Martine à la plage

Dans le cadre de ce 12e carrefour international de théâtre, et pour la 4e année consécutive, les chantiers – constructions artistiques présentent 10 projets, sous forme de lectures, laboratoires ou spectacles, où le public est convié à donner ses impressions, à participer à une discussion qui permettra ensuite à l’équipe de création de faire évoluer et finaliser leur œuvre.

Présentés à Premier Acte, ces chantiers sont une initiative de tectoniK – compagnie de création. Une contribution volontaire est grandement appréciée (montant suggéré de 10$, à déposer dans le petit camion à l’entrée de la salle).

C’est un moment privilégié, autant pour le public que pour les créateurs, que de pouvoir, pour l’un, de voir une pièce en pleine évolution et possiblement aider à sa progression, pour l’autre d’avoir le pouls de gens et discuter avec eux de ce qu’ils ont accompli et ce qui leur reste à travailler. En trois ans, il y a eu 31 chantiers de présentés et de ceux-là, 16 d’entre eux ont été joués dans des saisons officielles par la suite.

Les spectacles sont des œuvres plus finies, mais qui ne sont pas nécessairement dans la dernière étape de travail. Cela peut même être des spectacles qui ont déjà été présentés ailleurs. Les deux spectacles ont lieu le 4 juin et le 10 juin (à l’extérieur).

C’est ainsi que le 4 juin à 21 h, le public a assisté au spectacle de Martine à la plage, avec Sarah Berthiaume, dans un texte de Simon Boulerice.

Résumé de l’histoire : Martine voit flou. Elle se découvre une passion dévorante pour Gilbert Marcel, son optométriste albinos et nouveau voisin. Dès lors, elle s’acharne à ruiner sa vue, afin de voir Gilbert le plus régulièrement possible. Martine à la plage, c’est l’histoire d’une Lolita en swim-aids, une érotomane de 14 ans peu gracieuse, mais terriblement attachante. 

En entrant dans la salle, le public découvre un décor très accueillant qui donne le goût de l’été, avec chaise longue, crème solaire et melon d’eau. Le tout repose sur un rond bleu (un abri de piscine hors terre) avec en arrière-plan, des bikinis et des draps sur la corde à linge. On imagine facilement le soleil qui plombe dans cette cour arrière aux allures des années 50. 

Le tout débute par une chanson dynamique, où Martine (Sarah Berthiaume, très convaincante et attachante) arrive en maillot de bain et s’installe dans sa chaise longue. À l’aide d’un Viewmaster, elle fait défiler des diapositives qui présentent le générique de la pièce, sur un des draps qui sèchent au soleil. 

La pièce est composée en fait de divers tableaux, sous un thème précis comme les fantômes, la poésie, le gardiennage ou l’amour et chacun de ces tableaux commence par le thème qui s’affiche en arrière-plan, sur une musique rythmée des années 50, pendant que Martine s’installe sur sa chaise longue et se met un casque de bain sur la tête. Avec ce casque, de style des années 50, agrémenté de fleurs, de pois, de couleurs vives et ses tresses dans les cheveux, cela donne vraiment à cette Martine des allures de jeune adolescente naïve. 

Souriante, pimpante et pétillante, Martine réussit à conquérir le public en quelques secondes. Elle s’adresse directement au public, comme un confident à qui elle se laisse aller à ses fantasmes sur l’amour qu’elle voit se développer entre elle et son optométriste et voisin, M. Gilbert Marcel. À l’aide d’un projecteur et d’acétates, elle ponctue son discours de dessins et d’images enfantines pour accentuer son propos. Bien qu’elle n’ait que 14 ans, cette jeune adolescente, rêve du grand amour et fantasme sur les plaisirs sexuels. Naïve et sympathique, on ne peut que rire de ses méprises sur les situations et de ses tentatives de séductions. Sans être méchante intentionnellement, elle provoque des évènements perturbants, mais on lui pardonne aisément, grâce à son charme alarmant et sa bonne humeur entrainante.  

J’ai grandement apprécié de me retrouver dans cette atmosphère des années 50, avec des chansons de cette époque qu’il fait plaisir à réentendre, des références aussi aux vedettes de ce temps-là Jayne Mansfield et Karen Carpenter qui sont des moments très drôles et viennent démontrer la folie encore enfantine de cette jeune femme en devenir. J’ai également trouvé intéressant l’utilisation du viewmaster, des diapositives et du projecteur, mais surtout, j’ai trouvé très ingénieux d’utiliser un micro qui déforme la voix pour donner la parole aux autres personnages, comme Gilbert Marcel et sa fille Chloé. Et l’utilisation également d’un sarrau blanc pour imager la présence de Gilbert à quelques occasions. Les seuls moments que j’ai moins aimés, sont ceux où elle projette sur le drap un texte qui raconte la suite des péripéties de Martine, et qu’elle lit devant le public. Je n’y ai pas trouvé grand intérêt et je trouvais que cela cassait le rythme de l’histoire. 

Fait intéressant, la pièce est basée en partie sur Martine, la série de livres illustrés publiée depuis 1954 par Gilbert Delahaye et illustrée par Marcel Marlier. Et le nom de l’amour de Martine vient du prénom de chacun des créateurs de la série de livres. Par contre, la Martine de la pièce est définitivement bien différente de celle que l’on retrouve dans ces livres pour enfants. 

 

 

Texte et mise en scène Simon Boulerice
Avec Sarah Berthiaume
Direction de production et régie Tania Perno-Viau
Direction technique et éclairages Maxime Clermont-Michaud
Costumes et scénographie Julie Pelletier
Production Abat-Jour Théâtre

Durée: 1 h 30

 

 

 

Voici les prochains chantiers disponibles :

Tout ce qui tombe
Théâtre des Fonds de Tiroirs
Lecture / dimanche 5 juin

Projet Hänsel et Gretel
Le Monstre Sacré
Laboratoire / dimanche 5 juin

Labo M
Nous sommes ici et DuBunker
Laboratoire / lundi 6 juin

Que l’inoubliable se pende
Laboratoire / mardi 7 juin

La Maladie de la mort
La Tarte aux plumes
Laboratoire / jeudi 9 et vendredi 10 juin

Batailles sans guerre
Théâtre de l’Urd
Performance in situ (à l’extérieur) / vendredi 10 juin

Déluge
Le Théâtre du Trillium
Lecture / samedi 11 juin

http://www.abatjourtheatre.com/

http://www.carrefourtheatre.qc.ca/

http://www.premieracte.ca/

 

Crédit photo : Carolyne Scenna