La ville oubliée

La ville oubliée

La ville Oubliée, premier roman de Roger Gariépy, est une histoire basée sur des faits réels racontant la naissance d’une ville canadienne majoritairement francophone. Au début du siècle dernier, l’Ouest canadien intéresse les bâtisseurs, promoteurs et autres aventuriers avec la construction d’un grand réseau ferroviaire. Une petite ville au nord de l’Alberta semble particulièrement attirer les pionniers…

Joseph-Omer Boulanger et sa femme Florida, tout comme Honoré Corbeil et sa femme Antoinette, sont parmi les nouveaux arrivants qui fuient les conditions de vie difficiles au Québec pour s’établir dans l’ouest du pays. Ils ont choisi la petite localité puisque l’endroit est pressenti comme point de passage important pour le chemin de fer qui reliera l’ensemble du territoire d’ouest en est. Or, des magouilles politiques entre francophones et anglophones viennent changer les plans de développement de la région et l’avenir de ses habitants est mis en péril. À partir de ce jour, la ville de Grouard verra ses habitants la délaisser pour aller s’établir à Edmonton et autres villes avoisinantes.

Aujourd’hui, Grouard est un petit village paisible situé à une quinzaine de kilomètres au nord de la route 2, c’est une « ville fantôme », une curiosité de l’histoire de l’Alberta. 

Comme j’aime lire des romans à saveur historiques, ce premier roman de Roger Gariépy m’a tout de suite fortement intéressé. Tout d’abord, je voulais en apprendre plus sur les gens du Québec qui ont émigré vers l’Ouest Canadien au lieu dela Nouvelle-Angleterreau début du siècle et voir comment ces canadiens-français en sont venus à devenir assimilés aux canadiens-anglais. 

Donc, dans ce livre, on nous parle de la vie des gens en Alberta entre 1909 et 1925, plus particulièrement dans ce petit village Grouard, en plein essor, avec l’arrivée imminente du projet construction de la voie ferrée tout près de la ville. On parle de la traite des fourrures, des règlements de compte à la taverne, de l’influence de l’Église, des divers métiers de ces gens, de l’arrivée graduelle des premières automobiles.  Le lecteur suit également le destin de quelques familles à travers les grands évènements qui ont marqué ce début du siècle. Ainsi, l’on part à la guerre de 1914-18 avec le soldat Gabardine où l’on assiste au premier plan à la vie éprouvante de ces hommes dont une grande partie d’eux tombent au combat. On est témoin des ravages de la grippe espagnole dans la région d’Edmonton. On assiste, impuissant, à l’élimination graduelle des francophones dans l’Ouest grâce aux règlements scolaires de plus en plus limitatifs quant à l’usage du français dans les écoles au-delà des premières années d’études. Bien qu’outrées par ces règles, les Canadiens français ont dû peu à peu y adhérer, puisque la pression sur eux était de plus en plus grande, et les hostilités avec le Klu Klux Klan canadien amenèrent des frayeurs chez les francophones. 

Roger Gariépy sait bien doser la description très imagée des périodes historiques et les dialogues fictifs de ses personnages de bons vivants du début du siècle. Il sait rendre ses personnages attachants et il donne une bonne vision du climat, de l’ambiance qui régnait à cette époque. On voit qu’il a fait de grandes recherches, autant en ce qui concerne la guerre, que la petite histoire du village de Grouard. Il y a un souci du détail et de précision dans le livre, autant au niveau des faits historiques que du langage utilisé par les habitants, et la description de la vie dans ce temps-là. L’ambiance des villages canadiens en pleine période de croissance est rendue de façon si réaliste dans ce récit que le lecteur vit pleinement au rythme de la petite communauté. 

La seule chose que j’aurais aimé avoir de plus dans ce livre, c’est un arbre généalogique au tout début, pour me rappeler les liens entre les multiples personnages, car parfois, l’on découvrait une nouvelle personne, qui ne revenait dans le décor que plusieurs pages plus loin, et il m’arrivait d’avoir oublié qui elle était. 

 

Roger Gariépy

Né à Prévost, dans les Laurentides, Roger Gariépy est le septième d’une famille de huit enfants. Après quelques années d’études universitaires et des escapades du côté de l’Europe, il rentre au bercail travailler avec son père dans l’atelier familial de fabrication de canots en bois. En 1994, il devient copropriétaire de l’entreprise. Le goût d’écrire lui vient du temps où il parcourait les champs à la recherche d’aventures et passait des heures à rêvasser au grenier, devant la vieille malle aux photos jaunies. La ville oubliée est son premier roman. 

328 pages

Prix : 24.95 $

Guy Saint-Jean Éditeur

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