Les Muses orphelines; une œuvre classique du théâtre québécois

Les frère et soeurs ensemblePsychodrame familial, puissant et enivrant, le texte de Michel Marc Bouchard revient chez nous, au Québec, afin de signer sa 120ème production. En effet, depuis son écriture dans les années 80, la pièce Les Muses orphelines a été l’objet de plusieurs traductions et été produite de par le monde. Chez Duceppe, la metteure en scène Martine Beaulne se réapproprie cette œuvre bien de chez nous.

L’action se déroule en 1965, autour d’Isabelle Tanguay, 27 ans, atteinte d’une déficience intellectuelle qui contraint son esprit de 11 ans à vivre dans le corps d’une adulte. Alors qu’elle n’était encore qu’une toute jeune enfant, sa mère les abandonne, ses sœurs, son frère et elle, dans le but d’assouvir sa soif d’aventures. Pour éviter de la faire trop souffrir de cet abandon glacé, ses sœurs et son frère n’ont d’autre choix de le lui mentir, faisant ainsi passer leur mère pour morte. Les années s’écoulent bon an mal an, jusqu’à ce que, au détour de la vie, Isabelle rencontre un homme qui lui avoue la cruelle vérité. Blessée, elle crée alors de toutes pièces un plan pour se venger de ceux qui lui ont tout caché. C’est ainsi que, en l’espace de quelques jours, frère et sœurs se retrouvent et retrouvent par le fait même les émotions qui hantent leur passé. Chacun interprétant les évènements à sa manière, ils se videront le cœur et tenteront de faire le point sur cette histoire qui les a si durement privés d’amour. Le chant de désespoir et du mal de vivre, de quatre enfants qui n’ont jamais réussi à grandir, à s’émanciper. Un récit criant de soif de vérité, de quête de réponses, de changement. Le portrait de notre société en ces temps plutôt incertains à travers l’histoire d’une mère partagée entre sa quête de changements et ses enfants. Une belle preuve que le changement social ne se fait pas sans heurts.

Des quatre acteurs se partageant la scène, on retient la touchante performance de la jeune Léane Labrèche-Dor (Isabelle Tanguay) qui signe de belle façon sa première présence chez Duceppe. Elle y incarne une Isabelle touchante, enfantine, vive, fragile et forte à la fois. Maxime Dénommée (Luc Tanguay) monte également pour la première fois sur les planches chez Duceppe. Il y sera accompagné par Macha Limonchik (Catherine Tanguay) ainsi que par Nathalie Malette (Martine Tanguay). Parfaitement distribuée, le jeu des acteurs est superbe, chacun vivant à travers son personnage, le temps de la pièce.

Les enfants autour de la table.Les murs délabrés de la maison semblent si imposants, oppressants, qu’ils nous inspirent dès le tout début, un sentiment de petitesse face au monde; une scénographie simple, efficace et minimaliste.

Les Muses orphelines, une pièce phare de l’univers du théâtre québécois, nous aspire littéralement. Un heureux mélange de tendresse et de dureté, de mensonge et de vérités, parsemé de petites pointes humoristiques. Un beau moment de théâtre.

Directeur artistique : Michel Dumont
Décor : Richard Lacroix
Costumes : Daniel Fortin
Éclairages : Claude Cournoyer
Musique : Ludovic Bonnier
Accessoires : Normand Blais
Assistance à la mise en scène : Manon Bouchard

Présentée à Montréal jusqu’au 30 mars 2013.
En tournée à travers le Québec du 5 avril au 18 mai 2013.

Liens utiles :
http://duceppe.com/
http://www.paulemaher.com/

 

Crédits photos: François Brunelle