Une vie qui commence

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J’ai vu, en grande première sur invitation de presse, le film Une vie qui commence, qui a remporté un prix au festival de Namur en 2010. Ce premier film de Michel Monty, basé en partie sur son expérience personnelle, traite de la perspective d’un enfant face au deuil d’un parent. Le film prend l’affiche dès aujourd’hui, le 21 janvier. Mes entrevues avec les artisans du film se trouvent dans la section Rencontres de ce site.
 
Synopsis
Dans Une vie qui commence, l’action se déroule au début des années 60 à Montréal. Jacques Langevin (François Papineau), médecin et père de famille, a tout pour être heureux. La vie de sa famille bascule lorsqu’il meurt subitement. À travers les yeux d’Étienne (Charles-Antoine Perreault), l’aîné des trois enfants, nous suivons une famille qui doit composer avec cette nouvelle réalité.
 
Malgré la gravité du sujet, ce film d’époque dégage beaucoup d’humanité et des pointes d’humour qui permettent d’apprécier ce film pleinement tout en se replongeant dans ces années 60, non pas de manière nostalgique, mais plutôt en démontrant la différence d’avec aujourd’hui. Ce fut une époque empreinte de tabous face à la mort, d’insouciance (cigarettes dans les couloirs d’hôpital, les enfants sans ceinture de sécurité, dans la décapotable), et de manque de communication et de support pour vivre des épreuves. Il est intéressant de voir que nous avons évolué beaucoup à bien des niveaux.
 
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Le décor et les costumes des années 60 ont été bien reproduits. La musique également, sans nous rendre nostalgiques, tente plutôt de renforcer les émotions vécues. Une de mes meilleures scènes est le moment où le père, lors de sa crise s’injecte des produits pour se sentir mieux et en même temps, le public est submergé par la musique d’opéra et les battements de cœur au loin. La musique aide à mieux ressentir ces émotions. Également, la chanson du générique, One de Harry Nilsson, est bien choisie, car elle parle de la solitude d’être un au lieu de deux…
 
Je ne peux garder sous silence le choix des comédiens et leur jeu superbe. Tout d’abord, Charles-Antoine Perreault porte bien le film sur ses épaules dans le rôle du garçon en deuil. Pour une première expérience au cinéma, on voit bien en lui le talent inné et l’instinct d’un bon acteur. Dans le rôle de sa mère, Julie LeBreton semble être la personne tout indiquée pour incarner une femme des années 60. Réservée et soumise, comme elles l’étaient pour la plupart à cette époque, on la voit progressivement s’adapter à sa nouvelle vie et prendre sa place dans la société. Douce, mais déterminée, Julie LeBreton défend très bien ce rôle. François Papineau, que l’on semble voir partout ces temps-ci, offre une performance à la hauteur de son talent. Cet acteur a une présence à l’écran assez phénoménale. Reconnu surtout pour son excellent travail au théâtre, depuis la dernière année, il fait sa marque maintenant au cinéma. Bravo également à Michel Monty, d’avoir pensé à Rita Lafontaine pour incarner la grand-mère, soumise. Son jeu, tout en fragilité, gentillesse et naïveté contraste savoureusement avec son mari, le fabuleux Raymond Cloutier qui lui, est bourru et sévère à souhait. Il est un vrai chialeux haïssable, encore un autre bon choix d’acteur pour incarner ce vieux bougon. Il est fascinant de voir les relations père-fils dans ce film, qui démontre bien le fossé des générations. Une relation d’opposition et de pouvoir entre Jacques (François) et son père, tandis qu’avec son propre fils Étienne (Charles-Antoine), Jacques essaie d’avoir une relation très intime, lui apprenant tout et le rendant complice de tout ce qu’il fait, tout en lui cachant cependant le pire de ses secrets.
 
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Pour moi, ce que je retiens de ce film, c’est le point de vue de l’enfant, ses réactions face à ce deuil. Ce garçon ne pense pas à faire du mal en volant, en essayant de fumer, en prenant des pilules… Il tente seulement de garder le lien avec son parent disparu. Cela est viscéral pour lui, car il ne sait plus vivre sans son père qu’il idolâtre. Il faut donc être à l’affût des signes de détresses chez les enfants lors d’un deuil, car ils ne sont pas évidents. De plus, on voit l’importance des rites du deuil qui peuvent parfois sembler lourds et ennuyants. La pierre tombale, la mise en terre, la cérémonie, et même conserver un album de photos, de bons souvenirs pour se remémorer la personne défunte, ce sont tous de bons moyens pour faire son deuil avant de passer à la reconstruction d’une vie.
 
En sortant de la salle, bien que ce film traite du deuil, je me sentais en paix et je peux dire que j’ai passé un bon moment à retourner dans l’époque des années 60. Un bon film divertissant, à la fois touchant, dramatique, mais avec une lueur d’espoir qui nous donne une énergie au sortir de la salle.
 
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DISTRIBUTION
Louise :  Julie Le Breton
Jacques :  François Papineau
Guy Langevin : Raymond Cloutier
Mariette : Rita Lafontaine
Étienne : Charles-Antoine Perreault
Martin : Mathis Brisson
Marie-Ève : Juliette Vermes Monty
Yves Sauvé : Michel Monty
Patricia : Éliane Préfontaine
Michel Meilleur : Étienne Soucy-Lord
Directeur salon funéraire : Stéphane Crête
Jardinier cimetière : Benoit Dagenais
Préfet collège : Denis Gravereaux
Curé : Michel Albert
 
 
 
Équipe technique :
Scénario: Michel Monty
Directeur photo: Michel La Veaux
Montage: Dominique Fortin
Création des costumes : Ginette Magny
Musique : Robert Marcel Lepage
Son : Gilles Corbeil, Martin Pinsonnault et Stéphane Bergeron
Casting: Daniel Poisson et Pierre Pageau
1er assistant à la réalisation :Bernard Chabot
Adjointes aux prod : Audrey Simard et Jeannette Garcia
Produit par : Josée Vallée et Pierre Even
 
   
 
Alliance VivaFilm
 
Communication Popcorn
 
 
 
 
crédit photos : Alliance Vivafilm et Roland de Québec