Léopold L. Foulem Singularités : du 16 mai 2013 au 5 janvier 2014

 

Singularités
Singularités

Le Musée national des beaux-arts du Québec présente la première rétrospective d’envergure consacrée à Léopold L. Foulem. Ce céramiste québécois d’origine néo-brunswickoise de renommée internationale compte quelque 50 expositions solos à son actif, et sa carrière en est à sa cinquième décennie.

Le public est invité à découvrir un univers foisonnant, où la céramique conceptuelle cohabite avec des pièces débridées, intégrant divers objets trouvés, aussi bien qu’avec une production de sculptures en bronze. Des œuvres percutantes, qui s’attaquent aux stéréotypes, aux travestissements de l’histoire et aux jugements de valeur conditionnés par la hiérarchie des genres artistiques.

L’exposition Léopold L. Foulem. Singularités est accompagnée d’une publication comprenant des essais de Paul Bourassa, directeur des collections et de la recherche au MNBAQ, et de Jorunn Veiteberg, professeur à l’Academy of Art and Design de Bergen (Norvège), précédés d’une introduction de Garth Clark (Santa Fe, États-Unis), auteur de plus de 60 ouvrages sur la céramique moderne et contemporaine.

L’EXPOSITION

SINGULARITÉS

Fort d’une carrière de plus de 40 ans ponctuée par une cinquantaine d’expositions solos, Léopold L. Foulem est sans doute le céramiste canadien le plus renommé sur la scène internationale. Son œuvre est une déclaration solennelle en faveur de la céramique comme forme artistique à part entière. Ses créations sont des objets signifiants qu’il faut apprécier non pas tant sur le plan matériel que sur celui des idées mises de l’avant, même dans les cas où opère le charme piégeur de la beauté.

Pièces polychromes et funk des débuts, objets kitsch et provocateurs, céramiques montées tels des trésors princiers, bibelots aux messages sexuels à double sens ou, au contraire, sans équivoque sont autant de singularités qui réitèrent une même affirmation : la céramique est une discipline qui a son histoire et son propre vocabulaire; elle permet de contester les stéréotypes qui affligent le monde de l’art, à l’image de ceux qui marginalisent l’homosexualité.

DE L’USAGE DU CONCEPT

Depuis les années 1980, Léopold L. Foulem s’intéresse au potentiel conceptuel de la céramique, à un passage de l’usage vers l’intellect, à la transformation de l’objet en image. Pour ce faire, il travaille les formes négatives, les contenants sans paroi, les vides solidifiés et les surfaces qui se jouent de la troisième dimension.

On reconnaît une théière par son simple contour découpé en négatif, un service à café par ses formes à claire-voie, des tasses par leurs plans déconstruits. Des vases monochromes sont des abstractions, d’autres des « images de vases » recouvertes d’un décor à la façon de tableaux tachistes. Des tasses tarabiscotées naissent de l’assemblage d’objets rapportés. Des céramiques noires, fantômes d’objets disparus, sont montées, à la manière de porcelaines du xviiiesiècle, dans des armatures métalliques trouvées dans des brocantes. Enfin, des formes, également noires, offrent, comme les silhouettes qu’elles évoquent, des images pauvres mais exactes, des profils simples mais objectivement fidèles de formes céramiques stéréotypées.

L’HISTOIRE À L’ŒUVRE

Le matériau premier de Foulem n’est pas tant l’argile que l’histoire de la céramique. C’est en revisitant et en travestissant plusieurs genres et de nombreuses formes emblématiques que l’artiste place la céramique sur le piédestal de la tradition, mais avec cette touche éminemment contemporaine qui en déstabilise les bases.

Le rhyton, un récipient à libations sans pied souvent zoomorphe à l’époque de la Grèce classique, devient, chez Foulem, un pénis aux couleurs lustrées porté par un bois flotté ou un objet trouvé en plastique. Quant à l’Hommage à Palissy, il renvoie aux plats ornés d’animaux aquatiques moulés d’après nature qui ont fait la renommée du potier français du xviiie siècle.

Plusieurs traditions de la céramique orientale se retrouvent dans le travail de Foulem : les trois couleurs dites sancai de la céramique Tang, les « bleu et blanc » de la dynastie Ming, les diverses « familles » d’émaux colorés (selon l’appellation française du xixe siècle) de la porcelaine d’exportation de la période Qing ou les imari du Japon. De même, les terracottas montées sur un socle de granit noir ou les figures blanches produites à Meissen font partie du vaste bassin historique où Foulem puise allègrement.

DISCOURS SUR LA MATIÈRE

La céramique a longtemps été et demeure aujourd’hui soumise à la tyrannie des matériaux. Matter Doesn’t Matter, déclarait Léopold L. Foulem en 1982 dans le titre d’une de ses expositions où il présentait des céramiques en forme de racines inversées, fragiles architectures au bord de l’effondrement et faussement ennoblies par leur lustre doré. Auparavant, ses gâteries étagées (les Towering Treats), émaillées avec des glaçures commerciales de couleurs vives et affublées d’une multitude de matériaux ou d’objets rapportés totalement discordants, affirmaient également que ce ne sont pas les matériaux qui forment la matière d’une œuvre, mais plutôt les idées.

