Daisy and the Wonder Weeds: une comédie musicale rafraîchissante sur l’écologie et l’intégrité

Les interprètes de Daisy and the Wonder Weeds
Les interprètes de Daisy and the Wonder Weeds

Quel merveilleux « timing » car lundi c’est le Jour de la Terre! La nouvelle comédie musicale « Daisy and the Wonder Weeds » nous est présenté juste à temps sur des thèmes communs à cet événement mondial.  Une lecture publique de cette oeuvre a d’abord été présentée par le CETM http://www.cetm.ca/ en 2010.  La productrice et interprète de Daisy, Coralie Heiler, s’est sentie interpellée par la beauté du message écologique véhiculée par l’histoire et ses 20 chansons originales.  L’auteur du livret, de l’histoire et de la musique, Jean Elliot Manning, est une habituée des mondes fantaisistes car elle a écrit pour des émissions pour enfants et plusieurs de ses oeuvres ont gagné des prix (Banff International TV Festival, Best Video Anifest 2004, etc).  Elle raconte qu’après avoir ajouté quelques chansons et modifié son texte et quelques personnages depuis la lecture publique, elle est fière du résultat qu’elle voit enfin sur scène.

L’histoire se déroule dans une mégapole dirigée par un maire corrompu et des citoyens privés d’oxygène (ça vous rappelle quelque chose?). Les plantes d’un jardin s’animent devant nous et racontent chacune leur histoire en chansons. Une vieille dame s’occupe de ces fleurs jusqu’au jour où le maire influencé par ses organisateurs d’élection décide de transformer le jardin en stationnement étagé. Cette lutte complique l’intrigue et une fin heureuse sera trouvée grâce à des leçons environnementales et à la résilience de la nature. Ses héros, dont Daisy la fleur vedette du jardin et d’autres mauvaises herbes, nous livrent un message rempli d’amour de la nature et d’espoir pour l’avenir.  L’histoire aborde des thèmes aussi variés que l’écologie, la nature, la conservation, l’intégrité politique, la maltraitance faite aux aînés, et la résilience de l’environnement.

Jean Elliot Manning (auteure de la comédie musicale) et Coralie Heiler (Daisy)
Jean Elliot Manning (auteure de la comédie musicale) et Coralie Heiler (Daisy)

Les productions Coracole http://www.productionscoracole.com/ (Coralie et Nicole Heiler) nous ont habitué à des spectacles avec du chant plus classique (Phantom of the Opera, The Slipper and the Rose, etc.). Daisy est leur première incursion dans le domaine fantaisiste plus populaire.  Mais cette première est réussie, les voix lyriques s’adaptent très bien au style.  Leur équipe est formée de quelques professionnels entourés de gens moins expérimentés à cause de moyens limités.  Malgré ces limites, ils réussissent à nous en donner pour notre argent en talents musicaux.

Dans son ensemble, cette comédie musicale trouve ses forces dans la variété de chaque chanson. On y retrouve des styles pour tous les goûts, de la ballade au hip-hop en passant par le country.  Les chansons originales composées par Jean Elliot Manning ont été améliorées et arrangées par le directeur musical Marc Deslandes et aussi par un musicien québécois bien connu, Libert Subirana. Ce dernier, un ami de l’auteur, a mis la main à la pâte et on peut entendre son style à plusieurs endroits. Libert Subirana était un des musiciens du groupe Harmonium et directeur musical pour Yvon Deschamps dans les années 70.

Dans les rôles principaux on retrouve plusieurs belles voix lyriques. Plus spécialement celle qui porte tous les chapeaux et celui de Daisy, Coralie Heiler. Ses aigües clairs et limpides embellissent chacune des paroles de ses chansons. Rien ne semble difficile à chanter pour elle, et son timbre de voix est parfaitement adapté à une belle fleur de marguerite qu’elle représente, tout doux mais si puissant à la fois.  Ses chansons « Ordinary Me » et « Keep Wishing » sont un petit bijou à écouter et regarder. Le serpent joué par John Sawaya est tout aussi bon avec de belles nuances dans sa voix. On croit en son serpent « Sir Pent » grâce à sa façon de chanter, plus coulant.  La justesse et la solidité de sa voix nous donne envie d’en entendre plus.  Puis David Williams dans le rôle de l’arbre et narrateur nous surprend avec la profondeur de sa voix de basse. Très calme et rassurant, il s’impose quand c’est le temps, tout en se faisant discret dans son coin, comme un arbre. La justesse et la texture chaude de ses chants nous envoutent.

