Le poison des âmes

Le poison des âmes
Le poison des âmes

Les méchants livres à l’Index, ces livres censurés ou interdits par l’Église au dix-neuvième siècle au Québec, voici le point d’encrage de la merveilleuse aventure de Charlotte, l’héroïne du nouveau roman jeunesse de Daniel Mativat. Voyons voir si elle deviendra digne des plus grands héros de ses romans favoris.

François-Marie Laliberté, un fervent patriote, sera exécuté. Henriette, sa femme, ne peut s’en remettre, comment survivre à la mort si tragique de son mari? Elle mourra de chagrin un peu plus tard, dans la misère, laissant sa fille Charlotte, mauvaise élève qui lit des livres interdits, pauvre et orpheline. Beaucoup de gens ne cessent de la poursuivre et de lui causer des ennuis, mais heureusement son grand-père Guillaume, libraire, viendra à son secours et elle retrouvera son vieil ami Armand. Charlotte, avec ses alliés et ennemis, découvrira la joie et les peines, en plus du mystère du billet laissé par son père… Après de nombreuses aventures plus tristes les unes que les autres, Charlotte détiendra enfin les outils pour une vengeance digne de celle du compte de Monte-Cristo…

 

L’époque des patriotes, une des plus intéressantes au Québec; des exécutions controversées, un peuple en recherche d’identité et un clergé dominant. C’est vraiment une source infinie d’événements, de personnages et de lieux pouvant se retrouver dans une histoire. Je suis déjà une fervente admiratrice de Susanne Julien et de Viateur Lefrançois qui ont visité, à leur manière, cette Rébellion de 1837-38. Alors, quand j’ai vu que Mativat en parlait aussi dans son roman, j’ai été très intéressée. Attention, ce n’est pas une aventure de patriotes, l’exécution du père étant l’élément déclencheur d’une série d’événements qui transformeront Charlotte en une femme libérée et soulagée des peines qu’on lui a faites. Mativat met plutôt la lumière sur un Québec où l’Église interdit la lecture et dévalorise l’instruction, où les gens mettent même le feu aux écoles. Une époque sombre de notre histoire, celle qui a suivi la dite Rébellion…

Le roman a beaucoup de points positifs : on améliore nos connaissances de l’époque des patriotes, l’écriture de Mativat est superbe et on s’attache vite aux personnages, les références et l’intertextualité sont très riches et on ressort de cette lecture en ayant amélioré nos connaissances en histoire et surtout en littérature. Mativat s’est aussi inspiré de l’affaire Guibord et de la vengeance du comte de Monte-Cristo pour écrire différentes péripéties du roman. J’ajouterai aussi que l’épisode où Charlotte devient institutrice est délicieux et qu’on aimerait qu’il ne se termine jamais. D’un côté plus négatif, je dirais que le roman va trop vite, on raconte en 208 pages ce que j’aurais aimé lire en 600, on saute d’une action à l’autre sans prendre le temps de laisser savourer au lecteur la richesse des personnages et de l’époque. De plus, on est un peu trop didactique, voulant trop enseigner et faire la morale aux jeunes qui lisent le livre, quand c’est trop gros, on perd l’intérêt. Tout de même, je vais probablement conseiller ce livre à mes collègues enseignants, mes élèves et quelques amis, en plus de le relire et de le raconter à qui veut bien m’entendre…

Daniel Mativat
Daniel Mativat

Daniel Mativat

Auteur d’une cinquantaine de romans pour la jeunesse, la réputation de cet homme originaire de Paris n’est plus à faire. Il a enseigné le français pendant plus de trente ans tout en écrivant pour les jeunes. Il a été trois fois finaliste du prix Christie, deux fois du Prix du Gouverneur général du Canada et une fois du prix TD. Il habite aujourd’hui Laval et est l’heureux grand-père de deux petites filles.

 

 

 

http://tisseyre.ca/

âge : 12 à 17 ans

208 pages

prix suggéré : 12,95$