Dix courtes pièces, aussi appelées poèmes, qui racontent des histoires, se payent la gueule des grands et prennent le parti des humbles. C’est Tout Prévert!, c’est le Grand Prévert que nous offrira Christian Vézina, du 21 septembre au 8 octobre à la Salle Fred-Barry. Une occasion en or de découvrir la poésie dense, intense et merveilleusement accessible de Jacques Prévert. Christian Vézina nous convie à un voyage dans le monde intérieur de Prévert, un voyage qui longe les rives de cette Seine au cours tortueux, vagabond, magique et poétique comme l’est la vie. Et cela, Vézina le fait avec un minimum de moyens : des chaises et quelques accessoires au milieu de la vaste scène noire où la lumière sait trouver les mots du poète de la rue. Tout Prévert!, c’est Jacques Prévert au pays de Sol et Gobelet !
Christian Vézina qui pratique l’étonnant métier de « comédien metteur en scène de poésie » depuis 25 ans n’en n’est pas à ses premiers démêlés avec Prévert ! Cette fois-ci encore, il risque le tout pour le tout en élargissant son répertoire pour s’attaquer à de nouveaux textes, à un nouveau Prévert qui est davantage celui des Enfants du Paradis que celui de Page d’écriture, un Prévert plus mature, mais toujours aussi mauvais élève.
Pour Christian Vézina, la poésie de Jacques Prévert n’a pas pris une ride. « C’est un type qui a mal aux autres, qui raconte de petites histoires au sujet de petites gens. Il écrit une poésie grand public. Il est libre dans sa langue, dans ses images, dans son style; il crée de la beauté et de la liberté avec un vocabulaire d’écolier… » Ce qui le séduit aussi chez Prévert, c’est sa manière d’ouvrir des portes sur le quotidien, tout simplement, nous amenant à voir nos vies, nos jours d’une autre façon. On pense qu’il est léger, mais le poète aborde les sujets les plus graves, comme en dansant à petits pas. Prévert porte sur le monde et les êtres un regard souvent tendre, amoureux et drôle, mais en même temps, acéré, lucide et révolté.
Mangez sur l’herbe / Dépêchez-vous / Un jour ou l’autre / l’herbe mangera sur vous.
L’éléphant de mer, quand on ne l’ennuie pas, est heureux comme un roi, beaucoup plus heureux qu’un roi, parce qu’il peut s’asseoir sur le ventre quand ça lui fait plaisir alors que le roi,
même sur le trône, est toujours assis sur son derrière.
Christian Vézina : l’amoureux des mots
Poète, amoureux des mots, Christian Vézina réinvente l’art de dire. Le Dictionnaire des artistes québécois du théâtre dit de lui qu’ « il sait inscrire la poésie dans l’espace scénique comme nul autre. » Depuis vingt-cinq ans, il monte sur scène pour nous faire découvrir les trésors de la littérature et démythifier la poésie. Sa passion, son enthousiasme, sa persévérance et sa démarche artistique singulière font de lui un acteur incontournable de la vie culturelle du Québec. La Salle Fred-Barry l’a accueilli à plusieurs reprises au grand plaisir du public. En 2000, il présentait Une veillée chez le Maréchal-Ferron (Jacques Ferron) (repris en 2002), suivi du Petit Bistro du Grand Jacques (Prévert) et du Poète fait du chapeau (2001) et enfin, en 2007, Ils ne demandaient qu’à brûler (Gérald Godin). Directeur artistique du Théâtre Barbare, Christian Vézina est lauréat du prix de l’Institut canadien de Québec et du prix Albert-Millaire. Il est également poète et dramaturge.
Jacques Prévert : le poète
Il est né avec le siècle, le 4 février 1900, à Neuilly-sur-Seine, dans un milieu de petits bourgeois dont il ne cessera de se moquer, braquant ses lumières sur leurs obsessions. Son père l’initie au théâtre et à la lecture. Il s’établit à Paris en 1922 au 54, rue du Château qui sera le point de rencontre du mouvement surréaliste auquel participent Robert Desnos, Louis Aragon, Antonin Artaud sans oublier le chef de file André Breton. C’est en fait un logement « collectif » où habitent Marcel Duhamel, Raymond Queneau et Yves Tanguy. Prévert y trouvera le terme de « cadavre exquis » pour définir le jeu littéraire auquel ses amis et lui se livrent. Il est toutefois trop indépendant d’esprit pour faire véritablement partie d’un groupe constitué, et la rupture avec André Breton est consommée en 1930.
Toute sa vie durant, il défendra les faibles, les opprimés, les victimes, avec une générosité bourrue mais toujours discrète. Il restera toute sa vie d’un antimilitarisme à toute épreuve et son pacifisme ne souffrira aucun compromis. Il est le scénariste et dialoguiste de grands films français des années 1935-1945, notamment Le Quai des brumes, Les Visiteurs du soir, Les Enfants du paradis de Marcel Carné ; Le Crime de Monsieur Lange de Jean Renoir. Après le succès de son premier recueil de poèmes, Paroles, il devient un poète populaire grâce à son langage familier et ses jeux de mots. Prévert y mélange les genres, tord le cou aux règles de la versification classique, tant au niveau du rythme que de la ponctuation. Il est un gourmet des mots qui éprouve un vrai plaisir en jouant avec eux. Et cette jouissance du verbe, il la communique à ses lecteurs et… auditeurs.
La compagnie : Théâtre Barbare
Le Théâtre Barbare se spécialise dans le théâtre poétique et littéraire. Pendant près de quatre ans, il a présenté avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec des spectacles littéraires multimédias, notamment Dépareillé : hommage à Gaston Miron (2006), Michel Garneau, poète convertible et décapoté (2008) et Pierre Perreault – Discours du fleuve et du sang (2009). Le Théâtre Barbare a également fait tourner les spectacles Ils ne demandaient qu’à brûler, Le poète fait du chapeau, Poète convertible et décapoté, et créé la pièce Rubato.
TOUT PRÉVERT!
Théâtre poétique – adaptation, mise en scène et interprétation : Christian Vézina
Concepteurs et collaborateurs : Simon Bélanger, Christian Fontaine, Maude Guérin, Jean Soucy, Diane Bastin
Une production du Théâtre Barbare en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier
Du 21 septembre au 8 octobre 2011, à 19 h 30
Lieu : SALLE FRED-BARRY du TDP, 4353, rue Sainte-Catherine Est, Montréal
Billetterie : 514 253-8974 ou Réseau Admission 514 790-1245 www.admission.com
