Le Dindon

 

Linda Sorgini et Alain Zouvi

 Après un mois de représentations au Théâtre du Nouveau Monde (TNM), à Montréal, la troupe de la pièce Le DINDON a fait une petite tournée québécoise de huit représentations, dans le cadre des Sorties du TNM qui s’est terminé à la salle Albert-Rousseau, à Québec, le 26 mars dernier. 

Dans un décor et une ambiance fidèles à l’époque, Le Dindon raconte l’histoire de Pontagnac (Alain Zouvi) qui, tout comme le jeune Rédillon (Carl Béchard), est un coureur de jupons invétéré. Tous deux sont aux trousses de Lucienne (Linda Sorgini), qui se laisserait bien attraper par l’un ou l’autre, si son Vatelin (Rémy Girard) de mari avait au moins l’intelligente initiative d’être le premier à la tromper. Il y aurait alors l’inévitable excuse de la vengeance et tout le monde serait content. Mais comme on est chez Feydeau, la tromperie, en dépit des tribulations et des tripotages, ne triomphe jamais! 

Cette pièce, il faut le savoir, est un véritable vaudeville, une comédie de quiproquos, de portes qui claquent et de rires bien gras. C’est une histoire de libertinage, où les femmes sont belles et frivoles tandis que les hommes sont menés par leur désir sexuel et où le mensonge et l’hypocrisie font bon ménage. 

Naturellement, c’est un peu à cela qu’on s’attend avec une pièce de Feydeau. Mais ce qui fait de cette pièce un pur divertissement et un évènement à ne pas manquer, c’est d’abord son impressionnante distribution, qui comprend entre autres :  Rémy Girard, Véronique LeFlaguais, Linda Sorgini, Alain Zouvi et Carl Béchard. Au total 16 comédiens qui dégagent une énergie folle, qui jouent avec fougue et enthousiasme avec un talent indéniable pour la comédie. Que ce soit les rôles principaux ou secondaires, tous font preuve d’un jeu d’une efficacité comique remarquable. Ils arrachent des fous rires grâce à leurs personnalités très colorées et leurs mimiques très articulées. 

Rémy Girard, Alain Zouvi et Linda Sorgini

La mise en scène par Normand Chouinard est totalement dans le ton requis, de l’absurde festif, avec un sens du rythme effréné et une grande précision dans les textes et les faits et gestes. Ce qui se démarque dans cette mise en scène, c’est l’ajout de l’introduction, avant même le levée du rideau, où tous les acteurs sont sur scène, à quelques minutes d’entrer dans leurs personnages. Ils sont en fait une troupe qui doit jouer leur pièce devant un éminent personnage, Monsieur Meunier qui pourrait sauver leur théâtre en devenant leur commanditaire. Pour l’amadouer, tout au long de la pièce, les comédiens feront référence aux «Chocolats Meunier» et ils ajoutent à tout moment des steppettes de danses, car il parait qu’il aime cela. Ces petites diversions font beaucoup rire les gens dans la salle et permettent aussi le changement de décor vers la fin du spectacle. Une bonne idée très originale du metteur en scène qui ajoute une dynamique intéressante à la pièce. 

 

Le premier décor du Dindon

Ce Dindon est présenté en trois actes, d’une durée de presque 3 heures (incluant l’entracte), Feydeau impose trois décors : le salon chez Vatelin, la chambre39 al’Hôtel Ultimus et le fumoir chez Redillon. Le décor, conçu par Jean Bard, dans chacune des pièces est de très bon goût, de style richissime, mais en aillant un minimum d’accessoires. Un fauteuil, deux ou trois chaises, un banc sur roulette, et surtout des portes qui permettent des sorties de toutes sortes. Il n’en faut pas plus. Les costumes, magnifiques, de Suzanne Harel, viennent donner la grâce voulue et la notoriété des riches de l’époque. 

Par contre, au niveau du son, comme la salle Albert-Rousseau est grande et que les gens rient beaucoup, il était parfois difficile de bien comprendre toutes les répliques. Il aurait peut-être fallu installer des micros discrètement pour mieux entendre jusqu’en arrière. 

 Somme toute, durant ce spectacle de presque 3 heures, les gens dans la salle ne s’ennuient pas un instant, avec tout ce va-et-vient et ces histoires rocambolesques d’infidélités, de jalousie et de mensonges entre amis.  

Linda Sorgini et Rémy Girard

De Georges Feydeau.

Mise en scène de Normand Chouinard.

Avec Rémy Girard, Véronique Le Flaguais, Alain Zouvi, Linda Sorgini, RogerLa Rue, Violette Chauveau, Jean-Pierre Chartrand, Carl Béchard, Normand Carrière, Adrien Bletton, Guillaume Cyr, Alexandre Daneau, Marie-Pier Labrecque, Catherine Le Gresley, Danièle Panneton, Sébastien René. 

http://www.tnm.qc.ca/saison-2011-2012/Le-Dindon/Le-Dindon.html 

www.sallealbertrousseau.com

 

 

crédit photos : Philippe Moussette