Après avoir remporté le prix du Jury au Festival de Cannes et être le film qui va représenter le Canada dans la course aux Oscars 2015, le cinquième film de Xavier Dolan, Mommy, mettant en vedette Anne Dorval, Antoine Olivier Pilon et Suzanne Clément a été présenté comme film d’ouverture du Festival du cinéma de la ville de Québec (FCVQ) et il est à l’affiche depuis le 19 septembre, dans les salles de cinéma du Québec.
Synopsis
Une veuve monoparentale (Anne Dorval) hérite de la garde de son fils (Antoine Olivier Pilon), un adolescent explosif et violent. Au coeur de leurs emportements et difficultés, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide de l’énigmatique voisine d’en-face, Kyla (Suzanne Clément). Tous les trois, ils retrouvent une forme d’équilibre et, bientôt, d’espoir.
J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Xavier Dolan et les acteurs de son film.
Pour les entrevues avec les acteurs du film, voici le lien :
Voici mon entrevue avec le scénariste et réalisateur du film.
Questions Xavier Dolan
Bravo pour ce 5e film, qui est, à mon avis, le plus réussi de tous vos films.
« Merci, ça me touche beaucoup, car c’est le film qui se rapproche le plus de ce que j’ai envie de faire au cinéma. »
Quel a été le plus grand défi pour vous avec ce film? « C’était de respecter et protéger les personnages. Ne pas prendre de décisions artistiques (décors, costumes) au détriment des personnages et de leur humanité. Ce sont des personnages d’une classe sociale assez défavorisée, je n’avais pas envie de les juger, de les regarder de haut, ou de les traiter en héros. Je voulais avoir un regard horizontal sur les personnages, de les voir comme mes amis, comme des gens que j’aime. Je ne voulais pas faire de la pornographie de la pauvreté. Ce sont des gens de peu de moyens, peu d’éducation. Ce sont mes voisins d’enfance, je connais leurs problèmes, je les ai vu vivre autour de moi. Dans le bus le matin, des Diane et des Steve j’en voyais et je les aime ces gens-là. Ils me font rire, ils sont courageux, ils ne s’apitoient pas sur leur sort. C’est cette attitude-là qui m’a inspiré ce film. »
J’ai bien aimé le fait d’avoir tout filmé sur écran plus rétréci, et seulement à deux occasions que l’écran devient plus large, lors des moments de bonheur réel ou de liberté. Expliquez-moi pourquoi? « J’ai filmé en format 1 :1 pour nous couper des distractions à gauche et à droite et se concentrer sur l’humain. Ce format 1 :1 (ou le 6×6) c’est le premier ratio à avoir existé en photo. Comme c’est le format qui est le plus adapté pour le mode portrait, je voulais qu’on l’utilise pour être le plus proche possible de l’être humain et qu’on regarde les personnages dans les yeux. Et non, ce n’est pas, comme certains l’ont dit, pour emprisonner les personnages ou les suffoquer. Et oui, les quelques moments où en filme en plan plus large, ce sont les moments de bonheur, de liberté où les personnages respirent. »
Antoine dans le rôle principal est génial? Comment avez-vous vu qu’il serait idéal pour ce rôle? « Je ne l’ai pas vu, je l’ai senti, je l’ai espéré. Sur mon autre projet avec lui (le clip pour Indochine), j’ai vu son attitude, son tempérament posé, son professionnalisme, sa maturité, sa curiosité, son ouverture, et ça m’a allumé. Je me suis dit qu’il pouvait faire Steve. »
