Entre Vous et Moi, Il n’y a qu’un mur

 

Jocelyn Pelletier
Jocelyn Pelletier

Cette pièce est d’une envergure déstabilisante. Le spectateur arrive au Centre Frédéric Bach;  il est certes accueilli par un sourire amical, mais, dès qu’il franchit le cadre et rentre dans la salle de premier acte, il est prisonnier de tous ces personnages tout en nuances et en indifférence. Un corps git par terre sous un drap blanc. Un autre couché à son flanc, mort de certitude git, dos à l’esplanade. Le spectateur indécis s’assied, enlève son manteau automnal et porte son regard sur le décor de la scène. Son interprétation fugitive se limite à celui d’un décor tout en nuances, ton  de gris sans appartenance.

La lumière se tamise. Et voilà! Nous sommes embarqués dans ce voyage au cœur de notre propre société. Embarqués dans un flot d’émotion
dont le contraste saisit et soumet; ce couple, avalé par cet objectivisme linéaire de celui qui fait comme tous les autres, se questionne. L’amour, se demandent-ils, est toujours présent dans leur couple? Est-ce une façade, un mur transparent de latex qui les sépare? Le verbe, puissant évocateur de sens et de franchise, transmet au spectateur qu’un froid mordant de réalité crue. Le sexe ne semble qu’être qu’une marchandise échangeable et échangée pour avoir droit à d’autres sortes de marchandises. Appelons sexe « la primaire fauveralitée » de l’homme moderne, car le sexe reste la dernière chose qui le relie à ces pairs animaliers. L’objectivité est la nouvelle doctrine remplaçant la pastorale catholique.
Aucune émotion ne traverse se costard, veston et cravate juste la passion du plaisir sexuel.

Une musique assourdissante succède une enfilade d’accusations contre une mère trop sûre d’être parfaite. Ses deux filles, l’une démoralisé
ayant une pauvre estime de soi et l’autre une belle et fille explorant les plaisirs de l’amour, sont avalés par leurs émotions qui voudraient tant être partagés. La mère, soucieuse de la façade, remet du mortier entre les briques tandis que le toit coule. Son petit nid familial ne semble touché par aucun corbeau noir, aucun drame. Et de toute façon, ces amies sont jalouses d’une si
parfaite famille et c’est le principal. N’est-ce pas?

Les comédiens en répétition
Les comédiens en répétition

Le contraste de cette pièce est saisissant. Elle emporte le spectateur dans les recoins de certaines viletés de notre société. Une critique de l’instantanéité de nos moyens de communications qui nous permettre d’être branchés sur tout ou presque…

Entre Vous et Moi, Il n’y a qu’un mur

Présenté du 18 au 29 octobre 2011

Production : SUSHI(POISSE/SON/MORT)

Texte et mise en scène: Jocelyn Pelletier

Assistance à la mise en scène :Rachel Lapointe

Scènographie : Dominic Thibault

Assistance à la scénographie et éclairages : Jean-François Labbé

Conception sonore : Pascal Asselin

Assistance à la conception sonore  : Lucien Ratio

Mouvements:  Karine Ledoyen

Interprétations:  Lucien Ratio, Gabriel Fournier, Alexa-Jeanne Dubé, Joanie Lehoux et Frédérique Bradet

Centre Culturel et Environnement Frédérick Back

870, de Salaberry  Bureau 112
Québec, Qc
G1R 2T9
418 694-9656

crédit photos: Dominic Thibault

www.premieracte.ca