L’artiste s’est permis quelques incursions dans l’univers de la sculpture traditionnelle. Ses petites figures travaillées à la cire perdue sont comme un miroir de sa pratique céramique : des « bronzes au sujet d’autres bronzes » (à l’instar de ses théières à propos de théières). Après tout, s’il s’agissait de céramiques, on parlerait de figurines ou de bibelots! De même, une nature morte en bronze peint déjoue le regard, entraînant ce qui est de l’ordre du pictural du côté de la sculpture, à l’inverse de la céramique qui se transforme en image. Des figurines de pacotille se voient également gratifiées de têtes expressives en bronze, confrontant le trouvé et le « fait main », la culture populaire et la culture d’élite, le mauvais et le bon goût.

À CONTRE-COURANT

Léopold L. Foulem a toujours suivi sa propre voie, souvent à contre-courant du discours dominant. Ses objets jouent de la provocation en attaquant de front les stéréotypes liés tant à la céramique qu’à l’homosexualité. Les trônes et les couronnes pour reines des pédales des années 1970 ont, en ce sens, ouvert le chemin. Les pièces montées sur des armatures métalliques, celles des années 1990 comportant des images et des mots à double sens et celles, plus récentes, qui détournent les décalcomanies de leur fonction habituelle sont également des plaidoyers qui remettent en question la légitimité et le sérieux des hiérarchies sociales et culturelles. Les figures populaires du père Noël et du colonel Sanders, de même que celle du Blue Boy du célèbre tableau de Thomas Gainsborough, sont autant d’acteurs d’une comédie de mœurs où l’histoire de la céramique est, de nouveau, en fond de scène, avec la poterie nazca, la tradition des Blackamoors (Maures affublés de lèvres rouges) ou les figurines de Meissen montées et entourées de fleurs de Vincennes.

BIOGRAPHIE

Né en 1945 à Caraquet au Nouveau-Brunswick, Léopold L. Foulem détient une maîtrise en arts plastiques de l’université de l’État de l’Indiana. À titre de conférencier et d’auteur, il est reconnu pour ses prises de position quant à l’importance d’un discours propre à la discipline. Expert reconnu de la céramique de Pablo Picasso, il a été en 2004 co-commissaire de l’exposition Picasso et la céramique, coorganisée par le Musée national des beaux-arts du Québec. Il a obtenu le Prix national Jean A. Chalmers de métiers d’art en 1999 et a été récipiendaire en 2001 du Prix Saidye-Bronfman, soulignant l’excellence en métiers d’art (aujourd’hui un des prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques). En 2003, il a reçu le Prix Éloizes – Artiste de l’année en arts visuels en Acadie. Il partage son temps entre ses ateliers de Montréal et de Caraquet. Ses œuvres se retrouvent dans plusieurs collections prestigieuses, dont le Victoria & Albert Museum de Londres et le Los Angeles County Museum, et figurent lors d’expositions d’envergure internationale.

LES CRÉDITS

L’exposition Léopold L. Foulem. Singularités a été conçue et produite par le Musée national des beaux-arts du Québec et a été rendue possible grâce au soutien du programme d’Aide aux musées et aux galeries d’art du Conseil des arts du Canada.

Commissariat :   Paul Bourassa, directeur des collections et de la recherche, MNBAQ
Scénographie :   Jean Hazel, MNBAQ
Graphisme : Nathalie Racicot

Le Musée national des beaux-arts du Québec est une société d’État subventionnée par le ministère de la Culture et des Communications du Québec.

LA PUBLICATION

Cet ouvrage de 128 pages offre une première vue d’ensemble de la carrière de Léopold L. Foulem, le céramiste québécois le plus connu sur la scène internationale. Depuis plus de 40 ans, Foulem revisite l’histoire de la céramique dans une production exceptionnelle, suivant une démarche rigoureuse et sans compromis, qui fait cependant une large place à l’humour et à la provocation. Ce livre, qui présente plusieurs œuvres majeures de l’artiste (78 illustrations), explore les caractéristiques essentielles de sa pratique, dont la notion de stéréotype, le recours à l’assemblage et à la récupération ou encore la transformation de l’objet en concept. Il comprend notamment des essais de Paul Bourassa, directeur des collections et de la recherche au MNBAQ, et de Jorunn Veiteberg, professeur à l’Academy of Art and Design de Bergen (Norvège), précédés d’une introduction de Garth Clark (Santa Fe, USA), auteur de plus de 60 ouvrages sur la céramique moderne et contemporaine. Ce livre est offert à la Boutique du Musée au coût de 29,95 $.

RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX

Heures d’ouverture du Musée
Jusqu’au 31 mai 2013 et du 3 septembre 2013 au 31 mai 2014
Du mardi au dimanche, de 10 h à 17 h, et les mercredis jusqu’à 21 h. Fermé les lundis

Du 1er juin au 2 septembre 2013
Tous les jours, de 10 h à 18 h, et le mercredi jusqu’à 21 h

Droits d’entrée
Adultes : 15 $  §  Aînés : 12 $  §  Étudiants : 7 $ (moins de 30 ans)  §  Jeunes de 12 à 17 ans : 4 $  § Abonnés-Amis et jeunes de moins de 12 ans : gratuit

Pour nous joindre
418 643-2150 ou 1 866 220-2150 / www.mnba.qc.ca