Daniel Bélanger, authentique et transformé!

Daniel Bélanger et son band
Daniel Bélanger et son band

Lors du Gala de l’ADISQ du 27 octobre dernier, Daniel Bélanger, un adversaire de taille,  a encore une fois donné chaud à plusieurs artistes québécois puisqu’il a dégoté quatre nominations, dont celle de l’interprète masculin et de l’album rock de l’année. Intitulé Chic de ville, cet album a été enregistré en partie à Nashville, au Tennessee et son style, nouveau, raconte l’Amérique des années 50. Lors de son passage dans la Vieille Capitale hier, le 16 novembre, au Grand Théâtre, l’auteur-compositeur-interprète nous présente son petit dernier, paru en mars 2013. Une réinvention surprenante, mais une recette gagnante puisque la salle Louis-Fréchette est comble…et comblée.

En ouvrant le bal avec La poursuite du bonheur, son extrait le plus popularisé de Chic de ville, le chanteur affiche déjà les couleurs rockabilly dont a été teintée sa tournée. Accompagné de Michel Dagenais à la guitare, de Richard Gélineau à la contrebasse et de Ben Caissie à la batterie, Daniel Bélanger panache son répertoire musical de notes rétro à la Johnny Cash. Ce rythme entraînant et dynamique qu’on ne lui connaissait que peu s’harmonisent avec sa voix douce, aussi juste et émouvante qu’il y a vingt ans.  Il ne faut pas oublier de mentionner l’enthousiaste contagieux de Ben Caissie, à la contrebasse.

Daniel Bélanger
Daniel Bélanger

La naïveté du son du rockabilly complète bien les interventions de Bélanger qui prennent l’allure d’historiettes, qui font le pont avec sa prose d’avant Chic de ville, un peu fou mais toujours vibrant d’émotion. Entre autres, la parenthèse sur le petit orgue et les pieds de Michel Dagenais fait particulièrement rire son fidèle public. L’auteur-compositeur-interprète tire grandement parti de son expérience dans l’industrie du spectacle, alors qu’il partage son temps de scène avec la musique et l’humour.

Les chansons de la tournée Chic de ville proviennent majoritairement de l’album éponyme, mais depuis plus de vingt ans de carrière, Daniel Bélanger accumule les succès et il en a joué quelques-uns au grand plaisir de ses fans. Happé par la beauté de ces chansons, un chœur de fortune se forme et alimente la charge émotive à chaque souvenir : les gens dans la salle chantent et rêvent. Sèche tes pleurs sollicite particulièrement la mémoire des spectateurs tandis que Bélanger la perd un peu et se fie un peu  à la foule pour retrouver les paroles enfouies. Cocasse. Par ailleurs, certains vieux hits, Le parapluie par exemple, sont réinventés par le son unique du rockabilly. Pour quelques-uns, un sacrilège, pour d’autres, un progrès.

À la fin, Daniel Bélanger se fait attendre alors que les spectateurs, debout et avides de frissons, intime le band de revenir à grands coups de cris et d’applaudissement incessants. Le public retient son souffle pendant quelques minutes alors que c’est un Daniel Bélanger touché qui revient sur la scène pour lui en donner pour son argent.  Les premières notes de La folie en quatre achèvent de contenter les admirateurs et les « Je t’aime » fusent de partout dans la salle. Les musiciens font leur entrée et, pour clore la soirée en beauté, ils jouent Tu peux partir, dernier extrait de l’album Nous.

Daniel Bélanger est bien ancré dans le cœur des Québécois depuis longtemps et ce n’est pas pour rien. La sortie de Chic de ville ne fait que prouver son évolution d’artiste et il n’a pas encore dit ni écrit son dernier mot. Sa voix magnifique ne s’altère pas au fil des ans et ses textes sont aussi accrocheurs qu’au début, cosmique amoureux qu’il est. Ses « ououououuuhou! » ne cesseront de séduire son public qui le pastiche en chantant, les yeux fermés, les pensées ailleurs.

Crédit photos : www.petermarcoux.com

Grand Théâtre de Québec