Mère Sainte-Anne-Marie a accompli sa destinée vêtue d’une robe noire et austère mais il ne faudrait pas se laisser berner par les apparences. Née en 1861 à Saint-Paul-d’Abbotsford en Montérégie, Marie-Aveline Bengle est une femme lumineuse, brillante et libre d’esprit qui a eu la chance d’avoir une famille pour laquelle l’éducation avait de l’importance et qui lui permettra de vivre une vie de femme plus grande que nature. Nous parlons d’une femme équilibrée et heureuse, appelée à la vocation par désir de faire évoluer la société québécoise en la sortant de l’ignorance et en s’attardant plus particulièrement au sort des femmes. Peut-être méconnue du grand public, elle demeure toutefois une des figures importantes dans l’histoire de l’enseignement au Québec et fût une alliée de taille pour les féministes de l’époque.
Respectée, voire glorifiée, par la classe politique avec qui elle n’avait aucun mal à se lier d’amitié, c’est par son intelligence fine, son assurance et son influence qu’elle a réussi à rencontrer les plus grands pour obtenir le soutien et les investissements nécessaires à faire avancer la mission qu’elle s’était donnée. Entre ministres et politiciens, pape et grands ecclésiastes, que l’on sait être parties prenantes du patriarcat, elle s’affiche tout de même comme étant proche du mouvement féministe et surtout une amie intime de Marie Gérin-Lajoie, féministe déterminée que l’on connaît mieux.
Le retour sur la vie de Mère Sainte-Anne-Marie que Claude Gravel nous livre est issu d’une recherche passionnée de son auteur. Son sujet l’a visiblement habité et il en résulte une biographie digne des personnalités les plus connues de ce monde. L’accumulation de détails sur la vie de cette femme méconnue peut dérouter légèrement le lecteur si celui-ci en est à son premier contact mais permet de faire un tableau très précis de la société du Québec de la fin des années 1800. Une femme de sa valeur et l’accomplissement de son but doivent être conservés dans nos mémoires car nous vivons aujourd’hui la vie qu’elle a ébauchée pour nous.
Claude Gravel, journaliste de carrière, a été directeur de l’information à La Presse durant les années 1980 puis éditeur adjoint et rédacteur en chef au quotidien Le Soleil de Québec. Au milieu des années 1990, il est devenu secrétaire de rédaction à la télévision de la Société Radio-Canada, au Réseau de l’information et au Téléjournal. Il a quitté ses fonctions en 2008 pour se consacrer à l’écriture et a publié, en 2010, La vie dans les communautés religieuses (Éditions Libre Expression)
La féministe en robe noire – Claude Gravel
Biographie
Maison d’édition : Libre Expression
Parution : Mars 2013
224 pages (dont 2 sections de photos d’époque sur papier glacé)
Prix suggéré : 32.95$
Acheter sur Rue des Libraires
