Roche Papier Ciseaux

Roche Papier Ciseaux

J’ai vu, en grande première, le premier film du réalisateur Yan Lanouette Turgeon  Roche Papier Ciseaux mettant en vedette en autres Roy Dupuis, Remo Girone, Samian et Roger Léger. Ce film a été choisi pour ouvrir la 31e édition des Rendez-vous du cinéma québécois, qui se tiendra du 21 février au 3 mars 2013! Le film sera donc présenté le 21 au Cinéma Impérial et il sortira en salles le 22 février. Mes entrevues avec les artisans du film se trouvent dans la section entrevue de ce site.

Synopsis

Le chef des triades chinoises, malade et fou, a commandé un coeur pour se le faire implanter. Boucane, un jeune autochtone, quitte sa réserve du Nord du Québec et s’embarque vers Montréal et ce qu’il espère être un futur plus reluisant. Sur sa route, il croise Normand, un ancien caïd maintenant contraint à des boulots de petit homme de main, qui l’engage comme chauffeur. Normand cache toutefois quelque chose de pas net à l’arrière de son camion…Lorenzo, un vieil Italien vivant dans la pauvreté, cherche à exaucer le dernier souhait de Rosa Maria, sa femme mourante. Muffin, le bras droit du chef des triades chinoises montréalaises, recrute Lorenzo pour participer à une roulette russe à saveur pharmaceutique en lui promettant qu’il fera beaucoup d’argent rapidement. Vincent, un médecin radié oeuvrant maintenant pour les triades chinoises, tente de s’affranchir de « l’organisation » qui l’emploie sans pour autant y laisser sa peau et risquer celle de son amoureuse Clara et de leur premier enfant.  Ces hommes sont tous liés. Pourront-ils sortir indemnes de ce cauchemar commun? La réponse viendra lors de l’éclipse lunaire. Seulement si la lumière revient à temps pour leur permettre d’y voir un peu plus clair.

Remo Girone (Lorenzo) et Frédéric Chau (Muffin)

Pour ce premier long métrage de Yan Lanouette Turgeon, je n’avais qu’une vague idée du genre de film que je m’apprêtais à voir. Oui un film sur la mafia chinoise, un film un peu à la manière des frères Cohen, un film où la diversité culturelle serait au rendez-vous, de même que la violence et le pouvoir de l’argent. Cependant, je ne m’attendais pas à recevoir ce film comme un coup de poing au cœur. Yan Lanouette Turgeon nous présente 3 segments d’histoire, de trois hommes auxquels on s’attache rapidement et facilement, puis lorsque nous sommes bien empathiques à leur cause, on découvre les bas-fonds du crime organisé, du trafic d’organe et du pouvoir de l’argent sur les plus démunis, les plus désespérés de la vie. Ouf! Quand on pense que de telles arnaques peuvent exister, cela nous donne des sueurs froides.

Ce film est audacieux, son scénario est plausible et crédible, sans que l’on sache vraiment pourtant s’il est bel et bien une réalité au Québec ou ailleurs. Cependant, il frappe fort en nous et ébranlera le spectateur assurément.

Roger Léger (Normand) et Samuel (Samian) Tremblay (Boucane)

Une des grandes forces de film est de présenter un univers, avec plein de texture, des personnages colorés, exubérants, terrifiants parfois, mais surtout attachants, et énormément crédibles. Dans le premier segment, on découvre Norm (Roger Léger) et Boucane (Samuel Samian Tremblay) sur la route entre le Grand Nord et Montréal. La complicité entre ces deux êtres est palpable. Samian, le rapper, en est à son premier rôle au cinéma, mais il crève l’écran avec sa naïveté, son charme bon enfant et une curiosité dans le regard. Roger Léger pour sa part joue à merveille ce caïd dépassé par les évènements, bon gars dans le fond, mais dont les mauvais choix l’ont amené dans ce cul-de-sac de la mafia. Il est un bon vivant, drôle, pathétique parfois, mais surtout, il nous fournit, avec les personnages du bar Chez Jovial (Réjean Lefrançois (Jovial), Louis Champagne (Bobby) et Marie-Hélène Thibault (Beverley)) des moments plus légers et humoristiques fort appréciés à l’occasion, pour contrebalancer le drame et l’ambiance de violence qui est omniprésente. Personnellement, j’aurais aimé voir un film entier, style road movie avec les personnages de Boucane et Norm, tellement j’ai adoré ces individus et leur relation.

