prochaine expo au MUsée des beaux-arts de Sherbrooke

David K. Ross. Plan de salle de ventilation (Drafting stills)
David K. Ross. Plan de salle de ventilation (Drafting stills)

À compter du samedi 18 février prochain, le Musée des beaux-arts de Sherbrooke présente l’œuvre de 8 artistes de la relève dans une exposition intitulée Insertion. Contamination. Dispersion. L’exposition, produite par le Musée et réalisée par la commissaire invitée, Dominique Sirois-Rouleau, se poursuit jusqu’au dimanche 3 juin. Le vernissage, en présence de la commissaire et des artistes aura lieu le samedi 18 février à 17h. La visite de presse avec la commissaire aura lieu le jeudi 16 février à 11h.

L’exposition : Insertion. Contamination. Dispersion. s’intéresse à la mise en scène critique, ludique et analytique de l’activité muséale. L’exposition présente des œuvres qui touchent différents aspects du système institutionnel artistique de manière à amener son spectateur à prendre conscience des implications et de l’activité muséales. Insertion. Contamination. Dispersion. propose donc une réflexion sur le rôle du musée et dégage de là les principaux enjeux de son activité au sein du champ artistique et de la communauté dans laquelle il s’incarne. En fait, comme son titre le met singulièrement en lumière, Insertion. Contamination. Dispersion. convoque des œuvres qui examinent leurs accommodements institutionnels sans dissimuler leur nécessaire complicité avec le musée. L’exposition invite alors non seulement à découvrir des pratiques artistiques contemporaines mais aussi à prendre connaissance du rôle du musée et questionner le sens de ses interventions.

Dans ce but, la commissaire Dominique Sirois-Rouleau a invité huit artistes de la relève montréalaise à matérialiser avec humour leur relation à l’autorité muséale. En lien avec les champs d’action de l’institution muséale, ces artistes abordent avec perspicacité et dérision différentes problématiques telles l’exposition, la collection et la conservation. D’ailleurs, plusieurs d’entre eux produisent une œuvre spécialement pour l’exposition. Ces œuvres in situ s’incarneront ainsi à même l’architecture du musée.

Que ce soit à partir de la salle d’exposition chez Patrick Bérubé ou de la salle de la ventilation avec David K. Ross, ces artistes s’intéressent à la mise en scène de l’écrin muséal  et de l’envers de son décor. Ils dérangent et détournent l’exercice de contemplation traditionnel de l’œuvre vers son support institutionnel. Tout comme Beauséjour qui célèbre le passé de l’institution en s’installant dans la voute, vestige de l’ancienne banque, de manière à multiplier les réflexions autour des notions de valeur et de conservation. Simon Bilodeau, quant à lui, propose via la peinture une réflexion sur l’adaptabilité de l’artiste face aux exigences muséales. Cette approche est notamment reprise par l’œuvre Candidature no6 d’Arnaud Baysset dont le questionnement sur l’anonymat et la froideur du processus de reconnaissance met aussi en scène un examen de la valeur des objets qu’approfondissent les propositions de Marc-Antoine K. Phaneuf et de Dominique Sirois. Phaneuf insère dans l’exposition permanente du musée une collection personnelle de manière à convoquer une réflexion sur l’activité de conservation du musée et de la valeur présupposée aux objets collectionnés. Pour sa part, Sirois expose une installation composée à partir des sculptures tirées de son exposition You Can’t Touch This (2009). Assemblage d’objets hétéroclites, flamboyants et sans valeurs que l’artiste accompagne d’un détecteur de mouvement, cette installation révèle un certain paradoxe entre la valeur réelle des objets d’art et l’intensité des moyens déployés pour leur protection. Enfin, l’installation vidéo Two Men Mirroring (2008) d’Adad Hannah explore avec une finesse particulière le rapport à l’art à travers une mise en abîme de la représentation et de l’action de regarder du spectateur.

