Le coeur enveloppé

Le coeur enveloppé

Le récit de Gilles Simard est effarant de souffrances physiques, émotives et mentales. Il risque de laisser le lecteur abruti de consternation. Le cœur enveloppé est un «  témoignage -coup de griffe » au système des soins en santé mentale. Gilles Simard met son âme à nue. Il n’épargne aucun détail important au lecteur avide de mieux connaître et comprendre les tenants et aboutissants de la santé mentale et des soins qu’on y apporte dans notre société québécoise moderne. Principalement l’affreuse torture qu’étaient et que sont encore peut-être les électrochocs.

Ce qui frappe tout au long de ce poignant témoignage de la souffrance c’est la peur de mourir. Cette peur incontrôlable qui met l’auteur dans des états de névrose qui l’amène au bord du précipice de la folie. La folie, autre crainte maladive, obsessionnelle de Gilles Simard tout au long de ces années de luttes quotidiennes pour demeurer la tête hors de l’eau.  Écrit sans pudeur, sans mettre en réserve les comportements acceptables ou répréhensibles, Gilles Simard  fait participer le lecteur à sa lutte, son combat, ses succès et ses échecs vis-à-vis ses propres peurs.

Ce récit met une fois de plus en évidence qu’on ne peut pas se débarrasser de son enfance, qu’on ne peut que s’en accommoder… du mieux que l’on peut.

Une réserve cependant, celle d’utiliser cette image éculée du cœur, organe musculaire,  qui n’est en aucun cas le siège des sentiments et des émotions. Le mot âme aurait été un choix plus judicieux. L’actualisation de cette image ferait plus XXI ème siècle. Ça libérerait le lecteur du falacieux « Rodrigue as-tu du cœur!?! » qui a depuis trop longtemps sévi.

 

Dans ce livre bouleversant, Gilles Simard raconte son parcours d’ex-psychiatrisé, d’alcoolique, de pharmacodépendant et de codépendant. De
la clinique Roy-Rousseau, où les électrochocs, l’insulinothérapie et la camisole chimique sont la norme pour soigner les maux de l’âme, en passant
par Domrémy et la maison de thérapie l’Arc-en-ciel, monsieur Simard connaît son lot d’aventures tantôt tristes, tantôt heureuses, qui mettent en relief certaines carences du système de santé mentale de l’époque. C’est finalement sa thérapie à l’Arc-en-ciel, une maison située dans le quartier Saint-Roch, qui l’amène vers une période d’abstinence qui dure depuis 1999. À l’aube de la soixantaine, monsieur Simard peut enfin vivre sobre, heureux, libre et en pleine possession de ses moyens : « toutes choses que je faisais très mal avant.

En librairie le 11 janvier 2012

 

Gilles Simard
Gilles Simard

Né à Jonquière en 1950, troisième d’une famille de sept enfants, Gilles Simard aboutit très jeune à Lac-Beauport, dans le piémont des Laurentides. Il passe là une enfance à peu près normale, puis quitte pour le quartier Limoilou, à Québec. Ses années de Cégep, nourries par la contestation étudiante, le nationalisme exacerbé, l’alcool coulant à flot ainsi que les premières grandes amours poussent monsieur Simard dans les bras d’une très sévère dépression qui l’amène en 1972 à la clinique psychiatrique Roy-Rousseau, à Québec. Il y subira des traitements qu’il qualifie de « brutaux, dégradants et désastreux ».

 

 

 

Nombres de pages : 358

Prix suggéré : 24,95 $

www.jcl.qc.ca