Anish Kapoor au FIFA

Crédit photo: Gracieuseté du FIFA

Anish Kapoor voit grand. Il est de ces gens pour qui l’espace est un terrain de jeu immense et une ressource inépuisable de possibilités. Sculpteur et plasticien, Anish Kapoor est réputé pour embellir les villes en érigeant des structures complexes dans les lieux publics. Il aime jouer avec la réflexion des surfaces et bouleverser nos perceptions. Dans le cadre du Festival du Film International sur l’Art, un documentaire lui a été consacré : The year of Anish Kapoor, réalisé par Matthew Springford de la BBC. Point de vue de ce film sur cet artiste fascinant.

Tout d’abord, il faut dire que le travail du réalisateur Matthew Springford et du directeur Alan Yentob est absolument magnifique. L’équilibre parfait entre la place consacrée à Anish Kapoor, l’homme, et ses œuvres démontre à quel point ils maîtrisent l’art du documentaire. On en ressort transporté, grandi, amusé.

Né à Bombay en 1954, mais demeurant à Londres, Anish Kappor, a été fortement influencé par la culture indienne. L’œuvre de White Sand Red Millet Many Flowers (1982) représente bien cette influence. Pour réaliser cette œuvre, Anish Kapoor a recouvert uniformément ses sculptures de poudre de pigments. Les tons intenses de rouge, jaune et noir et la texture de la poudre ressemblent aux épices colorées des marchés de son Inde natale. Au sol, la poudre déposée sur les formes géométriques forme une auréole.

Vers la fin des années 80, Anish Kapoor s’intéresse aux pierres. C’est à partir de cette matière brute et pure qu’il s’inspire pour créer un assemblage de 16 blocs non équarris, de différentes grosseurs, intitulé Void Field (Champ du vide).  Le nom de l’œuvre vient du fait qu’il a évidé le centre de chaque bloc pour ensuite y déposer de la poudre de pigment noir. L’effet est captivant, car la profondeur du trou est incalculable, ce qui donne un peu le vertige…

Rapidement, on se rend compte que le vide et les couleurs monochromes sont les incontournables d’Anish Kapoor. L’union de ces deux pratiques nous entraîne dans les abysses d’un seule couleur. Son choix de prédilection est le rouge puisqu’il « est très près du noir », avoue-t-il à Alan Yentob, producteur et réalisateur à la BBC, qui suit  l’artiste dans ses ateliers à Londres. Ainsi, M. Kapoor brouille nos perceptions, comme si ses œuvres étaient bidimensionnelles, simplement par la forme qu’il donne à ses sculptures et leurs couleurs.

Son rapport avec l’espace est très particulier. L’artiste perçoit le vide non pas comme un espace non rempli, mais comme un espace habitable. Les vortex créés par ses structures concaves happent le visiteur et le désarment. Spontanément, l’amateur d’art aura envie de plonger dans les œuvres de M. Kapoor et de s’y perdre, de mettre un pied, une jambe, une main dans les trous noirs, rien que pour évaluer l’étendue de leur profondeur.

Anish Kapoor exploitera également d’autres matériaux indispensables aux effets d’optique : les surfaces réfléchissantes. À partir du milieu des années 90, l’artiste utilise principalement de l’acier inoxydable, mais son engouement pour le vide et les couleurs monochromes demeurent. En 2004, le Cloud Gate est inauguré à Chicago au Millenium Park. D’une hauteur de 10 mètres, et de la forme d’un haricot (surnommé The Bean pour cette raison), le Cloud Gate ressemble à du mercure liquide. Sa surface lisse et réfléchissante déforme le paysage urbain et amène les visiteurs à penser la ville autrement. De plus, si vous êtes au centre du Cloud Gate, dans l’omphalos, votre reflet est altéré et dupliqué sur la sculpture.

Le choix des coupes, les plans rapprochés et la lenteur des travellings utilisés dans le documentaire ont vraiment servi l’œuvre de l’artiste. Même s’ils n’ont pas remporté de prix au FIFA, les artisans du film peuvent être fiers de leur travail impeccable et d’avoir rendu un bel hommage à Anish Kapoor.

 

Crédits photo: Anish Kapoor

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