La commissaire et les artistes

Dominique Sirois-ouleau / Commissaire invitée : Dominique Sirois-Rouleau est doctorante et chargée de cours au département d’Histoire de l’art de l’UQÀM. Ses recherches s’intéressent à l’ontologie de l’œuvre contemporaine et à la notion d’objet dans les pratiques artistiques actuelles. Elle participe aussi à différents colloques et publications portant sur les discours et les arts émergents.

Arnaud Baysset : Nouvellement diplômé de l’École des arts visuels et médiatiques, Baysset fait face à la difficile réalité de la candidature artistique et de la reconnaissance chèrement acquise. Ainsi, sa présence dans l’exposition remplit un double rôle. D’abord, il y a l’œuvre de Baysset, Candidature #64, une toile emballée déposée à même le sol appuyée contre le mur, qui questionne directement l’anonymat et froideur du processus de reconnaissance. Puis, il y a la présence de l’artiste sans renommée parmi la sélection d’artistes bénéficiant d’une reconnaissance établie qui engage une prise de conscience des aléas du processus de reconnaissance.

Mathieu Beauséjour : Depuis près de 15 ans, Beauséjour présente installations et photographies qu’il pense comme modèles de détournement et de résistance face au milieu qu’elles réfléchissent et occupent. En fait, l’artiste s’intéresse essentiellement à la remise en question des symboles, des lieux et des modes de diffusion du pouvoir compris au sens large. Mathieu Beauséjour présente ses installations, interventions et images depuis le milieu des années 1990. Ses œuvres ont été présentées au Canada, en Europe et dans les Amériques dans des centres d’artistes, des galeries publiques et privées, des événements, biennales et musées. Il vit à Montréal. Il est représenté par la Galerie Éponyme (Bordeaux, FR).

Patrick Bérubé : Œuvrant surtout du côté de l’installation, Bérubé met en scène des situations destinées à déstabiliser le spectateur. Les stratégies ludiques de l’artiste troublent l’espace et les comportements quotidiens de manière à transgresser les limites de l’habitude et de l’environnement.

Simon Bilodeau : Bilodeau travaille principalement la peinture selon des préoccupations singulièrement post-modernes, soit le sens et la valeur des œuvres en regard avec la reconnaissance de l’artiste et le système artistique. Sans poser un regard critique, il invite plutôt  le spectateur à questionner les symboles et les stéréotypes du champ artistique.

Adad Hannah : Intéressé par la limite entre la réalité et la représentation, Hannah utilise la photographie et la vidéo pour mettre en scène l’art, le spectateur et le musée et remodeler leurs rapports. Le médium technologique et l’homme sont alors utilisés autant pour réfléchir les dispositifs de représentations que pour repenser nos habitudes culturelles.

Marc-Antoine K. Phaneuf : Poète et artiste visuel, Phaneuf s’inspire de la consommation et du kitsch pour examiner le champ artistique. Ainsi, à travers le regard insolent et moqueur de l’artiste s’opère une prise de conscience chez le spectateur qui l’oblige à refaire le jeu de la transsubstantiation de l’ordinaire en art et du bouffon en artiste.

David K. Ross : À mi-chemin entre la photographie et l’installation, le travail de Ross est marqué par un attrait pour la muséologie et les coulisses de l’art. L’artiste utilise l’image pour réactiver les espaces utilitaires sous-exploités et autres lieux aux implications pratiques du musée et ainsi révéler les aspects dissimulés d’un champ paradoxalement axé sur l’exposition.

Dominique Sirois : Artiste multidisciplinaire, Sirois s’est récemment intéressée aux conséquences de la pratique muséale sur l’art et sa marchandisation.  À partir d’une réflexion sur la valeur temporelle d’une œuvre en opposition avec celle de l’objet, l’artiste interroge les protocoles d’exposition et de surveillance de l’art quelle exalte avec des installations performatives ludiques.