Eric Legnini Trio, nouvel album Ballads // 2 vidéos

Eric Legnini Trio, nouvel album Ballads
Eric Legnini Trio, nouvel album Ballads

Eric Legnini Trio

Nouvel album Ballads

Sortie le 20 février 2012 chez Discograph

Le pianiste Eric Legnini a pris l’habitude de nous surprendre à chaque nouvel album. Après la soul inspirée, le groove confirmé puis la collaboration décapante avec la chanteuse Krystle Warren, Eric Legnini présente son projet de ballades en formule trio. Le répertoire va de Duke Ellington à Gershwin, en passant par Jobim et des standards comme Smoke Gets in Your Eyes, associées à cinq compositions d’Eric Legnini. Thomas Bramerie est à la basse et Franck Agulhon à la batterie. Enregistré un an avant l’album The Vox, publié un an après, tout à la fois exercice de style et leçon d’introspection à l’heure de la quarantaine, Ballads offre le temps d’une élégante respiration dans une carrière qui depuis le milieu des années 2000 connaît une progression irrésistible. Mais aussi l’occasion pour le pianiste de replonger dans ce bain d’éternelle jouvence qu’est le répertoire des grands maîtres. 

Pour regarder et diffuser la vidéo de Ballads

http://www.dailymotion.com/video/xoe1lz_eric-legnini-trio-ballads-nouvel-album_music

Pour regarder et diffuser la vidéo d’In a sentimental Mood

http://www.youtube.com/watch?v=-S67sqbmu9M 

L’art de la ballade

« La ballade reste ce qu’il y a de plus dur à jouer. Sur un tempo plus up, on peut masquer les petits défauts, les imperfections. En revanche, si on n’a pas d’idée sur une ballade, on est cuit. Ça ne ment pas, vous êtes à nu. Le débit impose la précision, la concision. » Tel est le défi relevé haut la main (mais avec doigté) par Eric Legnini face au Steinway. Enregistré un an avant « The Vox », publié un an après, tout à la fois exercice de style et leçon d’introspection à l’heure de la quarantaine, Ballads » offre le temps d’une élégante respiration dans une carrière qui depuis le milieu des années 2000 connaît une montée en régime. Mais aussi l’occasion pour le pianiste de replonger dans ce bain d’éternelle jouvence qu’est le répertoire des grands maîtres, avec « une fraîcheur d’esprit nécessaire pour régénérer l’approche des standards ». « Ballads » lui permet de revenir de la plus belle des manières sur cette matière première.

L’art du standard

« Le standard est le langage de base du jazz. Ce que tu as à dire sur cette grammaire ancestrale, c’est l’école par laquelle on passe tous. » Eric Legnini a ainsi fait ses classes en Belgique, en trio entre 1988 et 1994, avant de débarquer à Paris, où il s’y est encore remis, repassant soir après soir par ces bons vieux standards. « Tout ce savoir » dont il extrait ici ses versions références, des modèles pour sculpter ses propres histoires plus que des simples décalcomanies conformes. Chacun renvoie à la façon des notes de bas de page à sa biographie. A l’image de cet emblématique portrait en noir et blanc, « Zingaro » du boss de la bossa Jobim, un thème qui le hante depuis qu’il l’a découvert au conservatoire de Liège, lors d’un concert avec Michel Graillier et Chet Baker. De ses années outre-quiévrain, il retient « I Fall In Love Too Easily », qu’il pratiqua avec Jacques Pelzer, « I Can’t Get Startet », qu’il s’appropria avec Toots Thielemans. « Avoir des maîtres, ce n’est pas honteux. Ça me fait d’ailleurs toujours plaisir quand on me dit que je sonne comme untel. Parce que je sais que je n’ai pas copié, mais que je m’en suis inspiré. Simplement, ça transpire à un moment ou autre. » Phineas Newborn et Oscar Peterson, Hank Jones et Junior Mance, telles sont les mamelles dont Eric Legnini fait son lait depuis des lustres. Il y goûte avec un plaisir évident, avec le même désir d’enfant émerveillé par les aînés. A commencer par le Duke, le tutélaire père du jazz, dont il emprunte le sillon en guise d’introduction de « Ballads » : « In A Sentimental Mood », façon de donner le diapason de cette session, juste, comme il faut, sans pathos. « La version d’Ellington et Coltrane reste pour moi un sommet. » Sa vision est tout aussi débarrassée d’effet superfétatoire, tout autant habitée de feeling.

