CALIGULA (REMIX)
TERRE DES HOMMES / MARC BEAUPRÉ
Quelques interprètes entrent sur scène – le choeur. Un ultime interprète les rejoint – le coryphée. Le choeur s’installe derrière des micros, le coryphée derrière une partition musicale. Une symphonie vocale se bâtit lentement à partir du récit narratif dirigé par le coryphée – nous avons peu à peu un orchestre. Nous aurons une histoire – celle de Caligula, empereur romain, obsédé par son destin de mortel, fou de lucidité, de liberté, d’absolu, fidèle à sa révolte mais infidèle aux Hommes.
Caligula est notre coryphée, notre chef d’orchestre. Son choeur, ce sont des souvenirs qu’il évoque, ce sont ces quelques personnes qui l’ont aimé et qu’il a rejetées.
Ce spectacle, c’est une représentation de l’âme de Caligula.
C’est « le récit d’un suicide supérieur ». 1
1Caligula, Albert Camus, Éditions Gallimard, 1958
Ce spectacle, c’est encore le texte d’Albert Camus, mais revisité, remixé.
TEXTE
ALBERT CAMUS
ADAPTATION ET MISE EN SCÈNE
MARC BEAUPRÉ
INTERPRÉTATION
EMMANUEL SCHWARTZ
GUILLAUME BAILLARGEON
DAVID GIGUÈRE
ÈVE LANDRY
ALEXIS LEFEBVRE
MAXIME LEFLAGUAIS
GUILLAUME TELLIER
MICHEL MONGEAU
EMMANUELLE ORANGE- PARENT
SCÉNOGRAPHIE ET ÉCLAIRAGE
FRANCESCO DI BLOUINI
CONCEPTION SONORE
LOUIS DUFORT
UNE PRÉSENTATION
LA CHAPELLE.
UNE PRODUCTION
TERRE DES HOMMES.
DANS LE CADRE DU
FESTIVAL MONTRÉAL EN LUMIÈRE.
Camus découvre Caligula en 1934. En 33, l’Occident lui, découvre Adolf Hitler. Caligula sera écrit entre 39 et 44. Durant la plus grande partie de cette période, l’Allemagne nazie gagne la guerre. Si l’oeuvre se termine sur ces ultimes paroles de l’Empereur expirant « Je suis encore vivant », ils pourraient tout aussi bien être ceux du Chancelier. En effet, que pèse aujourd’hui auprès de la culture populaire mondiale l’image de Churchill et Roosevelt face à celle d’Hitler? « L’on ne peut aimer celui de ses visages que l’on essaie de masquer en soi » 2, et haïr est une passion.
La première représentation de Caligula sera donnée en 1945 dans une mise en scène de l’auteur. S’y découvre un jeune interprète, Gérard Philippe. Aujourd’hui, le metteur en scène Marc Beaupré adapte l’oeuvre et y rencontre Emmanuel Schwartz. Beaupré: « J’ai pensé à Caligula parce que depuis 15 ans, depuis la première lecture aux sortirs de l’adolescence, le personnage ne m’a pas quitté, parce que je n’ai tout simplement pas cessé d’y penser – Camus a su saisir mes démesures intimes et me les tenir sous le nez. J’ai pensé à Emmanuel Schwartz parce qu’il est un des seuls artistes que je connaisse qui regarde en face sa propre soif d’absolu, sa démesure. » Le choeur réuni autour de l’âme de Caligula comprend 8 interprètes figurant d’abord les voix de l’empire, puis, peu à peu, celles, discordantes, des protagonistes.
crédit photo: Benoît Beaupré