LE TRIO ROSENBERG ET LEURS AMIS DJANGOLOGISTES

Un grand moment de Jazz , de Jazz manouche ce dimanche 5 juin en fin d’après midi à la salle Wilfrid Pelletier Place des Arts dans le cadre du Gala annuel de l’Orchestre de chambre MCGill.

Rappelons tout d’abord que ce Gala permet de financer l’Orchestre, fondé en 1939 par Alexander Brott, et son épouse Lotte, et qui, aujourd’hui, sous la direction artistique de Boris Brott, accueille en son sein des artistes parmi les meilleurs musiciens professionnels de la relève montréalaise. Il est l’un des ensembles de musique de chambre du Canada parmi les plus réputés.

L’OMC débute ainsi sa 72ème année marquée par sa présence dans deux nouvelles salles, la salle Bourgie du Musée des beaux Arts de Montréal et la « Nouvelle salle », Place des Arts.

Fidèle, comme le souligne Dr Hans P. Black, Président du Conseil d’administration à sa volonté d’ouvrir la formation à la diversité des genres musicaux pour élargir sa clientèle, l’OCM a choisi cette année de présenter un spectacle de Jazz Manouche. Ce Jazz est né en France dans les années 30 sous l’impulsion de Django Reinhardt, Stéphane Grappelli, et de leur groupe le Quintette du Hot Club de France. Il ne fait pas appel, comme l’a souligné Tim Kliphuis, l’un des artistes invité du Trio Rosenberg aux percussions, piano et instruments à vent comme le Jazz né en Amérique, mais principalement aux instruments à cordes et plus particulièrement à la guitare, à la contrebasse et au violon. Les musiques et rythmes, aussi sont spécifiques au Jazz Manouche, influencés par la musique classique, les musiques gitanes et traditionnelles d’Europe.

Parmi les musiciens actuels du Jazz manouche le Trio Rosenberg et les musiciens qu’ils avaient invités à se joindre à eux le temps de ce spectacle, Tim Kliphuis, Koen De Cauter, Denis Chang, Dorothée Berryman, James Carter et Ben Powell comptent parmi les plus grands.

Le Trio Rosenberg est aujourd’hui considéré comme un ensemble mythique. Il a été fondé il y a une vingtaine d’années aux Pays bas par les trois cousins : Nonnie (contrebasse ), Nous’che ( guitare rythmique) et Stochelo ( guitariste solo et aussi compositeur, nommé Golden Guitar par le « Guitarist Magazine » en 1992). Le trio se produit à travers le monde entier.

Tim Kliphuis, violoniste hollandais marque son travail d’influences de la musique traditionnelle européenne et de Tango. Il est aujourd’hui reconnu comme l’un des violonistes les plus talentueux de sa génération.

Koen De Cauter, : artiste belge, joue de plusieurs instruments et chante ( notamment Brassens). Son répertoire et ses influences lui permettent de faire un pont entre le Jazz manouche et le Jazz plus Nouvelle Orléans. Il a joué avec le grand violoniste manouche Piotto et a fondé le Waso Quartet.

James Carter , saxophoniste et clarinettiste appartient plus à la grande famille du Jazz américain. Véritable virtuose en saxophone il a été élu meilleur saxophoniste baryton par le magazine Down Beat trois ans de suite.

Ben Powell, fut l’invité surprise de ce concert. Ce violoniste anglais vit actuellement à Boston où il a étudié dans le cadre d’une bourse d’étude du Berklee College of Music. C’est adolescent que ce jeune virtuose de la musique classique qui se produisait déjà sur des scènes internationales découvre Stéphane Grapelli et le Jazz

Denis Chang, ce guitariste québécois qui a été formé par de grands artistes comme Fapy Lafertin, Ritary, Gaguenetti et Emmanuel Kassimo, affirme ses influences venues de Bach, Chopin, George Benson et Michael Jackson. Artiste, mais aussi enseignant, il fait de nombreuses tournées à l’étranger le plus souvent avec les plus grands musiciens du Jazz manouche.

Dorothée Berryman, chanteuse, actrice, animatrice, cette artiste québécoise aux talents multiples interprète les grands classiques de Jazz.

Harmonie et convivialité et générosité qualifient ce concert de presque 3H30 sur un répertoire principalement de Django Reinhardt et Stéphane Grapelli mais aussi de Stochelo Rosenberg.

Harmonie, convivialité et générosité, sur scène entre les artistes. Il est évident que ces grands musiciens ont plaisir à jouer ensemble, qu’il existe une véritable complicité entre eux, complicité qu’ils mettent au service du Jazz manouche et plus généralement du Jazz. En effet, si la dominante du concert était dédiée à cette famille du Jazz, les incursions vers un Jazz plus Nouvelle Orléans notamment, lors des interventions de James Carter furent nombreuses. Harmonie aussi car ces va et vient se firent sans rupture, naturellement. Générosité enfin car si tous les artistes ont joué ensemble ( mais pas toujours tous ensemble sauf lors du morceau final et de celui du rappel) chaque morceau fut l’occasion pour chacun d’entre eux d’un solo remarquable ou d’une variation sur ses propres apports au Jazz manouche, apports nourris de ses influences personnelles. Des artistes enfin qui n’hésitent pas à se mettre en danger puisque, comme ils l’ont dit eux mêmes, ils n’avaient répété pour la première fois avec Dorothée Berryman pour l’interprétation de la chanson Dans mon île d’Henri Salvador qu’une heure auparavant.

Harmonie, convivialité et générosité, avec la salle : Sobrement mais toujours dans le soucis d’établir un véritable contact avec la salle et de lui ouvrir les portes du Jazz manouche les artistes ont, à plusieurs reprises, donner les indications indispensables à la bonne compréhension du Jazz joué ce soir là et à une meilleure connaissance des artistes qui se produisaient. Influences musicales, maîtres, parcours musicaux. Pas de grands discours, juste quelques mots souvent avec humour et respect qui ont permis de créer le contact avec la salle et de lui permettre d’entrer dans le jeu. Et la salle a bien répondu à cette invitation notamment par des applaudissements connaisseurs lors des solos et performances, des réponses par des rires complices, un vibrant rappel en fin de concert…

Harmonie, convivialité et générosité avec l’OMC comme l’a souligné Boris Brott, pendant le concert pour ces artistes exceptionnels qui ont accepté de se produire pour ce concert bénéfice. Un respect et une confiance que L’OMC, par la voix de son directeur artistique, a souligné en affirmant à juste titre que chacun des spectateurs de ce concert s’en souviendrait encore durant des années comme un moment intense et unique.

Enfin, soulignons la performance physique de ces musiciens qui pendant presque 3h30 ont joué sans aucune partition et donné le meilleur d’eux mêmes pour une musique si exigeante par les rythmes qui l’animent.

À noter le désistement pour ce concert du guitariste Biréli Lagrène.

 

www.therosenbergtrio.com

www.jamescarterlive.com

www.benpowell.com

www.denischang.com

www.decauterfam.be

www.timkliphuis.com

www.ocm-mco.org

photo: courtoisie