Le singe noir

Le singe noir.

Avec Zakhar Prilepine et Le singe noir, le lecteur ne sait pas ce qui est réel, de ce qui ne l’est pas.  On a l’impression de marcher dans un épais nuage avec parfois quelques éclaircis. L’histoire ressemble à des poupées russes. Plusieurs petites histoires s’imbriquent les unes dans les autres ou évoluent en parallèle. Il semble que la prise de la cité par des jeunes enfants qui réussissent à vaincre les grands soit une métaphore pour rappeler une certaine révolution d’octobre  ou toutes les révolutions.

Il n’est pas facile de trouver des repaires solides pour bien comprendre l’histoire, mais il est quand même intéressant de découvrir ce genre de littérature.

Est-ce représentatif de la littérature russe moderne ?

 À lire pour faire une découverte originale.

 Le jeune narrateur du Singe noir – le singe noir désignant un jouet d’enfant –, journaliste et écrivain moscovite, est envoyé enquêter sur un laboratoire ultrasecret où un professeur “s’occupe” d’enfants meurtriers. “Savez-vous que, dans la Chine antique, certains empereurs confiaient aux enfants le soin de torturer… Car les enfants ne connaissent pas les catégories du bien et du mal.”
Le narrateur est à un moment de sa vie où tout bascule. L’atmosphère à son travail est de plus en plus pesante ; père d’enfants en bas âge, une fille et un garçon, sa vie conjugale est un naufrage ; sa maîtresse, genre obsédée sexuelle, le trompe effrontément ; enfin il tourne autour d’une prostituée qui tapine aux abords de la place des Trois-Gares, quartier de Moscou on ne peut plus mal famé.
On comprend alors qu’il se lance à corps perdu dans cette dangereuse enquête qui le conduit sur les lieux du massacre, perpétré par des jeunes, de tous les habitants d’un immeuble. Une barbarie qui lui rappelle celle des bandes d’enfants, au Moyen Âge, et aujourd’hui, des enfants-soldats d’Afrique. Mais tout cela est-il bien réel ? Approcher de si près des secrets d’État fait-il perdre la raison ou, pour finir, toute cette histoire n’est-elle que le fruit de l’imagination malade du narrateur ? Reste un trouble profond : si même les enfants que l’on croyait innocents sont habités par le Mal, où va le monde ? “L’enfant est tout”, disait Mitia Karamazov, à quoi quelqu’un ajoutait que l’humanité tout entière est comme un enfant qui aurait oublié son enfance. Alors ?

 

Zakhar Prilepine

 

Né en 1975, Zakhar Prilepine est rédacteur en chef de l’édition régionale de Novaïa Gazeta, le journal où écrivait Anna Politkovskaïa, la journaliste assassinée. Il a soutenu la coalition anti-pouvoir L’Autre Russie. Actes Sud a publié son roman San’kia (2009) et son recueil de nouvelles Des chaussures pleines de vodka chaude (2011).

 

 

Nombre de pages : 318

Prix suggéré : 22,50€

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