Blanche comme le lait, rouge comme le sang

Blanche comme le lait, rouge comme le sang

Leo est un adolescent de seize ans comme tant d’autres : il aime ses copains, le foot, les virées en scooter, et vit en symbiose parfaite avec son iPod. Les heures de cours sont pour lui une torture, et les professeurs constituent « une espèce protégée qui, on l’espère, s’éteindra définitivement ». Ainsi, lorsque se présente un nouveau remplaçant d’histoire et de philo, il n’en attend rien de bon. Mais le jeune professeur est différent : une lumière brille dans ses yeux quand il explique, quand il incite les élèves à vivre intensément, à poursuivre un rêve. Leo sent en lui la force d’un lion, mais il a un ennemi effrayant : le blanc. Le blanc, c’est l’absence; dans sa vie, tout ce qui concerne la privation et la perte est blanc. Le rouge, en revanche, est la couleur de l’amour, de la passion, du sang. Les cheveux de Beatrice sont roux. Oui, car Leo a un rêve qui se nomme Beatrice, même si elle l’ignore encore. Leo a aussi une réalité, plus proche et, comme toutes les présences proches, difficile à distinguer : son amie Silvia. Leo découvre que Beatrice est malade et que sa maladie est en rapport avec ce blanc qui l’effraie tant. Il lui faudra creuser en lui, saigner et renaître pour comprendre que les rêves ne peuvent pas mourir et trouver le courage de croire en quelque chose de plus grand. 

Quand j’ai commencé à lire ce livre, cela m’a pris plus de 60 pages pour vraiment m’embarquer dans cette histoire, de ce jeune adolescent (le narrateur) qui nous entretient de ses réflexions, ses états d’âme sur l’école, ses profs, ses parents, ses amis et surtout Béatrice, son premier amour, cette belle jeune adolescente aux cheveux roux, à qui il ne réussit même pas à parler, tellement elle l’intimide. Ce n’est que lorsqu’on découvre que sa belle est atteinte de leucémie que je me suis vraiment intéressé à son histoire et que je n’ai plus voulu déposer ce livre, tellement il est venu de me chercher dans les tripes. En plus de Béatrice, on découvre également un enseignant, suppléant, qui vient donner à Léo l’élan pour passer à travers le secondaire, la curiosité d’apprendre, autant sur lui-même que dans ses matières scolaires. Le genre de prof qu’on a tous eu au moins une fois dans notre vie (du moins, je l’espère pour tout le monde), et qui nous pousse vers la réussite, vers la maturité. 

Ce livre parle beaucoup de couleurs également. « La poisse est violette, parce que le violet est la couleur des morts… Béatrice a un regard qui fait rêver. Elle est rouge. Silvia est bleue, la couleur des vrais amis. Le remplaçant, lui, n’est qu’une petite tache noire dans une journée irrémédiablement blanche. » Toutes les émotions, Léo les associe à des couleurs. C’est très innovateur comme idée d’avoir constamment des références aux couleurs pour parler de tout. J’ai bien aimé cette particularité du livre. 

Peu à peu, grâce à son amie Sylvia, à son prof Le Rêveur, et à Béatrice qu’il tentera d’adoucir les derniers jours, Léo apprend à accepter toutes les couleurs de la vie et sa vision de la vie changera radicalement suite à la maladie et la mort de Béatrice et aux bons conseils de ses parents et professeur.  « Je comprends soudain que j’ai tout ce qu’elle perd : des cheveux, le lycée, la danse, l’amitié, la famille, l’amour, les espérances, l’avenir, la vie… mais je ne sais pas ce que j’en fais… l’amour ne sert pas à nous rendre heureux, mais à nous montrer que nous sommes capables de supporter le chagrin…Tu peux te mettre en rogne autant que tu veux… cela ne guérira pas Béatrice. La maturité apparaît dans le désir de vivre humblement pour une cause. Rends-la heureuse. » 

Dans ce bouquin, les adolescents y sont dépeints de manière très réaliste, avec leurs préoccupations, leurs dédains de l’école, des profs et de l’autorité parentale. Au fil des pages, le personnage de Léo apprend de belles leçons de vie et le lecteur également. 

Alessandro D’ Avenia réussit pleinement à rendre cette histoire intéressante, ses personnages attachants et à créer des situations émouvantes, surtout vers la fin, où il a réussi à me tirer quelques larmes. 

Je recommande ce livre à tous les ados, mais aussi à leurs parents, pour voir comment, leurs propres jeunes peuvent peut-être vivre des situations difficiles, entre l’enfance et l’âge adulte. Cette fragilité des ados, en équilibre instable entre deux âges, se brise au contact de la découverte de l’amour, de la peine d’amour et l’impuissance face à la maladie et la mort. Le jeune bascule alors sans ménagement parmi les adultes.  Et c’est ce qui arrive à Léo, pour qui on se lie d’amitié et on espère une fin heureuse.

 

Alessandro D'Avenia

Alessandro D’Avenia, trente-deux ans, docteur en lettres classiques, est scénariste et professeur de littérature au lycée. Ceci est son premier roman. Ce roman a été un énorme succès en Italie et il a été traduit en 26 langues. 

Traduit de l’italien vers le français par Nathalie Bauer 

Éditeur : JC Lattès

http://www.editions-jclattes.fr/

 Éditeur au Canada : Hachette Canada

http://www.hachette.qc.ca/

  315 pages

 Prix : 29.95 $