussi une trop courte apparition d’Anton Tchekhov. On se laisse aisément embarquer dans cet univers, cette ambiance de ce Paris la fin du XIXe, avec quelques scènes dans les rues semi-éclairées, la vision du célèbre Moulin Rouge et la tour Eiffel en arrière-plan de certaines scènes. J’ai aimé qu’on entre également dans cet établissement du Moulin Rouge pour une scène avec les filles qui dansent le French Cancan pendant que les hommes attablés discutent et boivent.
Ajoutez à cela une superbe musique qui accompagne le tout, dont un certain Boléro de Ravel vers la fin du film, qui m’a donné des frissons de bonheur.
Cette histoire est originale, ingénieuse même. On alterne entre les moments cocasses, la comédie du vaudeville parfois, avec les producteurs corses (Simon Abkarian et Marc Adreoni) qui ressemblent à la mafia de l’époque et qui insistent pour que le rôle principal féminin soit joué par Marie Legault (Mathilde Seigner, magnifique jeu d’une vedette exigeante et horripilante), et les moments tragiques, sur les déboires rocambolesques de la création. Tout ce qui peut arriver pour retarder cette pièce survient! C’est à la fois hilarant, surprenant et inspirant de voir Edmond (Thomas Solivérès extrêmement crédible) se démener avec passion pour sa pièce Cyrano, tout en doutant constamment.
J’aime qu’il y ait ce parallèle entre l’écriture de la pièce et le vécu d’Edmond. Il s’inspire de ce qui l’entoure et ce qu’il vit. Son ami comédien Léo, un peu niais, et séducteur de ses dames (excellent Tom Leeb), tente sa chance avec la costumière Jeanne (délicieuse et douce Lucie Boujenah), mais n’y arrivant pas avec sa cour, Edmond lui écrit des vers passionnés qui lui serviront ensuite d’inspiration pour écrire sa pièce. La finesse des dialogues m’a complètement jeté par terre. Un des plus beaux exemples réside dans la scène sous un balcon, où Edmond souffle à Léo les mots doux pour sa dulcinée, celle-ci répondant avec joie et douces rimes. C’est magnifique!
Finalement, j’adore les scènes de répétitions de la pièce, avec tous ces beaux costumes d’époques, la foule de comédiens sur scènes, les imbroglios, les essais et erreurs, et par la suite, on y voit la représentation, en cette fin décembre 1897, telle que présentée au théâtre, devant public.
De ce film, je pourrais en parler encore longtemps, car je l’ai adoré en tout point. Mais disons qu’en résumé, ce film n’est ni un film historique, ni une tragi-comédie, ou encore moins une comédie romantique, mais c’est tout cela à la fois… Un spectacle grandiose, une célébration du théâtre, un pur délice de divertissement.
LISTE ART I S T IQUE
Thomas SOLIVÉRÈS Edmond Rostand
Olivier GOURMET Constant Coquelin
Mathilde SEIGNER Maria Legault
Tom LEEB Léo Volny
Lucie BOUJENAH Jeanne
Alice DE LENCQUESAING Rosemonde
Clémentine CÉLARIÉ Sarah Bernhardt
Igor GOTESMAN Jean Coquelin
Dominique PINON Lucien
Simon ABKARIAN Ange Floury
Marc ANDREONI Marcel Floury
Jean-Michel MARTIAL Monsieur Honoré
Olivier LEJEUNE Le Vieux Cabot / Carbon / De Guiche
Antoine DULERY L’Arrogant / Le Bret / Lignières
Alexis MICHALIK Georges Feydeau
Benjamin BELLECOUR Courteline
Nicolas BRIANÇON Jules Claretie
LISTE TECHNIQUE
RÉALISATION Alexis MICHALIK
IDÉE ORIGINALE, SCÉNARIO & DIALOGUES Alexis MICHALIK
PRODUIT PAR Alain GOLDMAN
COPRODUIT PAR Sidonie DUMAS
Vanessa DJIAN
Benjamin BELLECOUR
Sylvain GOLDBERG
Serge DE POUCQUES
Nadia KHAMLICHI
Gilles WATERKEYN
IMAGE Giovanni FIORE COLTELLACCI
1ER ASSISTANT RÉALISATEUR Michaël VIGER
DÉCORS Franck SCHWARZ
COSTUMES Thierry DELETTRE
CASTING Michaël LAGENS
MONTAGE Anny DANCHE
Marie SILVI
SON Antoine DEFLANDRE
Niels BARLETTA
Fred DEMOLDER
MUSIQUE ORIGINALE Romain TROUILLET
Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=FbIlKeWiTKY
Copyright : © Legende Films—Ezra Gaumont, Photos: Nicolas Velter