L’art du répertoire

A des années lumières des adeptes de la triple croche pointée et des forçats du tour de poignet, Eric Legnini évite les farces et chausse-trappes de la facilité, du remplissage qui comble les oreilles novices en masquant le grand vide. Pas de solos de contrebasse, point de roulements tambours battants, le pianiste suspend le temps, retient le tempo, ose même la loi du vertigineux silence. Quinze thèmes, la plupart en moins de trois minutes, comme un concentré où la sagesse domine la prouesse. « Le format très court correspond à ce type de répertoire. Tu dis la même chose en trois minutes qu’en huit. La manière de jouer la mélodie est la couleur fondamentale dont découle l’improvisation. » C’est  ainsi, seul au piano, qu’il dessine deux folksongs de sa main tout comme il trace de nouveaux contours à son écriture en parcourant trois de ses classiques : le joyeux « Trastevere », le nostalgique « Amarone », et « Nightfall », un thème comme une sorte de signature stylistique. C’est avec la même retenue qu’il délivre seul un « Prelude To A Kiss », un de ses morceaux préférés. Quant à l’adaptation toute personnelle – mais cette fois en trio – de « Don’t Let Me Be Lonely Tonight » de James Taylor, elle redit son goût pour la musique de l’âme. Parmi toutes ses bornes essentielles, mention spéciale à « Willow Weep For Me », qui renvoie à la vision qu’en offrait Ray Bryant , un condensé de toute l’expression de la tradition gospel du piano jazz, et spéciale dédicace à la version de Bill Evans de « Darn Tha Dream » « Dans l’école blanche du trio, il y a deux maîtres incontestables : Paul Bley, dans une manière plus libre de jouer, et Bill Evans, moderne à tout moment. » Sans oublier le standard trio de Keith Jarrett, une formation matrice, qu’il salue d’un subtil clin d’œil à travers « Smoke Gets In Your Eyes »…

L’art du trio

Pas de doute, chez Eric Legnini, la versatilité rime avec la curiosité, l’originalité s’arrime à l’historicité. De l’élégant Hank Jones au turbulent Ahmad Jamal, sans oublier les « Soul Fingers » de Morris Nanton ni la « touche » de Junior Mance, la formule du trio jazz reste son format de prédilection, qu’il explore en amateur éclairé. « Ne pas se répéter est un moteur essentiel à la création, ce qui n’exclue pas d’emprunter les mêmes chemins que mes aînés. », confiait-il à l’occasion de la sortie de « The Vox », bâti autour de sa relation avec la paire rythmique. C’est à la genèse de ce trio que l’on assiste avec « Ballads », première session studio (une journée chez Gérard de Haro !) avec son nouveau compagnon de route, le contrebassiste Thomas Bramerie, parfait complément du batteur Franck Agulhon. « Dans un trio, le piano donne l’ambiance générale par rapport à l’harmonie et la couleur. La batterie impulse la dynamique, qui préserve de la monotonie, en mettant en relief les contours, les coutures, de chaque morceau. Quant à la contrebasse, elle est le trait d’union, elle fait le liant, le lien essentiel. » Cela sonne comme une évidence, ceux-là s’écoutent à tout moment. Cette triple entente féconde un son unique, une âme de groupe. De la soul entre les lignes. « En trio il faut choisir des morceaux qui ont une charge émotionnelle pour pouvoir s’y projeter. Toutes les influences que je peux avoir ressortent naturellement. Comme une synthèse personnelle de mon histoire du piano. Jouer ce répertoire, c’était s’imposer un retour aux fondamentaux avant d’aller oser d’autres mélanges. » Back to the basics, retour aux sensuelles « ballades », avant de repartir pour d’autres aventures…

Eric LEGNINI (Piano)

Thomas BRAMERIE (Contrebasse)

Franck AGULHON (Batterie)

http://www.discograph.com/ericlegnini/