Volte-face et malaises

Volte-face et malaises

Rafaële Germain auteures de Soutien-gorge rose et veston noir, paru en 2004, et Gin tonic et concombre paru en 2008, deux best-sellers de la chick lit Québécoise, vient de récidiver avec un troisième roman, Volte-face et malaises, qui vient boucler la boucle de sa trilogie féminine qui souligne chaque étape du passage de la jeune femme vers l’âge adulte :  l’éternelle ado, l’angoissante trentaine et l’adulte encore insouciante, sans enfant, qui tente de faire la transition de manière peu gracieuse.

Dans Volte-face et malaises, Geneviève Creighan a 32 ans. Nègre de profession, elle est employée par un empire médiatique qui produit des émissions de téléréalité. C’est une fille hypersensible qui essaie de cacher ses émotions… avec très peu de succès. Ses amis lisent en elle comme dans un livre ouvert et Geneviève, qui a un solide sens de l’autodérision, réussit à rire de cela aussi. Ayant été plutôt passive toute sa vie, elle attend le coup de pied au cul qui la forcera à être enfin active. Quand le roman commence, Geneviève vient d’être quittée par Florian, un bel architecte de 37 ans avec qui elle était depuis six ans. Comble de l’humiliation, il est parti avec une fille plus jeune. Dévastée, Geneviève se relève grâce à ses amis, à une thérapie ridicule, mais efficace, à son sens de l’humour… et à l’arrivée d’un jeune auteur, Maxime, qui la séduit bien malgré elle…

Ce roman fait plus de 500 pages, qui entrainent le lecteur, avec un peu trop de vigueur à mon goût, dans les bas-fonds de la peine amoureuse. Ne vous y trompez pas, j’adore la chick lit québécoise et globalement ce livre m’a plus énormément, sauf que le personnage de Geneviève Creighan, cette jeune femme nouvellement célibataire, qui pleure sa rupture à grand coup de cocktail douteux à la vodka et de reniflement dans la fourrure de ses chats, tout en ressassant inlassablement dans sa tête ses questionnements sur sa recherche d’identité personnelle…m’a littéralement tapé sur les nerfs. J’aurais aisément coupé plusieurs pages de ses réflexions intérieures, de ses litanies de lamentation à n’en plus finir.

Mais, mis à part ses complaintes larmoyantes, que l’on retrouve à profusion dans les 100 premières pages, j’ai adoré la plume de Rafaële qui réussit à rendre crédibles ces personnages plus grands que nature et extrêmement dysfonctionnels. Je dois dire que la fin a même réussit à me tirer quelques larmes… Avec des thèmes comme l’amitié qui prime par-dessous tout, la quête de l’amour avec un grand A, de l’âme sœur qui guérit tous les maux, ce roman nous amène sur le chemin des grandes émotions vives. Les dialogues entre les divers amis qui s’abrutissent d’alcool à cœur de journée sont succulents. Mais je dois dire qu’à entendre parler constamment de tous ces cocktails et boissons alcoolisées, j’avais parfois envie de me servir un bon verre de vin ou de margarita pour continuer ma lecture. 

Avec une trame de fond d’amour déçu et de quête existentielle, on retrouve aussi beaucoup d’humour, noir parfois, et d’autodérision. Ce qui est intéressant dans ce genre de lecture (la chick lit ) c’est le fait de pouvoir se trouver des similitudes avec nos propres histoires d’amour, de peine, de situations embarrassantes, de réactions peu glorieuses. Et, en se comparant à ces personnages complètement dysfonctionnels face à l’amour, on se console de ne pas être aussi pire qu’eux et on se sent moins seuls dans nos imperfections. 

Outre se consacrer à l’écriture romanesque, Rafaële Germain signe une chronique hebdomadaire dans La Presse et collabore à l’émission Je l’ai vu à la radio, en ondes le samedi à la Première Chaîne de la Société Radio-Canada. Elle travaille à la scénarisation de son premier roman, Soutien-gorge rose et veston noir, qui sera bientôt adapté par Myriam Bouchard au cinéma,  tout en signant chaque semaine des textes pour l’émission de Marc Labrèche 3 600 secondes d’extase. S’il lui reste un moment, elle lit plus en anglais qu’en français, fréquente le cinéma anglo-saxon et sud-américain, voyage – mais pas assez, dit-elle –, fait la cuisine et avoue sa passion pour le bon vin, les chats et les talons hauts. 

Prix : 29.95 $

Nombre de pages : 528 

Édition Libre Expression

http://www.edlibreexpression.com