Au premier plan: John Sawaya (Sir Pent), en arrière à gauche David Williams (l'arbre) et Célyne Lavigne (Aunt Dee)
Au premier plan: John Sawaya (Sir Pent), en arrière à gauche David Williams (l’arbre) et à droite Célyne Lavigne (Aunt Dee)

Parmi les autres interprètes à souligner il y a Célyne Lavigne en vieille jardinière un peu perdue dans ses fleurs. Elle nous joue un personnage attachant mais surtout intense. On aimerait aller la serrer dans nos bras et lui dire que tout va bien quand elle est maltraitée par son neveu (et maire de la ville) et ses acolytes. Sa chanson « This is my home » est touchante. Tant qu’au maire joué par Sylvain Millette, on adore le détester pour ce qu’il représente. Dave Handelman qui joue Dandelion est un bon partenaire pour Daisy.  Mis à part sa première chanson qui est trop haute pour lui, sa voix juste est agréable à entendre et se marie très bien en duo avec Daisy. Un des rôles secondaires joué par Mira Choquette se démarque par sa voix douce et mélodieuse.

Mais là où la production excelle c’est quand tous se mettent à chanter ensemble, avec des harmonies et contre-chants. Que ce soit au début quand un trio de fleurs chantent en harmonie tel un choeur grec, ou dans les numéros d’ensemble, l’énergie vocale qui se dégage est plaisante. Dommage que ces numéros d’ensemble soient en général statiques, il y aurait eu avantage à profiter de plusieurs chorégraphies de groupe pour ces chansons.  Par exemple la chanson « I’ll be back » est très entraînante mais sans presqu’aucun mouvement.  À noter un des derniers numéros « Why do the Wild Weeds come » chanté sans musique est original et impressionne.

Un très bon orchestre de 6 musiciens sous la direction de Marc Deslandes accompagne la troupe. Un simple décor, une toile de fond représentant la ville et un jardin avec des cubes qu’on déplace permet d’éviter de briser le rythme entre les scènes. Les éclairages soignés surtout au deuxième acte nous font croire au monde fantaisiste. Plus spécialement quand le personnage du pissenlit se met à perdre ses aigrettes de poils par un effet lumineux. Somme toute, cette nouvelle oeuvre est un spectacle agréable à voir pour son originalité et ses thèmes, interprétée par de bonnes voix.

Daisy sous une pluie d'aigrettes de poils du pissenlit
Daisy sous une pluie d’aigrettes de poils du pissenlit

Les bons coups: plusieurs belles voix, très bonnes chansons et musiques, thèmes abordés d’actualité, beaux éclairages au second acte

Les moins bons coups: scénographie trop conventionnelle pour ce genre, distribution inégale (très belles voix dans rôles principaux, moins bonnes pour d’autres), un peu statique pour certains numéros

Mis en scène par Coralie Heiler et Sylvain Millette, les chorégraphies sont de Coralie Heiler et Claire Moreau. La direction musicale est assurée par Marc Deslandes.  Les chapeaux de fleurs sont créés par Nicole Heiler, Isabelle Boudreau, Vikki Walker et les décors par Jean Claude Olivier.
Avec Coralie Heiler (Daisy), Dave Handelman (Dandelion), Célyne Lavigne (Aunt Dee), John Sawaya (Sir Pent), Sylvain Millette (Mayor Megamore), David Williams (Tree), Julie Buron, Rodrigo Monardes, Rémi Landreville, Mira Choquette, Vikki Walker, Julia Lemire, Maryse Hamel, Milva Franzini, Florence Dubois, Keven Sonesaksith-Keohavong, Stéphanie Clement.

Présenté en anglais au théâtre Beaubois (stationnement gratuit), 4901 rue du Collège Beaubois, Pierrefonds (près de l’autoroute 13 et boulevard Gouin).
Les 19 et 20 avril 2013 à 20h et matinée à 15h le 20 avril. Billets 25$ (18$ enfants moins de 12 ans) au 514-685-5093 ou en ligne au http://www.productionscoracole.com

Photos: Daniel Ouimet