Amour (s) Trilogie Théâtrale

  Le 10 mai 2010

 

 

 

Qu’est-ce qui est venu en premier? L’écriture romanesque ou dramatique? Dans le cas de Michel Bellin, il semble bien que les deux se côtoient allègrement. Avec Amour(s), trilogie théâtrale, l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages, nous renvoie à certains textes que nous avions déjà lus sous forme romanesque. Quoique remaniés pour cette dernière parution, qui nous propose trois pièces de théâtre : Le duo des ténèbres, Raphaël ou le dernier été et Don Quichotte de Montclairgeau. Trois pièces dramatiques dont la forme d’écriture se rapproche étrangement à la prose romanesque des parutions antérieures mettant en vedette les mêmes personnages ou presque.

Dans Le duo des ténèbres les deux protagonistes qui évoluent en parallèle, dans le noir, cherchent l’amour fantasme. L’amour impossible. L’un avec un garçon d’origine arabe et l’autre avec un noir qui profite d’elle. Les deux personnages sont à la recherche d’une réconciliation avec leur enfance. Pour lui, le curé  « …je ne suis qu’un vieux gosse meurtri » et pour elle la pute «…je ne suis qu’une petite fille violente et fragile ». Les monologues sont intimement reliés à cette enfance qu’il est difficile d’oublier. C’est noir, noir, noir. Qu’il suffise de mentionner que pour rendre les textes de cette pièce sur scène, il faut certainement des comédiens de premier ordre. Pour la lecture c’est facile et prenant.

Avec Raphaël ou le dernier été, les deux personnages se distinguent principalement par l’âge. L’un est jeune et beau, l’autre vieux et décati. On a parfois l’impression d’assister à une rencontre entre le professeur et son élève malgré les efforts soutenus du vieillard pour créer une relation égalitaire. Lui, l’ancien curé qui se plait à étaler son savoir, parfois même avec de nombreuses citations d’auteurs ou de locutions latines. On s’étonne de ne pas entendre le plus jeune se rebeller devant une langue morte qu’il ne peut comprendre. Le point de chute est plus ou moins réussi quoique fort rapide et dramatique à outrance.

En ce qui a trait à Don Quichotte de Montclairgeau, sauf pour les directives de mise en scène suggéré par l’auteur, les  accessoires et le chant, cette pièce dont l’essence est la lecture d’un journal personnel d’un jeune homme de vingt ans au début du vingtième siècle en recherche de son identité sexuelle (quoique ce sujet soit fort peu élaboré) peut laisser le lecteur sur son appétit.

Au total ces trois textes, surtout les deux premiers, donnent de bons moments de lecture. Pour ce qui est de l’aspect  théâtral des textes, rien n’est vraiment évident. Il manque souvent des points de rupture. Trop linéaire. Alexandre Dumas a raison en parlant du théâtre : » tous les genres sont bons, sauf….. »

 

 

Michel Bellin, écrit sans répit depuis une dizaine d’années. S’il s’essaie chaque fois à un genre différent c’est dans son théâtre qu’il décline et décante ses thèmes de prédilection : la complexité des rapports humains, l’importance de la sexualité.

Prix suggéré : 22 €
236 pages

www.librairieharmattan.com