La peur de l’eau

La peur de l'eau

Après avoir été présenté en primeur aux îles de la Madeleineen novembre dernier, ce mystérieux film policier, La peur de l’eau,  inspiré du roman de Jean Lemieux On finit toujours par payer (éditions La courte échelle),  prend enfin l’affiche dans les salles de cinéma du Québec, aujourd’hui, le 27 janvier 2012. 

Si vous avez un film québécois à voir cette année, commencez tout de suite par celui-ci. Dans le genre film policier avec meurtre, enquête, revirement de situation, on est agréablement surpris et divertit à souhait. On ne peut pas dire qu’il y a eu beaucoup de films de ce genre au Québec et honnêtement, il est franchement bien réussi. Pour moi, c’est un des meilleurs «polars » que j’ai vus dans ma vie, toute langue et culture confondue, dans le genre « Fargo » des frères Cohen, avec d’excellents acteurs québécois et comme trame de fond, une des plus belles régions du Québec avec son accent des plus colorés. Que demander de mieux? 

Synopsis

Rosalie Richard (Stéphanie Lapointe) est trouvée morte, violée, au pied d’une falaise des Iles-de-la-Madeleine. Elle est la victime d’un meurtre sordide et sa mort va faire basculer la vie rangée du sergent André Surprenant (Pierre-François Legendre), dela Sûretédu Québec. Le timide et effacé Surprenant va partir à la recherche du meurtrier alors même que son mariage s’effrite, que sa fille ado l’envoie promener, que sa psy (Pascale Bussières) tente de l’aider à surmonter ses phobies et qu’on veut le tasser pour confier l’enquête au sergent-détective Gingras (Normand D’Amour), parachuté de Montréal.

 Ce film, scénarisé par Marcel Beaulieu (films dans le ventre du Dragon) et Gabriel Pelletier (films Karmina 1 et 2, La vie après l’amour et Ma tante Aline) qui est aussi le réalisateur, a été tourné en majeure partie aux îles dela Madeleine. Je pense que ce film n’aurait pas eu autant d’impact, s’il avait été tourné dans une grande ville. Tout d’abord, il est essentiel de voir ce film sur grand écran, puisque les images du paysage des îles dela Madeleine, sont magnifiques. Bien que l’on nous présente, pour les besoins de l’ambiance morbide, le temps gris, venteux et capricieux d’automne, il n’empêche que cela donne le goût d’aller faire un tour dans cette région au bord de l’eau. De plus, pour bien rendre crédible et efficace l’intrigue autour de ce meurtre crapuleux, le fait de vivre sur une île, d’être isolé des grandes villes, mais également d’être constamment à proximité des mêmes gens, cela explique assez bien la dynamique des relations qu’entretiennent les personnages entre eux et le fait qu’ils ont, pour la plupart, tous plus ou moins une bonne raison pour être l’assassin.  Que ce soit pour une question de l’héritage de son père, le richissime propriétaire du crabier Cap Noir, ou à cause du lucratif commerce de drogue auquel Rosalie est impliqué, ou même les perversions sexuelles de certains habitants de l’île ou, pourquoi pas, les passions amoureuses de feu Rosalie Richard et son cousin Emmanuel. Ce sont tous des motifs très plausibles pour le meurtre de Rosalie Richard. 

Personnellement, j’adore les films policiers, avec une intrigue bien ficelée, qui me stimule le cerveau, qui m’envoie sur de fausses pistes pour, à tout moment, me faire croire qu’un personnage, plutôt qu’un autre a commis le crime. Ce film réussit magistralement à nous rendre suspects tous les habitants du village. Si bien que lors de la découverte du pot aux roses, je peux dire que je ne l’avais pas vraiment vu venir. Quelle belle œuvre cinématographique de deux heures des plus captivantes! 