Roy Dupuis (Vincent)

Dans un autre ordre d’idée et un autre coin du Québec, à Montréal,  on rencontre Lorenzo (Remo Girone) et sa femme Rosa Maria (Victoria Zinny) dont la fin de vie approche. Cette fois-ci, c’est l’amour que l’on voit dans les yeux de Lorenzo pour sa femme et toutes ses démarches pour lui rendre la vie plus agréable qui nous émeut. D’emblée on espère secrètement qu’il puisse aspirer au bonheur. Remo Girone est fabuleux dans ce rôle, si touchant, si amoureux. Je pense également qu’on aurait pu avoir un film complet basé sur cette belle histoire d’amour.

Finalement, le troisième segment nous fait rencontrer Vincent, interprété avec brio par Roy Dupuis. Lui seul a cette présence, ce charisme du regard, pour nous faire aimer ce personnage qui fait des choses ignobles pour payer ses dettes. Homme de peu de mots, mais de tous les regards, je ne peux que saluer sa magnifique performance.

Remo Girone (Lorenzo)

Au sortir du visionnement de ce film, j’étais complètement bouleversée, chamboulée par toutes sortes d’émotions. Il y a une scène en particulier dans le film qui, bien qu’elle ne soit pas des plus violente, ni des plus sanglantes, frappe encore plus fort dans nos âmes et nos valeurs, et qui nous fait réfléchir sur le pouvoir et l’argent dans notre société. Je n’en dirai pas plus, pour ne pas vendre les punchs.

On ne peut pas demeurer indifférent devant ce genre de film, dont les dialogues sont peu nombreux, mais éloquents. Et surtout, dont les actes parlent d’eux-mêmes et les regards avouent plus que les paroles ne pourraient le faire. Ouf!! Cela c’est du vrai cinéma!!

Ce film prend l’affiche dès aujourd’hui, le 22 février, dans les salles du Québec.

 Distribution

Roy Dupuis (Vincent)

Remo Girone (Lorenzo)

Samuel (Samian) Tremblay (Boucane)

Roger Léger (Normand)

Frédéric Chau (Muffin)

Réjean Lefrançois (Jovial)

Louis Champagne (Bobby)

Fanny Mallette (Clara)

France Pilotte (Pierrette)

Hugues Frenette (Martin)

Marie-Hélène Thibault (Beverley)

Victoria Zinny (Rosa Maria)

Fiche technique

 Réalisation: Yan Lanouette Turgeon – Scénario: André Gulluni et Yan Lanouette Turgeon, consultante à la scénarisation: Valérie Beaugrand-Champagne – Production: Christine Falco – Société de production: Camera Oscura – Productrice déléguée: Valérie Allard – Directrice de production: Renée Gosselin –Productrice au développement: Sandra-Dalhie Goyer – Financement: Téléfilm Canada, SODEC, Fonds Harold Greenberg, Société Radio-Canada, Fonds Quebecor – Distribution: Filmoption International

Équipe technique – 1re assistante à la réalisation: Carole Doucet – Accessoires: André Ratelle –Conception sonore: Olivier Calvert – Conception visuelle: David Pelletier – Costumes: Carmen Alie –Distribution des rôles : Nathalie Boutrie – Maquillage: Djina Caron – Mixage: Bernard Gariépy Strobl –Montage : Carina Baccanale – Musique: Ramachandra Borcar – Photographie: Jonathan Decoste –Postproduction: Mélanie Gauthier – Prise de son: Yann Cleary – Scripte: Marjorie Hamel

Drame / 120 min. / Québec, Canada.
Sortie en salles au Québec le 22 février 2013.

http://www.rpc-lefilm.com

Les Films Camera Oscura (Production)
http://www.cameraoscurafilms.com
Filmoption International (Distributeur)
www.filmoption.com

 

Crédit photos : gracieuseté de ixion communication