Entrevue avec Suzette Paradis

Suzette Paradis
Suzette Paradis

Cinéressources est un site de ressources pour les comédiens-comédiennes du Québec.

Vous trouverez sur ce site les outils pour appuyer votre carrière de comédien au Québec et ailleurs. Complément au Bulletin d’information Cinéressources publié depuis novembre 1992 par Suzette Paradis, le site cinetv.biz propose des ressources diversifiées reliées au marché de l’emploi des acteurs et actrices au Québec.

Q : Madame Paradis, vous avez fondé le bulletin de casting Cinéressources en 1992. À cette époque, qu’est-ce qui vous a amené à la création de cette publication ?


J’étais déjà journaliste depuis 1984. J’écrivais pour des magazines artistiques d’une part, puis j’avais fondé Cinéressources, un bureau de ressources en casting où je suis devenue directrice de casting. Je me suis rendue compte que les comédiens connaissaient peu le fonctionnement de leur métier : qui les avait convoqué en audition ? Qui réalisait ? Qui avait scénarisé les productions dans lesquelles ils avaient été embauchés ? Je trouvais cela regrettable d’autant plus que je comprenais que cette information était précieuse pour que les comédiens se construisent des réseaux qui leur apporteraient de l’eau au moulin. Alors je suis allée à New York voir ce qui se faisait. Je me suis abonnée à la revue Backstage qui me donnait une orientation éditoriale pour le Bulletin Cinéressources.

Q. Après ces 21 ans de service à la communauté culturelle, vous prenez maintenant la décision de cesser la diffusion mensuelle de ce bulletin qui a été une référence pour la relève et autres comédiens. Qu’est-ce qui motive votre décision ?

Je cesse de publier après une longue réflexion de près d’un an. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles j’ai fait ce choix. D’un point de vue personnel, j’ai déjà un emploi qui n’a rien à voir avec Cinéressources donc pour construire à chaque mois Cinéressources j’utilise mes week-end, mes soirées, mes vacances, mes congés ce qui n’est pas rien. Je pars bientôt en vacances et c’est la première fois en 20 ans où je ne travaillerai pas. J’ai donc besoin d’une pause pour prendre de vraies vacances.

D’autres parts, il y a le marché. En 2011, j’ai cessé de publier sous format papier. J’avais longtemps hésité parce que plusieurs de mes abonnés tenaient au papier. Mais j’ai poursuivi un envoi par courriel de Cinéressources une fois par mois. Je crois qu’avec les technologies d’aujourd’hui, dans sa forme, Cinéressources était devenu désuet. Il me faut passer à un format totalement technologique pour rivaliser avec l’information qui circule à la vitesse de l’éclair. Un format qui me permettrait de mettre à jour l’information pas qu’une seule fois par mois mais tous les jours. Par ailleurs, des groupes dans les réseaux sociaux et sur des blogues diffusent de l’information concernant les castings.

Mais dans Cinéressources, il n’y avait pas qu’un guide de casting, il y avait aussi des entrevues et des textes sur les comédiens moins connus. C’est une partie qui me manquera parce qu’au -delà de la notoriété, il y a des artistes qui mènent admirablement leur bout de chemin dans ce métier difficile.

Q. : Vous y consacriez beaucoup de votre temps. Par curiosité, pouvez-vous nous donner une idée du nombre d’heures nécessaires à la recherche d’information ? Comme les fonds subventionnés pour les films et la télévision ? Travaillez-vous en collaboration avec la SODEC ?

En ce qui a trait au temps, je travaillais tous les jours à Cinéressources en faisant une revue de presse d’articles qui portent sur le cinéma, la télévision et le théâtre. J’ai lu à chacune de leurs sorties les rapports annuels des organismes subventionnaires, les annonces de financement, les brochures, etc. Je n’ai jamais travaillé en collaboration avec des organismes et mis à part mes collaborateurs, j’ai toujours fait cavalier seul.

Q. : Comment ont réagi vos abonnés ?


J’ai eu de nombreux courriels et téléphones de leur part. Ce qui revient dans les remarques est une appréciation du fait que Cinéressources a participé et contribué aux débuts et au lancement de plusieurs carrières. On peut donc dire que j’ai atteint mon objectif en ce sens. L’autre remarque est un cri du cœur face à l’idée qu’il n’y a aucun équivalent à Cinéressources sur le marché et que de nombreux comédiens sont désormais laissés seuls à eux mêmes pour trouver du travail.

Q. : En regardant ces 21 ans de publication, de quelles réalisations êtes-vous la plus fière?


D’abord je suis fière d’avoir résisté si longtemps sans subvention et d’avoir eu le soutien de mes abonnés dans la poursuite de mes objectifs d’informer les gens sur leur métier. Puis je suis contente de plusieurs numéros de Cinéressources, ceux qui reflétaient avec justesse l’époque par exemple. Quelques grandes entrevues m’ont aussi apportées une grande fierté.Dans mon dernier numéro, je souligne ces moments et ces entrevues pertinents. Je passe en revue 20 ans et c’est en fouillant dans mes 256 numéros que j’ai constaté tout le travail de fond, le déblayage que j’ai pu faire.Vous pouvez consulter le dernier numéro du bulletin de Cinéressources: http://www.crm.umontreal.ca/~paradis/fevrier2013.pdf

Q. À son apogée, pouvez-vous nous dire combien de fidèles abonnés on profité mensuellement des précieux conseils de Cinéressources?

J’ai eu plusieurs centaines d’abonnés sans compter les abonnements des agents artistiques qui affichaient, photocopiaient ou envoyaient Cinéressources à leurs membres. Il y a aussi eu une horde de comédiens qui se refilaient le Cinéressources entre eux.  J’ai aussi eu de nombreux acteurs renommés ou qui le sont devenus comme abonnés. Cela leur permettait de mieux prendre le contrôle de leur carrière puisqu’ils pouvaient téléphoner à leur agent pour leur demander pourquoi ils ne faisaient pas les auditions de telle ou telle production répertoriée dans Cinéressources…

Q. : Sur le site www.cinetv.biz de Cinéressources, peut-on toujours trouver les informations à jour pour aider les artistes québécois ?


Les informations du moment ne sont pas à jour.

Q. : Nous pouvons imaginer que de tourner la page sur cette partie de votre vie soit deuil temporaire mais nous avons entendu dire que vous allez reviendrez cet automne avec une nouvelle plateforme avec une formule plus adaptée à la nouvelle technologie. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?

Je réfléchis mais je ne garantis rien. Je viens tout juste de terminer mon dernier numéro. J’ai besoin du recul nécessaire pour avoir un portrait plus large de ce que je voudrai entamer.

Q. : D’ici là, quels sont vos projets dans l’immédiat ?

Dans l’immédiat, c’est les vacances. J’ai entrepris une chronique de restaurant à Info-Culture.biz. Cela me permettra de continuer à aiguiser ma plume puisque le plaisir de Cinéressources était aussi celui d’écrire. Info-Culture.biz me permet de me diversifier en abordant de nouveaux sujets.

Chère madame Paradis, nous souhaitons que vos nouveaux défis soient à la hauteur de vos attentes.