Ventre pièce de théâtre de Steve Gagnon

 

Ventre

Ventre, est le deuxième volet de la trilogie théâtrale du comédien et dramaturge Steve Gagnon, qui continue l’exploration de la séparation amoureuse amorcée avec La montagne rouge (SANG). Elle et lui s’affrontent, s’entrechoquent et se déchirent avec leurs mots nus et leur chair crue.

Les personnages créés par Steve Gagnon sont crus, blessés, à vif. Enfermés dans un appartement miteux, ils revivent leur séparation et leurs erreurs, et hurlent toute la rancœur qui les habite. Plus qu’une simple querelle de couple, Ventre donne la parole à un binôme de jeunes contemporains, semblables à ceux qui nous entourent.

À l’aube de la vie adulte, Elle et Lui se cherchent et se découvrent à travers les expériences extrêmes que sont la trahison et l’amour. Dans un langage imagé, parfois violent, mais toujours juste, ils remettent en question leurs valeurs ainsi que leur appartenance à une société de consommation étouffante. Placés devant l’inévitable deuil de leurs espoirs adolescents, ils vivent à travers l’éclatement de leur couple la dissolution du monde dont ils avaient rêvé. Si les idéaux de justice sociale et de partage s’effritent devant la réalité, que reste-t-il sinon le réflexe animal du repli sur soi, du retour à une noirceur enveloppante? Et pourtant, refusant de se résigner, ils se promettent de demeurer vigilants et de résister au confort et à l’indifférence.

Autant j’avais adorée La montagne rouge (SANG), qui était une sorte de poésie déchirante sur le suicide et le deuil, autant ce deuxième volet Ventre me laisse perplexe et chamboulé. Steve Gagnon signe avec ce texte, un manifeste contre le cynisme et la morosité ambiante. On a droit à un duel entre deux amoureux qui sont à la croisée des chemins et qui s’interrogent sur l’infidélité, le quotidien de la vie de couple qui s’effrite dans notre société d’aujourd’hui où la morosité et les malheurs sont mis de l’avant-plan, au détriment de l’espoir et les rêves. Personnellement, ce texte m’a quelque peu déprimé même si je comprends que son but était probablement de semer la réflexion chez le lecteur.

Bien que je préfère le premier volet de sa trilogie, je suis tout de même époustouflé par le talent de Steve à coucher sur papier autant d’émotions, de tiraillements, de passion, de convictions, de déchirements entre deux personnages, de sensibilité dans ses monologues et dialogues. Bref, ce livre mérite d’être lu et cet auteur mérite d’être reconnu comme un véritable écrivain de grand talent.

Il est certain que de lire simplement le texte de cette pièce de théâtre ne permet pas de voir la profondeur des émotions générées par une interprétation sur scène, mais il est certain que cette pièce ne laissera personne indifférent.

La pièce Ventre sera présentée du 7 au 23 janvier 2013 à La Petite Licorne, à Montréal, dans une mise en scène de Denis Bernard et où Steve Gagnon lui-même et Marie-Soleil Dion, interpréteront ce jeune couple au bord de la rupture.

 

Steve Gagnon

Steve Gagnon est diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Québec. Comédien, il a joué dans des productions récentes de CaligulaL’asile de la puretéInes Pérée et Inat TenduReconnaissance et Vertiges. On lui doit aussi la mise en scène d’Autour de ma pierre il ne fera pas nuit. Il a cosigné avec Véronique Côté les textes du tableau «Jardins secrets» du spectacle déambulatoire Où tu vas quand tu dors en marchant? ainsi que le recueil de récits Chaque automne j’ai envie de mourirVentre, sa seconde publication dans la collection «L’instant scène», fait suite à La montagne rouge (SANG), finaliste au Prix du Gouverneur général 2011, catégorie Théâtre. La pièce Ventre sera présentée àLa Petite Licorne, à Montréal, du 7 au 23 janvier 2013, dans une mise en scène de Denis Bernard.

98 pages

Prix  14,95 $

http://theatrelalicorne.com/lic_pieces/ventre/ 

Édition Instant Même.

http://www.instantmeme.com

 

Crédit photo :  France Larochelle