Pierre-François Legendre et Brigitte Pogonat

Au niveau du jeu des acteurs, je doit dire que Pierre-François Legendre m’a grandement épaté.  Je pense que d’avoir un personnage aussi névrosé et pathétique que celui du sergent Surprenant pour mener l’enquête et de le voir évoluer et se transformer pour devenir un homme confiant et habile sous nos yeux, cela ajoute au divertissement. Pierre-François, par sa gestuelle, son regard, ses propos, nous démontre graduellement son sens de la déduction, son courage et sa persévérance, malgré ses multiples contradictions, comme sa phobie de l’eau, alors qu’il vit sur une île. Il devient vite très attachant, sympathique et le public veut qu’il y ait une fin heureuse à son histoire. Il en va de même pour son acolyte, la seule personne qui le regarde avec des étoiles dans les yeux, sa partenaire d’auto-patrouille Geneviève Savoie (Brigitte Pogonat). Le duo qu’ils forment ensemble est du vrai bonbon. L’humour du film se retrouve principalement dans les scènes qu’ils ont ensemble, de même que les quelques moments de malaise amoureux qui viennent changer le rythme un peu de l’histoire, pour en diminuer la charge stressante et créer un bon équilibre entre le drame et l’humour. Il y a également Sandrine Brisson qui interprète Majella Bourgeois la commère du village, qui vient pimenter certaines scènes avec sa jovialité et son accent des plus coquets. 

Germain Houde

Il y a également Germain Houde qui m’a séduite dans son rôle du maire, mourant, avec son accent des Îles. Une performance remarquable, un jeu d’une justesse et d’une finesse exquise. J’en aurais pris encore plus de ces moments avec ce grand acteur. 

Naturellement, je ne peux passer sous silence les brèves apparitions du gueulard sergent-détective Gingras (Normand D’Amour), plus grand que nature. Un grand gaillard qu’on ne peut s’empêcher de détester dès les premiers instants! Succulent! 

En plus de la performance des acteurs, je me dois de souligner la musique du film, qui vient régulièrement, au bon moment, souligner l’effet d’intrigue, de stress parfois, de suspens du film. Mais aussi, au tout début, dans le générique, le piano et les instruments à cordes, viennent nous présenter ces fabuleux paysages des îles. Cela nous embarque dès les premières minutes dans le film. Et que dire de la chanson du générique de fin! Elle cadre tellement bien avec les émotions qui nous étreignent au sortir de la salle, alors que l’on essaie de recoller les morceaux du mystère dans notre tête et que l’on tente de digérer le dénouement de l’intrigue. Disponible en exclusivité sur iTunes la chanson La vague perdue, est composée et interprétée par Karkwa.

 

Sandrine Brisson

Personnellement, en sortant de la salle, je n’avais qu’une envie, retourner voir le film au plus vite, pour revoir sous un autre angle, remarquer des détails qui m’ont échappé, avec des yeux plus aguerris, cette histoire intrigante et fascinante!    

La peur de l’eau prend l’affiche dans les cinémas du Québec dès aujourd’hui 27 janvier 2012.

 Scénariste : Gabriel Pelletier et Marcel Beaulieu d’après le roman de Jean Lemieux On finit toujours par payer

 Réalisateur : Gabriel Pelletier

 Productrice : Nicole Robert

 Direction de production : Pierre Allard

Directeur photo :  Nicolas Bolduc

Direction artistique : Jean Babin

Costumes : Carmen Alie

Montage : Glenn Berman

 Distribution :Pierre-François Legendre, Brigitte Pogonat, Normand D’Amour, Stéphanie Lapointe, Pascale Bussières, Paul Doucet, Germain Houde, Michel Lapierre, Alexandre Goyette, Sandrine Bisson, Maxime Dumontier, Isabelle Cyr, Pierre-Luc Brillant en plus de différents comédiens des Îles-de-la-Madeleine (Hélène Gaudet,  Dany Lapierre, Sylvain Vigneau, Normand Lapierre, Félix Painchaud) 

http://info.audiogram.com/karkwa-vague-perdue/ 

http://www.courteechelle.com/finit-toujours-par-payer 

www.remstarfilms.com 

www.gofilms.ca 

crédit photos : Yan Turcotte (Une gracieuseté de Remstar )