Dans les crédits du film, on voit que vous avez les rôles suivants : producteur, scénariste, réalisateur, montage, costumes et vous avez même produit le dossier de presse. C’est important pour vous de toucher à tout? « Le cinéma c’est la somme de tous les arts. C’est sûr qu’il y a des choses qu’on peut faire soi-même et d’autres qu’on ne peut pas faire soi-même. Et c’est génial de s’entourer d’une équipe très compétente. J’ai vu ce film dans ma tête de A à Z, dans tous ces détails. Et c’est important pour moi de me rendre au bout de cette vision de mon film. Il y a des choses que je n’ai pu faire moi-même, car je n’ai pas cette expertise. Et alors, j’ai des gens pour m’aider. On crée un film en groupe, mais on pense un film seul. Et donc, j’aime faire le dossier de presse, j’aime faire l’affiche, j’aime monter mon film. Je ne sais pas si je suis le meilleur pour faire ces métiers-là, mais je suis le bon monteur pour mon film, car c’est ma vision du film. J’aime toucher à tout moi-même. C’est pour ça que ma compagnie s’appelle Sons of Manual. D’abord parce que mon père s’appelle Manuel, mais aussi parce que j’aime toucher à tout, manuellement. »
Plusieurs procédés sont utilisés, comme le ralenti, les images floues, embrouillées, et surtout beaucoup de musique…. Pouvez-vous m’expliquer le choix de toute cette belle musique qui ajoute au plaisir de regarder le film? « J’avais envie d’une trame très populaire, le top 20 des années 1990 et 2000. Des chansons qui nous feraient plaisir d’entendre. Des chansons qu’on a entendues à outrance à l’époque, mais qui ont laissé une marque dans notre imaginaire. Donc, des chansons sur lesquelles les personnages pourraient vivre des moments émouvants, mais aussi que le spectateur puisse se remémorer aussi ses propres souvenirs de jeunesse. Il fallait donc des chansons qui soient compatibles avec le film, mais avec un pouvoir émotif sur la vie du spectateur. »
Et comment faites-vous pour avoir écrit et tourné 5 films en 6 ans? N’avez-vous pas peur de vous brûler? «Je me suis brûlé l’an passé. J’ai dû prendre un trois semaines, un mois, de pause, sans rien faire, juste du niaisage. Pas de email rien. Le médecin m’a dit, c’est trois semaines maintenant ou sinon ce sera huit mois cet été. Je ne suis pas invincible. J’ai compris ça au printemps qu’il faut que je prenne soin de moi. Pour l’instant, je ne fais que la promotion du film Mommy partout dans le monde jusqu’en décembre, mais au moins, je ne tourne pas cet automne en même temps. »
Pour mon appréciation du film : https://info-culture.biz/2014/09/19/mommy-loeuvre-la-plus-accomplie-de-xavier-dolan-en-ouverture-du-fcvq-et-a-laffiche-partout-au-quebec/#.VB3GEpR5OSo
Pour le tapis rouge lors de la présentation du film en ouverture du Festival de cinéma de la ville de Québec : https://info-culture.biz/2014/09/19/coup-denvoi-du-festival-de-cinema-de-la-ville-de-quebec-avec-mommy-comme-film-douverture-ca-promet/#.VB3GHJR5OSo
Pour la galerie de photos du tapis rouge : https://www.flickr.com/photos/infoculturephotos/sets/72157647779279481/#sthash.M17NhPgy.dpuf
Fiche technique :
Diane “Die” Després : Anne Dorval
Kyla : Suzanne Clément
Steve O’Connor Després : Antoine Olivier Pilon
Paul : Patrick Huard
Patrick : Alexandre Goyette
Directrice du centre : Michèle Lituac
Marthe : Viviane Pacal
Natacha : Nathalie Hamel-Roy
Réalisation & scénario : Xavier Dolan
Direction photo : André Turpin
Musique : NOIA
Montage : Xavier Dolan
Décors : Colombe Raby
Costumes : Xavier Dolan et François Barbeau
Conception sonore & mix : Sylvain Brassard
Produit par : Nancy Grant, Xavier Dolan
Durée : 2h14min.
Aspect ratio : 1.25 (5:4)
Format : Couleur – 35mm/DCP
Pays : Canada
Dossier de presse : Xavier Dolan
Photographe : ©SHAYNE LAVERDIÈRE
Crédit photos : Réjeanne Bouchard